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De leader confortable à dauphin en chute libre, Oscar Piastri a-t-il (déjà) perdu le titre ?
Longtemps leader confortable du championnat du monde pilotes, Oscar Piastri est désormais débordé par son coéquipier chez McLaren, Lando Norris, Peut-il renverser la situation à quatre Grands Prix de la fin de la saison, alors que la menace Max Verstappen se fait elle aussi de plus en plus intense ?
C'était comme cousu de fil blanc. La fin du mois d'août ne semble pas si loin, et avec elle les beaux jours pour Oscar Piastri. Le pilote McLaren était alors un fringuant leader du championnat du monde de Formule 1. L'Australien venait de s'imposer aux Pays-Bas et comptait 34 points d'avance sur son voisin de stand Lando Norris, contraint à l'abandon à Zandvoort. Deux mois plus tard, alors que le sprint final de la saison 2025, Piastri n'est plus sur le trône, dont s'est emparé son coéquipier Norris. Les belles certitudes et la froide solidité qui le caractérisaient ont pris un sérieux plomb dans l'aile, alors que se profile le Grand Prix du Brésil à partir de vendredi.
Le chemin semblait pourtant tout tracé. Avec son matelas de 34 points, Oscar Piastri avait de quoi voir venir, et même un joker d'un abandon sur la concurrence. Ce joker, le natif de Melbourne l'a grillé lors d'un week-end cauchemardesque à Bakou les 20 et 21 septembre dernier. En Azerbaïdjan, Piastri avait eu tout faux : accident en qualifications, départ volé qui l'avait fait caler en course et être dernier au premier virage, puis un nouveau crash dans le mur sur une grossière erreur de pilotage avant même la fin du premier tour. Ce raté aurait pu être un avertissement. Il ressemble désormais à un point de rupture.
14 podiums en 16 courses, puis le coup de la panne
Du Grand Prix d'Italie le 7 septembre à celui du Mexique il y a deux semaines, Oscar Piastri a été à chaque fois devancé par Lando Norris. Et ce, sur des circuits très variés, du temple de la vitesse de Monza au circuit urbain de Singapour. Le métronome de 24 ans, auteur de 14 podiums lors des 16 premières courses, vient de vivre quatre week-ends de rang sans Top 3.
"Est-ce que l’on voyait à ce moment une vraie montée en puissance de Piastri, ou simplement Norris qui n’était pas dedans ?" s'interrogeait l'ancien champion du monde Jacques Villeneuve à Sky Sports F1 en début de semaine. "Le Britannique disait souvent qu’il n’était pas très à l’aise avec la voiture. Et peut-être que ça a donné une certaine suffisance à Piastri. Quand ton seul adversaire, c’est ton coéquipier, peut-être que tu ne pousses pas jusqu’à cette dernière limite, ce dernier dixième de seconde. Depuis Bakou, Lando se réveille, il pilote mieux que jamais, alors que Piastri ne progresse plus. Il était déjà à sa limite. Et quand tu dois aller chercher ces deux dixièmes supplémentaires, tu découvres des problèmes sur ta voiture qui n’existaient pas."
Leader en plein apprentissage
"Je viens de connaître quelques mauvais week-ends, Lando et Max en ont eu de meilleurs, c'est tout" préférait résumer Oscar Piastri après le Grand Prix des Etats-Unis le 19 octobre. Et son avance a ainsi fondu, jusqu'à voir Norris prendre les commandes du championnat pour un point, et le tenant du titre Max Verstappen se relancer. Lors du dernier Grand Prix au Mexique, l'Australien n'était nulle part en qualifications (8e), surclassé de six dixièmes par son coéquipier Norris, auteur de la pole position.
