Le football est une affaire de rendez-vous manqué, de destins qui se croisent, se lient et se distendent. L’histoire entre Arsenal et Harry Kane va connaître un nouveau chapitre, ce mardi 9 avril à 21h, à l’occasion d’un quart de finale de Ligue des Champions entre les Gunners et le Bayern Munich où l’attaquant anglais a posé ses valises l’été dernier avec une certaine réussite personnelle (38 buts dont 6 en C1).

Une première manche symbolique pour le meilleur buteur de la sélection anglaise (62 buts en 89 sélections). Plus que son retour à Londres où il a grandi, il retrouve un club contre qui il n’a eu de cesse de briller, marquant à 14 reprises en 19 matchs. Arsenal est ainsi la troisième victime préférée de Kane, derrière Leicester (20) et Everton (17). Pour autant, tout aurait pu être très différent.

Un potentiel non décelé par Arsenal

Il faut remonter un peu plus de 20 ans en arrière pour comprendre. Harry Kane fait ses débuts dans le modeste club des Ridgeway Rovers. "Nous étions partenaires en attaque. H a toujours été un buteur. Sa capacité à mettre le ballon au fond des filets était la qualité la plus remarquable du jeune Kane", se remémore pour The Athletic Nico Yennaris, connu aussi sous le nom de Li Ke depuis qu'il est devenu international chinois en 2019, qui l’a côtoyé à l’époque.

Ses performances valent au natif de  Walthamstow d’attirer l’attention des recruteurs d’Arsenal et lui ouvrent les portes de l’Academy alors qu’il n’a que sept ans. A l’époque, l’équipe compte Benik Afobe et Chuks Aneke dans ses rangs. Les deux joueurs prennent alors toute la lumière. "Benik marquait tous les buts. Il était la star en devenir", confirme à The Athletic Aneke, aujourd’hui modeste joueur de Charlton. Dans l’ombre, le timide et silencieux Kane peine à se démarquer, pas aidé par un physique fluet. "Il avait une bonne technique mais n’était pas particulièrement athlétique à cet âge. Il était petit, pas très rapide, un peu grassouillet. C’était dur pour lui de briller", poursuit Aneke pour le site américain.

"A cet âge, on ne voit que ce que le joueur peut faire, pas ce qu’il essaie. Harry testait des choses que son corps ne pouvait faire. Quand vous faites ce travail depuis longtemps, vous vous rendez compte que cela a autant d’importance que l’impact direct", se remémore Dan Buck, toujours dans The Athletic, qui n’avait pas su voir le potentiel de Kane et en a tiré cette leçon. Les entraîneurs finissent par l’écarter à ses 9 ans.

Tottenham se plante et se rattrape

Après avoir été exclu de l’académie d’Arsenal, Harry Kane coupe deux saisons avec le football en club avant de revenir dans la course. Il passe alors un premier essai à Tottenham mais là encore, il ne convainc pas les recruteurs des Spurs et file à Watford qui propose de lui donner sa chance. Lors d’un match contre l’équipe de jeunes de Tottenham, il signe un triplé et fait changer d’avis les décideurs des Spurs qui le débauche. Son histoire avec le club londonien, grand rival d’Arsenal dans le Nord de Londres, pouvait alors commencer jusqu’à l’été 2023. Près de 20 ans qui lui permirent de devenir une légende de Tottenham dont il est le meilleur réalisateur avec 278 buts en 430 matchs.

A 30 ans, Harry Kane revient donc à Londres avec le Bayern Munich dans un contexte particulier mais avec toujours le désir de prouver qu’Arsenal a fait une belle erreur en misant pas sur lui. L'histoire n'est plus au rendez-vous manqué pour Kane.