La Serie A se transforme-t-elle en championnat de préretraite ? La question se pose encore plus depuis cet été et les arrivées conjointes de Kevin De Bruyne et Luka Modric. Non prolongé par Manchester City, où il avait évolué les dix dernières années avec brio et tout remporté, l’international belge s’est résigné à quitter l’Angleterre. Si de nombreux clubs l’ont courtisé, il a repoussé les propositions exotiques venues du Moyen-Orient et opté pour une destination plus proche mais aussi plus compétitive : l’Italie. Se jugeant trop jeune pour partir dans un championnat moins prestigieux ou concurrentiel, le meneur de jeu de 34 ans s’est engagé avec Naples. Un joli défi puisqu’au pied du Vésuve, il aura pour mission d’aider sa nouvelle équipe à bien figurer en Ligue des champions et à réaliser le doublé sur la scène nationale, ce que les Azzurri n’ont jamais réussi dans leur histoire.

Peu après l’annonce du champion d’Italie, l’AC Milan y est allé de sa surprise en enrôlant un certain Luka Modric. Alors âgé de 39 ans (il a eu 40 ans le 8 septembre dernier, ndlr), l’international croate a lui été prié de quitter le Real Madrid, où la direction sportive avait l’intention d’amorcer un nouveau cycle impulsé par l’intronisation de Xabi Alonso. Malgré son âge, le natif de Zadar reste infatigable et a disputé plus de 70 matchs la saison passée. Le signe d’une hygiène de vie remarquable qui a convaincu les dirigeants rossoneri de lui proposer un contrat. Sextuple vainqueur de la Ligue des champions, Luka Modric s’est rapidement imposé comme un élément incontournable de l’équipe de Massimiliano Allegri et d’un groupe milanais où il apporte sa qualité technique, évidemment, mais aussi son expérience et son caractère. Un leader dans l’âme que ses partenaires suivent sans broncher.

"La classe n’a pas d’âge"

Si le Belge et le Croate ne représentent clairement plus l’avenir, leur aura est venue renforcer la Serie A, et c’est tout ce que Cesare Prandelli veut retenir plutôt que la diatribe sur le fait que le championnat italien n’attire plus que des vieux. "Ils sont les bienvenus lorsqu’il s’agit de champions au talent aussi démesuré", a cinglé l’ancien sélectionneur de l’Italie (2010-2014) dans un entretien accordé à la Gazzetta dello Sport avant d’enchaîner. "La classe n’a pas d’âge, et l’intelligence des deux joueurs est si développée qu’ils savent tous deux quand accélérer et quand se contrôler. Ils ont aussi un pied et une vision du jeu qui vous font aimer le football. Un champion, c’est celui qui décide, et Modric et De Bruyne l’ont fait et continueront de le faire."

Deux champions que Cesare Prandelli (68 ans) prendra un plaisir non dissimulé à observer dimanche prochain à l’occasion du choc de la 5e journée de Serie A entre l’AC Milan et Naples à San Siro. Une rencontre comme un bonbon qu’on savoure entre, d’un côté, une équipe en reconstruction, et de l’autre, un champion d’Italie sûr de ses forces. Une rencontre qu’il regardera loin du tumulte du football professionnel, depuis le calme de sa nouvelle vie, à une heure où ses cinq petits-enfants seront couchés et où les "vieux" ont encore le droit de s’amuser.