Après la galère, le bout du tunnel pour Fabio Quartararo ?
Une nouvelle fois à la peine au guidon d'une Yamaha dépassée, Fabio Quartararo va pouvoir boucler le chapitre 2025 et compter sur la nouvelle version de sa moto pour redevenir compétitif.
Fabio Quartararo réinvente la fable du verre à moitié vide ou à moitié plein. Le pilote français vient de boucler une troisième saison loin des meilleurs et sans victoire au compteur. Ça, c'est pour le verre à trois-quarts vide. Et il y a le reste, un semblant d'espoir au quel le Niçois tente bien de s'accrocher.
"El Diablo" a terminé la saison au neuvième rang du classement des pilotes, une légère progression après les 10e et 13e places des exercices précédents. La performance intrinsèque est évidemment loin des attentes placées en un ancien champion du monde MotoGP. Quartararo a fait au mieux, ou en tout cas au moins mal, avec une Yamaha YZR-M1 en concurrence pour le titre de moto d'usine la moins performante du plateau.
Avec cinq pole positions, deux podiums en sprint (2e en Catalogne, 3e en Allemagne) et un autre en course à Jérez, le Français a tenté de tirer ce qu'il pouvait de sa machine récalcitrante. "Il y a eu de la frustration cette année", a-t-il bien volontiers concédé à l'AFP. "Sur certaines courses, je me sentais super rapide et ça ne s'est pas concrétisé par un podium". "On fait le maxi en tirant le meilleur du matériel dont on dispose pour l'instant, résumait-t-il à L'Equipe après le dernier Grand Prix de la saison dimanche dernier à Valence. Je pilote mieux que jamais. En 2021, l'année de mon titre, lorsque j'avais des problèmes, je butais sans trouver de solution. Aujourd'hui, je sais m'adapter à une moto qui n'est pas celle que j'aimerais parce que je suis capable de cerner ce qui ne va pas et ce qu'il faut faire pour s'y adapter."
Plus de points que tous les autres pilotes Yamaha cumulés
Pour mesurer les difficultés de Yamaha, correcte sur un tour lancé mais hors du coup sur un rythme de course, et jauger des résultats de son leader, un chiffre suffit. Avec ses 201 points glanés, Quartararo a inscrit plus de points que ceux cumulés par l'ensemble de autres pilotes de la firme japonaise (Alex Rins, Jack Miller, Miguel Oliveira et Augusto Fernandez qui a pris part à trois GP). Cela ne suffit pas à rassasier le pilote de 26 ans. "Ça ne devrait pas être mon rôle (...) je veux gagner, je veux être devant, je veux me battre pour des bonnes positions" clamait-il à l'AFP. Alors Yamaha tente de revoir sa copie. Et 2026 a des airs de "ça passe ou ça casse" pour le manufacturier nippon.
Après des années d'errance, voire d'absence, de développement, Yamaha va présenter une petite révolution dans son histoire en délaissant son historique moteur à quatre cylindres en ligne pour une architecture V4, que tout le paddock avait adopté depuis plusieurs années. "Le MotoGP est en constante évolution, et nous devons évoluer avec lui" a expliqué le constructeur jusque-là si réfractaire. "Le V4 représente un nouveau chapitre."
Ce nouveau moteur devrait apporter plus de puissance et aider Fabio Quartararo à tenir face aux Ducati, qui règnent sur le plateau à l'image du titre écrasant de Marc Marquez cette saison, ou aux Aprilia, qui ont affiché de sérieux progrès en deuxième partie de saison. Il reste toutefois beaucoup de travail à Yamaha pour combler son retard, que les premiers tests d'avant-saison effectués dès cette semaine à Valence ont logiquement confirmé.
"Nous nous sommes surtout concentrés sur la mise au point d'un réglage de base et sur les sensations à l'avant" a réagi Quartararo. "Le style de pilotage est complètement différent, mais j'aime bien rouler avec la V4. " "Cette journée marquait le début des essais hivernaux 2026, notre objectif n'était pas tant d'évaluer les performances que de recueillir un maximum de données" a insisté le directeur de l'écurie, Massimo Meregalli au site officiel du MotoGP.
"Trop tôt pour dire si je suis content ou pas"
Le Provençal a terminé en 15e position, à plus d'une demi-seconde (+ 0"554) de Raúl Fernández. Mais avec sept dixièmes d'avance sur la deuxième Yamaha de la hiérarchie, aux mains du débutant Toprak Razgatlioglu, un peu plus encore sur des pilotes référencés comme Alex Rins et Brad Miller. Comme les autres écuries, et même plus encore que les autres, Yamaha n'a pas encore dévoilé toutes ses cartes. Le "package" aérodynamique et le châssis étaient encore incomplets à Valence, alors que le moteur n'a pas été poussé à pleine puissance, le temps de se familiariser avec l'électronique.
"Il est trop tôt pour dire si je suis content ou pas" a décrypté Fabio Quartararo, mi-figue, mi-raisin. "Sur l’ancienne moto, le train avant était très bon. Là, ce n’est pas le cas. La moto ne tourne pas assez. Le V4 est beaucoup plus doux que le moteur 2025. Mais on manque de puissance, c’est clair. Et on s’attendait à mieux sur le grip (l'adhérence du pneu). Il nous en manquait pas mal."
"Vous pouvez imaginer qu'on avait énormément de travail aujourd'hui car il n'y avait pas beaucoup de temps, a tempéré Massimo Meregalli. On a dit aux pilotes que, plus que la performance, on voulait obtenir des informations. On connaît le niveau de la moto, il ne s'agissait pas de faire des tours rapides." Une moto que l'Espagnol Alex Rins a, lui, estimé "légèrement meilleure".
Libre dans un an
Les prochains essais - Yamaha en a obtenu un privé supplémentaire mercredi dernier, bénéfice de sa place en recul au championnat en 2025 - et l'hiver tiendront une importance capitale. Pour 2026, mais aussi pour la suite. Car Fabio Quartararo ne cache pas son impatience et son ambition, pas en adéquation avec ses résultats. Le pilote français ne dispose plus que d'un an de contrat et deviendra vite un des plus gros poissons du marché s'il ne se montrait pas convaincu par l'évolution de sa machine.
Cette nouvelle Yamaha "sera ce qui décidera de [s]on avenir" a-t-il assumé à l'AFP. "Je veux donner la priorité à mon futur personnel, et à mes performances, pour essayer de me battre là où je veux être." "On ne va pas se précipiter pour décider quoi faire en 2027" a pour sa part évoqué à l'Equipe Thomas Maubant, l'agent de Quartararo, alors qu'un nouveau règlement technique entrera en vigueur pour la saison 2027. "Les prochains contrats vont se négocier sur les premiers mois de 2026 et il y aura une forme de pari pour tout le monde. On voit bien qu'en MotoGP tout va très vite. Nouveau moteur, nouveaux pneus, plus de devices (des mécanismes) ... Tout va changer en 2027, et rien ne dit que le V4 Yamaha ne fonctionnera pas correctement."
Dans l'esprit de Fabio Quartararo, son objectif est clair : ce sera Yamaha ou "un autre team officiel car je pense avoir montré que j'étais rapide et l'expérience prise chez Yamaha peut être très positive pour une marque, plus que pour une équipe" satellite. Ce n'est pas encore un retour au paradis, mais cela ressemblerait au moins à la fin du purgatoire pour "El Diablo".












