Football : Raymond Domenech remonte le temps
Pour la Gazzetta dello Sport, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France est revenu notamment sur la douloureuse finale de la Coupe du monde 2006.
C’est une date qui a marqué l’histoire du football français. Au même titre que le 18 décembre 2022, le 9 juillet 2006 demeurera à jamais une meurtrissure, une cicatrice que le temps n’effacera pas, même s’il en atténuera la douleur.
Ce jour d’été, il y a bientôt 20 ans, l’équipe de France vivait sa deuxième finale de la Coupe du monde. Une renaissance après l’échec cuisant de 2002 et une élimination en phase de groupes, dans le sillage des retours glorieux des "anciens", Zinédine Zidane, Lilian Thuram et Fabien Barthez. En face se dresse l’Italie de Marcelo Lippi, composée par Andrea Pirlo, Gennaro Gattuso, Gianluigi Buffon et consort. Un adversaire à la portée des Bleus. "Nous étions favoris et les Italiens n'ont joué que pendant les dix minutes de fierté qui ont suivi le but de Zidane, arrivé trop tôt", rembobine Raymond Domenech pour la Gazzetta dello Sport.
"Je savais que cela pouvait arriver"
En effet, la France démarre fort et, après seulement sept minutes de jeu, Florent Malouda est déstabilisé dans la surface italienne par Marco Materazzi. Zinédine Zidane se présente face à Gianluigi Buffon et, pour tromper son ancien partenaire de la Juventus Turin, il ajuste une panenka qui vient taper le dessous de la barre transversale avant de rebondir derrière la ligne de but. Le cran et l’audace du capitaine français ont été récompensés, mais l’Italie réagit. Sur corner, le défenseur de l’Inter Milan, coupable sur le but tricolore, vient se rattraper en propulsant le ballon d’une tête imparable dans les filets du gardien français. "Il est le héros de la finale : il provoque le penalty, égalise, fait expulser Zizou et marque son penalty. Que demander de plus ?", interroge sans ironie l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, aujourd’hui âgé de 73 ans.
Le tournant intervient au cœur de la prolongation. Loin du ballon, Marco Materazzi est envoyé à terre par un coup de tête de Zinédine Zidane. Cette tête, doublement décisive en finale de la Coupe du monde 1998, venait de voir rouge quelques instants après avoir failli offrir une deuxième étoile aux Bleus, Buffon se chargeant d’exécuter un arrêt monumental sur sa ligne en allant chercher le ballon sous sa barre transversale. "Le connaissant, je savais que cela pouvait arriver, mais parfois je me demande pourquoi il s'est comporté ainsi", confie Raymond Domenech, qui estime pourtant que l’expulsion du maître à jouer de son équipe n’est pas le véritable point de bascule. "La blessure de (Patrick) Vieira (56e) a eu un impact plus important", tranche-t-il. Une analyse pertinente au regard de l’abattage du milieu de terrain d’Arsenal aux côtés de Claude Makélélé et du danger qu’il créait en se projetant dans la surface italienne, ce qu’Alou Diarra ne fit pas.
Au bout du compte, l’Italie l’emporta aux tirs au but (1-1, 5-3 t.a.b.). "Pour la FIFA aussi, c'est un match nul. C'est comme une médaille d'argent olympique et beaucoup me disent que ce fut la plus belle Coupe du monde. Je n'ai aucun regret (…) C'est de l'histoire ancienne", balaye finalement l’ancien technicien français dans les colonnes du quotidien sportif italien, qui révèle avoir vécu cette finale blessé au mollet.
"J'aurais dû arrêter après cette victoire"
Des regrets, Raymond Domenech en nourrit d’autres, notamment celui de ne pas avoir passé la main assez tôt. "Le match important était celui de Berlin, mais nous avons montré que même sans Zidane, nous pouvions battre les champions du monde. J'aurais dû arrêter après cette victoire. Mais j'espérais remporter le Championnat d'Europe", confie-t-il à propos de la victoire tricolore contre l’Italie le 6 septembre 2006 (3-1).
Au lieu de cela, l’ancien Lyonnais s’entête et connaît une élimination dès la phase de groupe à l’Euro 2008, avec notamment une défaite sans appel contre l’Italie lors du troisième et dernier match (0-2), avant de vivre une Coupe du monde 2010 détestable, marquée par le renvoi de Nicolas Anelka, la grève de ses joueurs et une nouvelle humiliation. "Nous avons manqué d'intelligence individuelle et collective. J'ai fait les mauvais choix. J'aurais dû laisser Anelka ou (Yoann) Gourcuff à la maison. Même si, jusqu'au bout, tout semblait aller pour le mieux", assume aujourd’hui Raymond Domenech. La fin d’un drôle de passage à la tête de l’équipe de France où il aura tutoyé le paradis pour finir en enfer.








