Depuis qu’il est devenu consultant, Jamie Carragher n’a pas perdu les habitudes qu’il avait sur le terrain. L’ancien défenseur est toujours dur sur l’homme et prompt à tacler quiconque ne répond pas aux attentes suscitées.

Cette saison, et malgré l’attachement qu’il porte à un club auquel il est resté fidèle toute sa carrière de 1996 à 2018, à moins que ça n’en soit la cause, il n’a pas épargné Liverpool. Dans le sillage d’un mercato estival où il a dépensé des sommes pharaoniques, le champion d’Angleterre n’a pas écrasé la concurrence comme on l’imaginait. Au contraire, il a perdu sa formidable cohésion née la saison dernière au début de l’ère Arne Slot.

Si Florian Wirtz et, dans une moindre mesure, Alexander Isak, illustrent la faillite d’un recrutement tardant à produire ses effets, Mohamed Salah est une autre incarnation de ce qui cloche sur les bords de la Mersey. Irrésistible la saison passée où il a fini meilleur buteur et passeur de Premier League avec 29 buts et 18 passes décisives, l’international égyptien a replié ses ailes, ne s’étant montré décisif que six fois en 11 matchs de championnat (4 buts et 2 passes décisives). Cette efficacité qui était l’arme fatale des Reds est ainsi devenue l’une de leurs plus grosses faiblesses. “Salah ne se replie pas, il y a une préoccupation évidente pour Liverpool de ce côté parce qu’il ne revient pas et n’a pas la constance d’un arrière droit à chaque match. Je pense que les équipes visent ce côté. Manchester City l’a fait et j’étais désolé pour (Conor) Bradley, il avait besoin d’aide”, a analysé Jamie Carragher pour The Overlap.

S’entêter ou s’adapter

Non content de ce constat, l’ancien défenseur anglais a appuyé là où ça fait mal, à savoir la tactique à présent perdante de Liverpool. “Si vous ne marquez pas les buts d’un côté et que vous laissez votre équipe exposée à l’autre, vous n’obtenez essentiellement rien de ce stratagème tactique qui consiste à permettre à Mo Salah de rester en attaque”, a-t-il souligné avant d’ajouter de façon péremptoire : “Donc soit il doit revenir [défensivement], soit tu dois jouer avec quelqu’un d’autre. C’est pourquoi j’ai dit il y a quelques semaines que Mo Salah ne peut plus être titulaire chaque semaine, surtout à l’extérieur.”

Pour lui, la situation ne peut pas durer si le champion d’Angleterre veut relever la tête et se battre pour défendre sa couronne (il est actuellement 8e à 8 points d’Arsenal, ndlr). Arne Slot va donc devoir rapidement trouver une solution pour résoudre ce problème épineux. Doit-il se passer du joueur le plus décisif de Liverpool au cours de la dernière décennie dans l’espoir qu’il retrouvera ses jambes et son efficacité, ou alors le “sacrifier” afin de regagner en homogénéité ? Une question d’autant plus complexe qu’elle est loin d’être la seule concernant un collectif bouleversé cet été et qui peine à le digérer dans ce qui ressemble à un début de crise d’identité. Le manager néerlandais a deux semaines pour y réfléchir d’ici la réception de Nottingham Forest le 22 novembre prochain lors de la 12e journée de Premier League.