Les supporters blaugranas en rêvaient. Quand, le 5 novembre 2021, Xavi a été intronisé entraîneur du FC Barcelone à la place de Ronald Koeman, un espoir est né de voir le club catalan en finir avec ses errances et renouer avec l’esprit de l’ère Guardiola. Plus que quiconque, l’ancien milieu de terrain a incarné cette philosophie basée sur les passes courtes, les changements de rythme et un contrôle presque total de la rencontre.

Une exigence qui s’est effritée

S’il n’a pas fait de miracle lors de cette première saison tronquée, Xavi s’est attelé à poser les bases de son projet sportif. "J'ai commencé ma carrière d'entraîneur au Barça avec des exigences élevées envers les joueurs et le club, car ce dernier sortait d'une période où les exigences étaient moindres", a-t-il introduit lors d'une conférence sur le leadership à l’Université ESIC. Ce changement a rapidement produit ses effets ; dès l’exercice suivant, son premier complet. En effet, au printemps 2023, son équipe mit fin à quatre ans de disette en Liga en remportant le 27e titre de champion d’Espagne de l’histoire du club.

On pensait alors le FC Barcelone reparti dans un cycle vertueux, mais ce sacre a été le début de la fin et l’entraîneur catalan en convient à présent. "Mon erreur a été de ne maintenir ces standards élevés que pendant un an, de mon arrivée à ce que nous gagnions La Liga, la Supercoupe... Plus tard, j'ai pu être autocritique et je me suis dit : 'Bon sang, qu'est-ce qui m'est arrivé ?' J'avais revu mes standards à la baisse et les joueurs n'avaient plus la même attitude, le même respect, le même engagement. Le niveau n'a cessé de baisser jusqu'à ce que, lors de ma dernière saison, nous ne gagnions rien", a-t-il exposé. Moins exigeant avec son équipe au quotidien, celle-ci s’est délitée et son crédit, lui, s’est amenuisé.

Une autocritique salvatrice

Un relâchement coupable mais logique au regard de l’usure qui a peu à peu gagné l’esprit de Xavi. Ce n’est ainsi pas un hasard s’il avait assuré très tôt en 2024 qu’il quitterait ses fonctions à la fin de la saison. Une décision qui avait servi d’électrochoc et sur laquelle il avait décidé de revenir acceptant de prolonger son contrat en avril avant de finalement être poussé vers la sortie par Joan Laporta le 24 mai. Une fin d’histoire chaotique entre un club et une de ses plus éminentes légendes. S’il regrette sûrement de ne pas avoir su maintenir son groupe dans le bon état d’esprit ni trouvé les ressources pour mieux faire, Xavi estime avoir grandi sur le banc blaugrana. "J'ai beaucoup appris de cette expérience. J'ai dû faire preuve d'autocritique", a-t-il admis.

Marqué par son échec barcelonais, le champion du monde 2010 avait refusé d’enchaîner et s’était octroyé une pause nécessaire pour recharger ses batteries, faire le point et tirer les conclusions de cette aventure émotionnellement intense. Aujourd’hui, à 45 ans, il apparaît en paix avec son discours et ses méthodes, conscient de ses erreurs passées. Une étape cruciale pour envisager la suite sereinement et se réinventer sur un autre banc.