Longtemps, l’Italie faisait partie des "qualifiés d’office". Comme le Brésil ou l’Allemagne, elle était une habituée de la Coupe du monde, dont elle n’avait manqué qu’une seule édition en 1958. Toutefois, depuis 2018, elle ne figure plus sur la liste des invités. La Squadra Azzurra a été déclassée et n’a toujours pas réussi à se racheter.

Alors qu’elle avait la possibilité de finir en beauté, elle a échoué lamentablement. Opposée à la Norvège, elle savait la mission impossible pour doubler son adversaire du soir, car elle devait le battre par neuf buts d’écart ; néanmoins, elle pouvait espérer pouvoir laver l’affront de la déculottée reçue le 6 juin dernier (0-3), ayant précipité le départ de Luciano Spalletti et l’intronisation de Gennaro Gattuso.

Sauf qu’à Milan, dans un Giuseppe-Meazza voué à disparaître, l’Italie a creusé sa dette et a de nouveau coulé face à une rivale bien plus réaliste qu’elle. Un comble. Si Pio Esposito a allumé la flammèche d’un espoir dès la 11e minute, celle-ci a été soufflée après l’heure de jeu. Antonio Musa s’est chargé d’égaliser avant qu’Erling Haaland ne signe un doublé en moins de deux minutes et que Jorgen Stand Larsen ne donne plus d’ampleur au succès des siens dans le temps additionnel (1-4). "C'est dommage car nous avons réalisé une très bonne première mi-temps, puis une seconde en deçà de nos capacités. C'est notre plus grand regret. Le match a basculé lorsqu'ils ont immédiatement tiré au but dans les premières secondes de la seconde période, et nous nous sommes sentis un peu faibles. Nous avons manqué de distance, nous leur avons laissé de l'espace (…) Nous présentons nos excuses aux supporters pour les quatre buts encaissés. C'est un résultat difficile à accepter", a reconnu Gennaro Gattuso au micro de la Rai après la débâcle.

Maudits barrages

Un résultat d’autant plus dur à digérer que l’Italie n’est pas habituée à s’écrouler de la sorte et encore moins à domicile. Elle n’avait ainsi plus encaissé quatre buts à domicile depuis le 29 mai 1955 et la réception de la Yougoslavie (0-4). Signe de la nouvelle fragilité italienne, c’est la première fois depuis 77 ans que la Squadra Azzurra encaisse quatre buts lors de deux matchs dans une même année. En 1948, l’Angleterre était venue la tourmenter le 16 mai à Turin avec notamment un doublé de Sir Tom Finney (0-4), avant que le Danemark de John Hansen, auteur d’un quadruplé, ne l’élimine en quarts de finale des Jeux olympiques de Londres le 5 août (3-5).

"Il nous faudra absolument jouer un autre match en mars et être plus concentrés", a imploré le capitaine italien Giovanni Di Lorenzo à RaiSport. En effet, ce revers précipite à nouveau l’Italie en barrages. Une étape périlleuse qui lui avait été fatale en 2017 et 2022. Il y a huit ans, elle avait été mise à la porte par la Suède au bout d’une double confrontation où elle avait été incapable de marquer (0-1 à l’aller en Suède et 0-0 au retour en Italie). Le traumatisme avait été encore plus grand en mars 2022 puisqu’elle avait été "poignardée" par Aleksandar Trajkovski dans le temps additionnel et s’était inclinée à domicile contre la Macédoine du Nord (0-1). Deux cicatrices encore ouvertes et douloureuses auxquelles Gennaro Gattuso et ses hommes espèrent bien ne pas en ajouter une troisième, qui confirmerait amèrement que l’Italie n’est plus qu’une grande puissance du passé.