En perte de confiance, l'ancien protégé de l'Alpine Academy a affiché des limites techniques lors des deux courses américaines, dans des conditions d'adhérence précaires qui lui conviennent moins. "Le rythme de la voiture a été bon ce week-end, Lando l’a démontré, mais je n’ai pas réussi à en tirer pleinement parti" concédait Piastri à Mexico, où s'est imposé Lando Norris au terme d'un cavalier seul. "Nous allons analyser les données et apprendre pour progresser. Pour un tas de raisons, ces derniers week-ends ont exigé une façon de conduire très différente. Et ce qui a bien fonctionné pour moi lors des 19 courses précédentes a nécessité quelque chose de tout autre ces dernières courses. Cela a été assez compliqué pour moi de comprendre pourquoi et piloter d’une façon pas tout à fait naturelle."
"Même si Oscar a perdu quelques points, il a beaucoup appris", a insisté Andrea Stella, le patron de l'écurie McLaren. "C'est un investissement qui l'aidera à être plus compétitif dans la dernière partie de la saison."
L'ombre de Verstappen se rapproche
Et il est grand temps, alors qu'il ne reste que quatre Grands Prix (dont deux avec une course sprint) au calendrier. A São Paulo à partir de vendredi, Oscar Piastri ne pourra plus se permettre d'afficher la même fébrilité. Car outre la lutte intestine entre lui et Lando Norris - conclue à deux reprises par des contacts au départ, à Singapour et lors de la course sprint aux Etats-Unis -, une autre menace pointe le bout de son aileron. Fin août, si Norris était à bonne distance, que dire de Max Verstappen, relégué à 104 points de la tête du championnat ? Cinq week-ends plus tard, le pilote Red Bull ne compte plus que 36 points de retard, grâce à cinq podiums dont trois victoires.
"La forme qu'il affiche depuis Monza est un peu une surprise", avait admis Piastri au sujet de Verstappen avant la course de Mexico. "On avait déjà vu ce niveau durant la saison mais là il est très régulier. Mais on sait à quel point Red Bull a travaillé pour améliorer sa voiture, donc ce n'est pas non plus une énorme surprise. Il est juste revenu dans la bagarre plus vite que ce à quoi je m'attendais." Et l'Australien n'a peut-être pas fini d'être désarçonné.
Le précédent 2024 pas très encourageant pour McLaren
Cet exercice 2025 va se conclure par le même enchaînement qu'en 2024, au Brésil, à Las Vegas, au Qatar, et enfin à Abou Dabi. La saison passée, après avoir écœuré la concurrence lors de la première moitié de la saison, Red Bull s'était essoufflé alors que McLaren n'avait cessé de progresser jusqu'à devenir la monoplace la plus performante du plateau. Dans un scénario quasi inverse à celui de cette année, que McLaren a survolé pendant ses deux premiers tiers, Verstappen était le chassé, les "Papaya Boys" les prédateurs. Cela n'avait pas empêché le Néerlandais de cumuler 75 points deux succès en course (au Brésil et au Qatar bien que le titre pilotes était déjà en poche), contre 59 à Norris et 41 seulement à Piastri.
"Le fait que j'ai déjà gagné m'aide à ne pas me mettre de pression" a expliqué Max Verstappen à Canal + après son triomphe aux Etats-Unis, dans un parallèle à peine voilé avec l'inexpérimenté Piastri. "C'est plus facile de calculer quand on gagne. C'est ce que je vais essayer de faire."
Le quadruple tenant du titre pourrait pour cela voir le ciel d'un bon œil au Brésil. La course sprint et les qualifications samedi à Interlagos devraient avoir lieu sous des trombes d'eau. Les mêmes sous lesquelles Oscar Piastri avait bu la tasse l'an passé, terminant huitième en qualifications comme en course. Lando Norris avait, lui, signé la pole position, avant que Max Verstappen ne livre une des courses du siècle pour s'imposer après s'être élancé 17e. Bis repetita en 2025 pour offrir un peu plus de suspense encore au championnat, et mettre un nouveau coup sur le casque de Piastri ?












