Question précocité, Lamine Yamal a mis la barre basse. Le 29 avril 2023, alors qu’il milite en coulisses depuis des mois pour le faire débuter, Xavi lance enfin le prodige d’Esplugues de Llobregat dans le grand bain en le faisant entrer en fin de match contre le Betis. Il n’est alors âgé que de 15 ans, 9 mois et 16 jours, faisant de lui le plus jeune joueur de l’histoire à porter le maillot du FC Barcelone.

Depuis ses débuts discrets, l’Espagnol n’a cessé de progresser et a commencé à se constituer un formidable palmarès avec comme joyau le titre de champion d’Europe remporté en Allemagne en juillet 2024. Un accomplissement réussi à seulement 17 ans. Un âge anormal pour remporter de tel trophée et qu’a expérimenté Boris Becker dans les années 1980. "Quand j'ai gagné Wimbledon à 17 ans, j'essayais encore de grandir et de trouver ma place dans le monde. Après une victoire, tout ce que l'on fait devient une nouvelle mondiale et fait la Une des plus grands journaux. Je suis heureux d'avoir gagné trois Wimbledon (1985, 1986 et 1989), mais à 17 ans, j'étais peut-être trop jeune. J'étais encore un enfant", s’est interrogé l’ancien joueur de tennis allemand dans un entretien accordé à TakSport.

"Il a besoin de deux ou trois personnes sérieuses autour de lui"

Quarante plus tard, il voit dans l’émergence de Lamine Yamal un parallèle avec son ascension. "Lamine est formidable, il gagne tout. C'est le meilleur jeune joueur du monde actuellement. Il me rappelle moi-même à 17 ans", a-t-il déclaré. Une projection qui l’amène à s’inquiéter pour l’Espagnol. "Avec lui, je tire la sonnette d'alarme", a embrayé l’Allemand. Pour lui, cette célébrité précoce a tout d’un piège dans lequel il est aisé de s’égarer. Aussi, il a tenu à adresser un message à la nouvelle star du FC Barcelone. "Il suffit de voir ce que traverse Lamine Yamal ces jours-ci. Je pense qu'il risque fort de rencontrer des difficultés dans dix ou quinze ans. Lui, issu d'un milieu modeste, est riche avec toute sa famille, et beaucoup de gens vont l'approcher par intérêt. Il a perdu toute intimité. Il a besoin de deux ou trois personnes sérieuses autour de lui. Il doit choisir ses amis, faire confiance à sa famille et se constituer un filet de sécurité", lui a conseillé l’homme aux six titres du Grand Chelem dont l’après-carrière ressemble à un mauvais roman entre faillite personnelle et séjour en prison, en passant par la box de Novak Djokovic.

Un destin que Boris Becker semble vouloir épargner à Lamine Yamal. Pas sûr que le message parvienne jusqu’à l’intéressé qui s’il s’accommode comme il peut à sa nouvelle notoriété, donne aussi les signes d’un professionnel mû par ses seuls rêves sportifs, entre quête de la Ligue des champions et rêves de Ballon d’Or.