Serie A : L'AC Milan veut s'inspirer de la Premier League
Invité du podcast américain 'The Varsity', le propriétaire états-unien du club rossonero a expliqué combien il était complexe de diriger une telle institution.
Sa parole est rare sous nos latitudes et d’autant plus intéressante à analyser. Pendant que l’AC Milan réalise un excellent début de saison sous les ordres de Massimiliano Allegri, Gerry Cardinale s’est confié au podcast américain 'The Varsity'. Propriétaire du club lombard à travers le fonds d’investissement RedBird Capital Partners, l’homme d’affaires italo-américain originaire de Pennsylvanie a estimé que son activité dans le football dépassait de loin tout ce qu’il avait pu connaître jusqu’à présent. "À quoi ça ressemble d'être propriétaire d'une équipe comme l'AC Milan ? C'est la chose la plus difficile que j'aie jamais faite. C'est un défi, car l'écosystème dans lequel j'évolue est très réfractaire au changement", a-t-il reconnu.
L’obsession anglaise
Une tâche d’autant plus difficile qu’elle se heurte à la défiance des supporters rossoneri, mais aussi exaltante. Depuis trois ans, il s’est appuyé sur les conseils de Zlatan Ibrahimovic pour comprendre les rouages du football et du haut niveau afin de structurer au mieux le club dans une optique claire : rivaliser avec les plus grandes organisations du Vieux continent. "En trois ans de propriété sous le nom de RedBird, nous affichons un cash-flow positif pour la première fois en 17 ans. Et je ne garde pas cet argent pour moi ; je le réinvestis dans l'équipe. Nous avons dépensé plus que toute autre équipe de Serie A lors du dernier mercato estival. Nous construisons un nouveau stade. Non pas pour empocher de l'argent, mais pour transformer le profil financier de l'AC Milan et l'amener au niveau des équipes de Premier League", a exposé Gerry Cardinale à 'The Varsity'.
La Premier League est ainsi une obsession pour l’homme d’affaires. "Pour nous, la véritable concurrence n'est pas les 19 autres équipes de Serie A, mais la Premier League. C'est un gouffre économique qui draine les richesses du continent. Leurs revenus télévisuels sont presque quatre fois supérieurs à ceux des autres championnats européens, et c'est un problème. Pourtant, en Serie A, la dernière équipe peut battre la première n'importe quel jour. C'est le championnat le plus compétitif, mais nous ne sommes pas rémunérés pour cela. Nous ne pouvons pas conclure d'accords importants pour les droits internationaux. Pourquoi ? Parce que les distributeurs ne veulent que le meilleur, d'où le phénomène de la Super League. Aux États-Unis, personne ne veut voir Cagliari-Lecce, et c'est un problème. La compétition est l'essence même du sport, mais elle n'est pas récompensée financièrement", a-t-il diagnostiqué.
L’exemple de Berlusconi
Un fossé qui va se creuser dans les années à venir en raison du nouveau contrat de diffusion signé par l’élite anglaise, estimé à près de 8 milliards d’euros pour les quatre prochaines saisons. Une manne faramineuse responsable des dépenses somptuaires consenties par les clubs britanniques l’été dernier.
Pour lutter contre ce phénomène et se rapprocher, Gerry Cardinale veut "innover, comme Berlusconi ou Steinbrenner (le propriétaire historique des Yankees de New York, ndlr) l'ont fait à leur époque." Un discours séduisant mais qui se heurte à la réalité. "Sauf qu'aujourd'hui, on ne peut plus faire comme avant : tout est trop cher, il y a les fonds souverains, les milliardaires. Il faut trouver une autre solution. Il y a une inertie dans le sport : on pense que plus on dépense, plus on gagne. Mais ce n'est pas aussi linéaire. Nous avons aussi besoin d'équipes sur les petits marchés pour prospérer. C'est le concept que je traite en Serie A, et c'est le même qui a conduit au fossé entre la Premier League et le reste du continent. C'est là que la situation devient problématique. Et ce qui va se passer, à mon avis, c'est que nous devrons nous autoréguler. Nous devrons changer le paradigme économique pour que chaque acteur de l'écosystème puisse subvenir à ses besoins. L'essentiel, c'est de pouvoir se payer", a-t-il défendu.
En attendant de parvenir à révolutionner le football italien et européen, Gerry Cardinale avance ses pions méticuleusement et sera déjà bien satisfait de voir l’AC Milan réussir une belle saison, avec si possible au bout le premier Scudetto de l’ère RedBird Capital Partners, ce qui serait de nature aussi à peut-être amadouer un environnement retord.









