Il était la pièce manquante de l’organigramme de l’AC Milan. Depuis le départ de la légende Paolo Maldini, le club milanais naviguait sans capitaine à la barre de sa direction sportive, rôle accepté contre nature par Zlatan Ibrahimovic et qui a conduit au naufrage de la saison passée, terminée à la 8e place de la Serie A, synonyme de non-qualification européenne, et avec pour seul lot de consolation la Supercoupe d’Italie.

Après cet échec, la direction lombarde a entrepris de combler les manques et a enrôlé un nouveau directeur sportif en la personne d’Igli Tare. Ce dernier a dès lors remis de l’ordre et mené une politique de recrutement à la fois intelligente et ambitieuse en parvenant à convaincre Massimiliano Allegri de revenir sur le banc rossonero, onze ans après l’avoir quitté, mais aussi Luka Modric de prolonger sa carrière. “Le voir aussi heureux qu'un enfant de dix ans après une victoire, c'est incroyable et ça donne une idée du champion et de son humilité : des choses comme ça, dans les vestiaires, sont contagieuses…”, a apprécié le dirigeant albanais lors du Social Football Summit.

“Nous avons créé une incroyable complicité”

L’international croate de 40 ans est le symbole de la réussite milanaise du début de saison. Titulaire indiscutable, il a diffusé son enthousiasme à ses coéquipiers, comme son exigence et son talent, nouant avec eux une réelle complicité technique et personnelle. “Les arrivées de (Adrien) Rabiot et (Christopher) Nkunku juste avant la fermeture du mercato ont comblé ce qui nous manquait. Avec Allegri et son staff, nous avons créé une incroyable complicité, nous sommes heureux ensemble, et je parle aussi des joueurs”, a expliqué le directeur sportif de l’AC Milan qui a axé son travail avant tout sur la complémentarité humaine que sur les données scientifiques. “Il est important de comprendre la personnalité de chaque joueur, et la personnalité se mesure à l'aune de l'expérience : les données peuvent aider, mais je préfère les laisser de côté car une équipe a sa propre logique. C'est ma façon de penser et d'agir : un bon joueur sait se relever après une erreur, et à ce moment-là, il faut prouver qu'on peut gérer la pression d'un grand club comme le nôtre”, a-t-il exposé.

Un choix pour le moment payant puisque l’AC Milan est troisième de Serie A et ne compte que deux points de retard sur l’Inter Milan après 11 journées. Un rival qu’il retrouvera dimanche soir pour le très attendu derby della Madonina. “Ce sont des matchs à gagner, pas à jouer”, a-t-il asséné avec la conviction d’un dirigeant habité par sa mission. Une posture non feinte dans la mesure où Igli Tare assume d’avoir le cœur rouge et noir. “Je ne l'ai jamais caché, et je ne le cacherai pas maintenant : je suis supporter du Milan depuis l'enfance. Je suis tombé amoureux de Van Basten, Baresi et Gullit parce que je les suivais depuis l'Albanie. Et maintenant, je vis mon rêve”, a déclaré celui qui a gagné ses galons de directeur sportif pendant 15 ans à la Lazio Rome (2008-2023).

Après sa réussite dans la capitale italienne, Igli Tare entend bien faire encore mieux en Lombardie où il a placé la barre à la hauteur de l’histoire du club. “Nous avons un objectif clair, celui de reconquérir le Scudetto et la Ligue des Champions…”, a-t-il annoncé et assumé aussi par Massimiliano Allegri. Reste à le concrétiser sur le terrain.