Ballon d’Or : L’homme derrière la transformation d’Ousmane Dembélé
Si Luis Enrique a su lui offrir un nouveau rôle plus axial, l’international français a pu l’assumer grâce à une condition physique rendue optimale par le travail effectué par Jean-Baptiste Duault.
Longtemps, Ousmane Dembélé a été associé à un talent fragile. Dribbleur aux appuis électriques et aux feintes dévastatrices, ce cauchemar des défenseurs avait tendance à fréquenter trop souvent l’infirmerie, son corps le rappelant régulièrement à l’ordre. Aussi, entre 2017 et 2021, ces nombreux pépins musculaires l’ont privé de 116 matchs. Si des erreurs ont été commises, notamment lors de son passage au FC Barcelone où la gestion de son intégrité physique a été défaillante, ses blessures ont révélé des faiblesses.
C’est pour les corriger et renforcer son corps que l’ancien Rennais a engagé Jean-Baptiste Duault en 2020. Avant de travailler avec Ousmane Dembélé, le préparateur physique était étranger au milieu du football, mettant son savoir-faire au service des athlètes de l’équipe de France d’athlétisme comme Jimmy Vicaut ou Pierre-Ambroise Bosse. "Notre intention, c’est d’habituer le corps, en semaine, à faire des courses à haute intensité. En faisant parallèlement un travail spécifique sur les ischios et les stabilisateurs du bassin (…) C’est ce travail-là hebdomadaire intense qui prépare le corps. Et non le repos", présente-t-il dans un entretien accordé à L’Équipe et où il revient sur la genèse de leur collaboration.
Une semaine balisée
Jean-Baptiste Duault met alors en place un programme individualisé que le joueur doit suivre en plus des séances collectives avec le FC Barcelone puis le Paris Saint-Germain. "Au-delà de ce qui est fait avec le collectif, on décompose le travail à travers plusieurs séances spécifiques dans la semaine. Il y a une séance jambes. Une deuxième, prévention des blessures avec un travail musculaire spécifique. Une séance gainage, une autre explosivité-puissance-vitesse. Et enfin, un travail où on bosse la souplesse, l’élasticité. Et bien entendu, il y a, par ailleurs, plein d’habitudes qu’il a prises notamment dans la pré-activation. Nous avons au Campus une salle chaude où Ousmane peut faire du vélo pour monter en température à la fois d’un point de vue cardio et musculaire. Il le fait avant chaque séance", détaille le préparateur physique.
Une discipline certaine dont Ousmane Dembélé ne s’est jamais plaint. Bien au contraire. "Mentalement, Ousmane est injouable. Injouable vraiment. Nous travaillons ensemble depuis cinq ans, je n’ai jamais vu Ousmane baisser les bras. Je n’ai jamais perçu de doute chez lui", affirme-t-il au quotidien sportif français avant de démolir l’image d’un joueur dilettante. "Elle est fausse. Je trouve même ça injuste. C’est un gros bosseur", le défend-il.
Une blessure inévitable
Un gros bosseur qui, à 28 ans, a atteint une forme de maturité dans la gestion de son corps, son outil de travail. "Il le connaît très bien. Il sait doser. Il sait quand il faut avancer ou au contraire ralentir. Ce qui est hyper intéressant, c’est l’échange, la communication : il nous fait des feedbacks très précis. Tous les grands joueurs savent où ils en sont, savent mesurer leurs sensations. Ousmane en fait partie", dit-il encore au sujet de son protégé, devenu le premier défenseur du Paris Saint-Germain par son pressing incessant.
Une sensibilité qui ne l’a pas empêché de se blesser sérieusement à la cuisse début septembre avec l’équipe de France. Une blessure inévitable selon Jean-Baptiste Duault au regard des circonstances. "La NBA, la NFL ont trois mois de coupure complète. Nous, on a eu quinze jours. On n’a pas eu de préparation ou presque (…) La réponse est simple…", s’exaspère le préparateur physique, par ailleurs rassurant sur l’évolution de la récupération de l’attaquant de 28 ans. Ce dernier a encore plusieurs semaines de travail qui l’attendent avant de pouvoir retrouver les terrains et la compétition. Une pause imposée mais bienvenue pour permettre au corps, mais aussi à la tête, de souffler. Une pause aussi utile pour savourer le chemin parcouru et profiter de ce Ballon d’Or qui vient couronner leur travail commun dans l’ombre.