Serie A : Luka Modrić a fait de sa taille une force
Au micro de son compatriote et ancien sélectionneur Slaven Bilić, l’international croate de 40 ans a reconnu avoir été critiqué pour son physique apparemment faible mais n’y avoir jamais prêté attention.
Luka Modrić n’a rien d’impressionnant de prime abord. Du haut de son 1,72 m, il se fondrait presque dans la masse. Un physique quelconque qui aurait pu l’empêcher de faire carrière au plus haut niveau s’il avait été sensible aux remarques dont il a fait l’objet dans son enfance. "Ma faiblesse physique ne m'a jamais découragé ni fait douter de moi. J'ai toujours eu une grande confiance en moi. Et pas seulement chez les jeunes, mais aussi à mon arrivée au Dynamo, en Angleterre, au Real Madrid… tout au long de ma carrière, jusqu'à l'obtention du Ballon d'Or. Et là, on a dit : 'Bon, c'est peut-être fini.'", a-t-il expliqué à Slaven Bilić dans l’émission '(Ne)uspjeh prvaka'.
"J'aurais pu me croire petit ou faible, mais non, c'était tout le contraire"
Loin de se laisser affecter, Luka Modrić s’est nourri du scepticisme qu’il suscitait. "Ça n'a fait que me motiver à continuer, parce que c'est ma nature. Même enfant, en grandissant, je me fichais de l'opinion des autres. Même si je les entendais, les commentaires négatifs m'ont toujours motivé. Malgré tout, je me suis toujours appuyé sur les positifs, car ils existaient aussi, pas seulement les négatifs, mais je n'ai jamais accordé d'importance à l'opinion des autres, surtout si elle était de cette nature. Je n'ai jamais eu cette opinion de moi-même ; j'aurais pu me croire petit ou faible, mais non, c'était tout le contraire", a assuré le Croate.
Une confiance indéfectible alimentée également par sa vision du jeu. À une époque où les qualités physiques sont mises en évidence et considérées comme essentielles pour évoluer au plus haut niveau, Luka Modrić a démontré qu’une autre voie était possible. "Le football, ce n'est pas qu'une question de force ou de taille ; c'est bien plus que mesurer 1,90 m ou courir le 100 mètres en 11 ou 12 secondes… Non, le football, c'est bien plus que ça : la technique, l'intelligence, l'intuition, et bien d'autres choses encore. Aujourd'hui, quand je vois des gens qui essaient encore d'imposer un certain niveau d'agressivité, de vitesse, de force ou de gabarit au football, ils essaient de tout mesurer en fonction de ça, mais ça ne marche pas comme ça. L'intelligence est primordiale. Et la force ou la vitesse ne surpasseront jamais la technique ou le mental. Et c'est pour ces raisons que les gens aiment et continuent de regarder le football", a-t-il asséné à son ancien sélectionneur entre 2006 et 2012. Une vérité qu’il s’est évertué à incarner au même titre que Lionel Messi, Andrés Iniesta, Xavi ou encore David Silva, dont les mérites ne doivent rien à des dispositions physiques hors norme mais tout à une technique hors du commun.
S’il a dominé avec sa tête et ses pieds, Luka Modrić n’a pas pour autant négligé son "petit" corps. Si sa technique lui a ouvert les portes du Real Madrid, le Ballon d’Or 2018 en est devenu une légende par la grâce des titres remportés bien sûr, mais aussi de son exceptionnelle longévité, conséquence d’une hygiène de vie irréprochable l’autorisant encore à évoluer au plus haut niveau à 40 ans.
Des adieux au-delà de ses rêves
Une carrière qu’il poursuit depuis l’été dernier à l’AC Milan. Et s’il est ravi de suivre les pas de son idole de jeunesse Zvonimir Boban, le natif de Zadar aurait aimé finir son histoire avec le football professionnel en Espagne. "Je l'ai toujours dit : ce n'étaient pas de vaines paroles ni de la flatterie pour les supporters, le club ou qui que ce soit d'autre ; mon souhait le plus sincère était de prendre ma retraite à Madrid. Mais, comme on dit, toute chose a un début et une fin. Parfois, les choses ne se passent pas comme prévu…", a regretté Luka Modrić.
Pas de quoi néanmoins ternir ses treize années merengues. "Tout le monde sait quel genre de club est le Real Madrid, où la médiocrité n'est pas tolérée, et le simple fait d'avoir maintenu ce niveau dans un tel club pendant tant d'années est la chose la plus incroyable parmi tous les succès que j'ai connus (…) Quand je vois les adieux que j'ai eus, je ne m'y attendais pas, même dans mes rêves les plus fous. Tout était parfait, très émouvant… Je suis très émotif, mais je ne le montre pas, je le cache beaucoup ; cependant, ces derniers jours à Madrid ont été très émouvants pour moi. Cet amour des supporters, du club, de tous ceux qui sont liés au Real Madrid, restera gravé dans ma mémoire à jamais", a savouré le vice-champion du monde 2018, encore ému par ce qu’il a vécu au printemps dernier pour sa dernière apparition à Santiago-Bernabéu, lui, le petit bonhomme de Zadar devenu un géant.








