Après la lune de miel, Xabi Alonso a basculé dans le quotidien et avec lui sont apparues les premières tensions ayant débouché sur une première crise. Au Real Madrid plus qu’ailleurs, gagner est l’assurance d’une vie tranquille mais si vous avez le malheur d’enchaîner plusieurs matchs sans victoire, les problèmes commencent.

Pendant trois mois, l’ancien bienfaiteur du Bayer Leverkusen a enchaîné les succès grâce notamment à la formidable efficacité de Kylian Mbappé, jusqu’à celui obtenu à Santiago-Bernabéu contre le FC Barcelone (2-1). Depuis, pourtant, la mécanique madrilène s’est enrayée et le mois de novembre a vu le leader de La Liga dilapider son avance en enchaînant une défaite et deux nuls lors de ses trois derniers matchs. Une mauvaise série qui a réveillé critiques et rumeurs.

“L’entraîneur doit être protégé”

Vu comme l’artisan du renouveau merengue, Xabi Alonso apparaît contesté tant pour sa philosophie de jeu qu’une partie du vestiaire aurait du mal à comprendre et intégrer, que pour sa gestion humaine. S’il s’accommode de ce climat devenu tendu, d’autres considèrent que le procès fait au Basque est hors de propos. "L'entraîneur a besoin d'être protégé ; il ne peut pas avoir 25 conférences de presse par mois et devoir gérer à la fois les bons et les mauvais moments. Je le connais (Xabi Alonso), et c'est quelqu'un de calme qui n'aime pas se mêler à ce genre de polémiques. Dans ces situations, l'autorité du club me fait défaut. Si le club prenait la parole et disait : “Voici mon entraîneur, voici mon projet…”", s’est ému Fernando Morientes dans 'El Partidazo' sur la Cadena COPE.

Pour l’ancien attaquant du Real Madrid et de l’AS Monaco, "l'entraîneur doit être protégé, et le meilleur moyen d'y parvenir est de le défendre publiquement lors de conférences de presse comme celle-ci, comme le faisait Valdano." Selon la presse espagnole, la direction merengue aurait affirmé en privé que Xabi Alonso était bien le patron du domaine sportif. Une position qui demeure néanmoins privée et laisse ouvertes les spéculations dans une période complexe où le champion du monde 2010 a notamment dû gérer les états d’âme de Vinicius Jr.

“Je ne vois aucun signe indiquant que Xabi Alonso ait perdu le contrôle du vestiaire”

"Il serait étrange que tout se passe parfaitement dès la première année. Il faut lui laisser du temps", a de son côté commenté Pedrag Mijatovic dans l’émission El Larguero sur les antennes de la Cadena SER. Le héros de la finale de la Ligue des champions 1998, où il fut l’unique buteur merengue contre la Juventus Turin (1-0), estime néanmoins qu’il existe un problème d’autorité au Real Madrid. "Je comprendrais les exigences de Vinicius s’il marquait trois buts à chaque match, mais ce n’est pas le cas. Le Real Madrid ne peut pas permettre ce genre de choses. Si tu n’es pas heureux, il n’y aurait aucun problème ; personne ne te retient ici", a-t-il illustré.

"Chacun a sa part de responsabilité dans cette affaire et ce qui me blesserait le plus dans cette situation, c'est si une partie du vestiaire se détachait du projet, qui est en train de démarrer à plein régime", craint Fernando Morientes, conscient de la fragilité du projet sportif naissant de Xabi Alonso. Pour autant, Pedrag Mijatović ne s’inquiète pas outre mesure pour le Real Madrid. "Je ne vois aucun signe indiquant que Xabi Alonso ait perdu le contrôle du vestiaire, comme je l'avais constaté avec Ancelotti la saison dernière", a assuré le Monténégrin.

Pour éviter l’incendie et ramener la concorde dans la Maison Blanche, l’entraîneur basque serait bien avisé de faire en sorte que son équipe, bien que diminuée, s’impose à Athènes contre l’Olympiakos ce soir lors de la 5e journée de la Ligue des champions. Tout autre résultat serait en revanche une étincelle de plus pour alimenter les braises toujours fumantes de l’environnement merengue.