Football : Les joueurs menacent la FIFA d’une grève
Alors que le nombre de matchs disputés explosent, les joueurs ont adressé une lettre aux dirigeants du football mondial pour expliquer leur mal-être face à cette fuite en avant, sous peine de se mettre en grève.
Le spectacle doit continuer. A condition qu’il y ait encore des artistes pour l’assurer. Il se pourrait bien que le football ait atteint une limite au-delà de laquelle il se retrouvera en péril. En effet, un mal-être couve dans les vestiaires et les joueurs ont décidé de le faire savoir.
Alors que l’UEFA va inaugurer sa nouvelle formule de la Ligue des Champions la saison prochaine, avec 36 équipes au lieu de 32 et un nombre de rencontres revues à la hausse, sans oublier l’instauration de la nouvelle Coupe du monde des clubs de la FIFA avec 32 équipes concernées à l’été 2025, la Professional Footballers’ Association (PFA) a adressé un courrier à l’instance mondiale pour lui faire part de ses préoccupations quant à cette tendance haussière. Dans cette missive, elle prévient que les joueurs sont pour beaucoup en grande souffrance, tant physique que psychique, et que si rien ne changeait une grève pourrait être décidée afin d’obtenir les ajustements nécessaires pour préserver leur santé. "Ce n'est même pas le syndicat qui l'a dit, mais Jurgen Klopp et Pep Guardiola. Nous sommes arrivés à un point où nous ne pouvons pas ignorer la moindre action", explique-t-on quand un joueur estime que certes "je suis millionnaire, mais je n'ai même pas le temps de dépenser mon argent." L’ancien manager de Liverpool s’était récemment insurgé face au rythme infernal imposé aux joueurs, le jugeant tout simplement "criminel".
"Nous sommes en danger"
Ce mois-ci, la Fifpro et l’association des ligues mondiales s’étaient déjà adressées à la FIFA et plus particulièrement à son président Gianni Infantino et son secrétaire général Mattias Grafstorm, pour signifier que l’organisation de la future Coupe du monde des clubs serait susceptible de mettre en péril les championnats nationaux, par des contraintes d’adaptation trop grandes, et surtout "la santé et le bien-être des joueurs", soumis à une nouvelle charge de travail.
"Il y a urgence, nous sommes en danger. Les joueurs sont allés au-delà de la limite et le calendrier international est plein à craquer", avertit David Terrier, président de la branche Europe de la Fifpro. Le syndicat appuie ses dires sur une étude prouvant que cette saison, plus de 50 % des joueurs interrogés ont joué alors même qu’ils étaient blessés.
Infantino se défausse
Faisant fin de non-recevoir, Infantino a argué que la FIFA n’organisait qu’environ 1 % des matchs de clubs à travers le monde, et qu’elle finançait le football mondial. Une façon de se dédouaner et de se cacher derrière une mission "messianique" de développement du football plutôt que d’essayer de comprendre une situation qui tend à se dégrader. "Certains des changements apportés au calendrier en Angleterre ont été imposés par la FIFA et l’UEFA. Ce qui s'est passé confirme encore davantage qu'il faut faire quelque chose, mais aussi que cela n'affecte pas seulement les joueurs de haut niveau. Nous avons envoyé une lettre, nous avons reçu une réponse, mais malheureusement le temps joue contre nous", rapporte Maheta Molango, directeur de la PFA, qui sonde les joueurs pour savoir jusqu’où ils seraient prêts à aller pour défendre leurs droits.
Témoin des nouveaux standards, la BBC a comparé les temps de jeu de Jude Bellingham, David Beckham et Frank Lampard à 20 ans. Le milieu anglais du Real Madrid a déjà disputé 18.486 minutes dans sa jeune carrière, quand la légende de Manchester United en était à 3.929 et celle de Chelsea 6.987. Pour mémoire, en 2021, Pedri avait joué 73 matchs et en avait subi les conséquences ensuite, enchaînant les blessures avec le FC Barcelone. Un point de non-retour semble donc approcher et face à des instances qui font la sourde oreille, les joueurs risquent de changer de ton et de refuser d’enfiler les crampons.









