Il était l’ombre de Zinédine Zidane, celui avec qui il avait l’habitude d’échanger et sur lequel il s’appuyait aussi pour gérer au mieux son groupe. Si le champion du monde 1998 prenait toute la lumière, David Bettoni en profitait indirectement, sans jamais s’exposer.

Leur relation remonte à loin, à leurs années communes à l’AS Cannes au début des années 1990, et ne s’est jamais rompue depuis. David Bettoni a toujours suivi Zinédine Zidane, notamment en Italie où il se contenta d’écumer les clubs de la région turinoise pendant que son ami s’illustrait avec la prestigieuse Juventus Turin.

Un savant équilibre entre plaisir et travail

Leur lien si fort amena les deux hommes à unir leurs forces en 2014. Quand l’ancien meneur de jeu de l’équipe de France se lance dans sa carrière d’entraîneur, le natif de Saint-Priest se glisse dans le rôle d’adjoint. D’abord à la Castilla, l’équipe réserve du Real Madrid (2014-2016), puis sur le banc merengue entre 2016 et 2018, puis entre 2019 et 2021. Si l’histoire retient le triplé européen réalisé par la Maison Blanche, elle ne dit rien de sa genèse. “Lorsque nous avons pris les rênes de l'équipe, Zizou a constaté que le groupe n'était pas en bonne forme physique et nous avons commencé à leur faire faire des courses continues. 15, 30, 45 minutes avec Cristiano, avec Marcelo... et ils l'ont fait”, a dévoilé David Bettoni lors d’un entretien accordé à El Chiringuito.

Le mérite de Zinédine Zidane et de son staff aura été de convaincre les stars de l’effectif madrilène de se plier à leur discipline. “Si vous ne le faites que tous les trois mois, vous le perdez, mais il y a une façon de faire travailler le joueur, de tirer le meilleur de lui sans trop le pousser”, a-t-il expliqué. Et à ce jeu, le mythique n°5 du Real Madrid avait sa méthode. “Il me disait : ‘Tu vas préparer les entraînements, tu vas me les montrer et je te dirai si je les aime, s'il faut les changer... mais je te demande une chose, que le joueur vienne le lendemain avec le sourire et l’envie.’ Il voulait que les tâches soient du travail, mais qu'ils y prennent plaisir. Zizou disait souvent de sourire, de prendre du plaisir, de profiter. Qu’un jour, ça allait s’arrêter”, a-t-il raconté au média espagnol.

Calme et bienveillance

Là encore, la personnalité de Zinédine Zidane a fait la différence. En plus du plaisir, il a diffusé dans le vestiaire madrilène son calme et sa tranquillité. “Si un entraîneur est très nerveux et pousse le joueur à bout, ce dernier le ressent. Inutile d'utiliser le fouet pour que les joueurs vous obéissent. Si vous y avez recours systématiquement, il finira par manquer de clarté mentale”, a suggéré David Bettoni. De même, l’essentiel de son travail a été valoriser ses joueurs, notamment lors des séances vidéo. “On mettait 3/4 de choses positives et 1/4 de choses négatives. La vidéo ne devait pas être trop dense. C’était peut-être plus facile de parler tactique et football avec Kroos. Isco, plus créatif, avait besoin de plus d’espace, il ne fallait pas le mettre sous pression”, a-t-il ajouté.

Jeu, bienveillance et intelligence relationnelle, mais sans jamais déroger sur l’exigence et surtout l’excellence. Voilà la recette appliquée avec brio par Zinédine Zidane et David Bettoni dans la capitale espagnole. Une méthode que pourrait prochainement découvrir et éprouver l’équipe de France si le héros du Stade de France prenait bien la succession de Didier Deschamps en juillet prochain.