Football : Les manœuvres de l’Argentine pour obtenir Lionel Messi
Invité du Olé Summit 2025, l’ancien sélectionneur de l’Albiceleste José Pekerman a dévoilé comment il s’était débrouillé pour faire en sorte que le natif de Rosario défende les couleurs de son pays natal plutôt que celles de son pays d’adoption, l’Espagne.
La question ne se pose plus aujourd’hui tant la réponse paraît évidente. Champion du monde avec l’Argentine en 2022 mais aussi lauréat des deux dernières Copa América (2021 et 2024), Lionel Messi est indissociable de l’Albiceleste dont il est le fier capitaine. Le 11 juin prochain, sauf si ses sensations lui commandent de renoncer, il sera encore là pour mener le collectif argentin sur les pelouses des États-Unis, du Canada et du Mexique à l’occasion de sa sixième Coupe du monde personnelle, un record qu’il partagera avec Cristiano Ronaldo.
Pourtant, cette histoire d’amour entre celui qu’on surnomme “La Pulga” et son pays natal aurait pu ne jamais s’écrire en raison de la trajectoire de vie de Lionel Messi. Enfant immensément talentueux, il rencontre des problèmes de croissance qui l’obligent à suivre un traitement hormonal. Le coût de ce dernier le conduit en Espagne, où le FC Barcelone accepte de le prendre en charge. Il n’a ainsi que 13 ans quand il débarque en Catalogne en janvier 2000, un lieu qu’il ne quittera plus avant 2021.
C’est donc en Espagne qu’il grandit et construit sa personnalité. Là aussi qu’il poursuit sa progression footballistique en évoluant dans les catégories de jeunes de la Roja. “En Espagne, nous avions des informations sur Leo Messi grâce à un tournoi des moins de 17 ans en Finlande où il avait joué pour l'Espagne. Le staff technique espagnol nous a dit que si nous avions eu ce gamin, nous aurions gagné”, s’est souvenu José Pékerman lors du récent Olé Summit 2025.
“C’est alors que l’opération a commencé”
À l’époque, le technicien argentin dirige l’équipe des moins de 20 ans de l’Albiceleste, avec qui il remporte trois titres de champion du monde de la catégorie (1995, 1997 et 2001) et perçoit le potentiel de ce jeune joueur originaire de Rosario exilé en Europe. Il entreprit alors de tout faire pour le rapatrier sous les couleurs argentines. “J'ai dit à (Hugo) Tocalli (son adjoint) que j'étais impressionné, qu'il était le joueur de l'avenir. Je ne pouvais pas me tromper, il était le nouveau visage du football argentin, une véritable bénédiction”, a-t-il expliqué.
Si bon l’adolescent était-il, son adjoint manque de s’étouffer. “Tocalli m'a dit que l'équipe était prête pour le Championnat d'Amérique du Sud des moins de 20 ans, qui commençait dans un mois. 'Comment peux-tu me dire qu'il y a un gamin maintenant ?'”, a poursuivi José Pékerman. En bon stratège, ce dernier rassure Hugo Tocalli et lui dévoile son plan. “Je lui ai répondu que je ne voulais pas qu'il joue, sauf en cas de nécessité, juste pour un match amical, signer la feuille de match et l'envoyer à la FIFA. Et puis c'était tout, plus jamais l'Espagne. J'ai parlé au président, je lui ai dit que je voulais venir, qu'il fallait envoyer l'invitation à Barcelone (…) Nous étions soumis à la règle de la FIFA selon laquelle un joueur évoluant dans une équipe de jeunes ne pouvait pas jouer pour une autre équipe nationale. Les documents étaient prêts pour que Messi, alors âgé de 18 ans, participe à la Coupe du monde des moins de 20 ans avec l'Espagne. C'est alors que l'opération a commencé”, a-t-il narré.
L’urgence de la situation l’amène à solliciter l’intervention du président de la fédération argentine de football de l’époque. “J'ai dit à Don Julio (Grondona) de chercher n'importe quel adversaire, que Tocalli en était conscient, mais à une condition : que le match ait lieu à Argentinos. Si Diego avait joué là-bas...”, a-t-il continué. Le dirigeant sud-américain convainc le Paraguay, qui se fit étriller 8 à 0 ce 29 juin 2004. S’il demeure remplaçant lors de la compétition qui suit, Lionel Messi a adopté le maillot avec lequel il écrirait sa légende, devenant le successeur de Diego Maradona. Fier de son coup, José Pékerman eut l’honneur de lui offrir sa première sélection le 17 août 2005 alors qu’il avait pris en main l’Albiceleste après le sacre olympique des jeunes argentins en 2004. Le reste appartient à l’histoire. Une histoire hors norme à la dimension d’un joueur entré dans le débat du meilleur joueur de tous les temps.








