Football : Patrick Vieira remercie Fabio Capello et Arsène Wenger
Invité d’honneur du Golden Boy, trophée créé par Tuttosport et récompensant le meilleur jeune d’Europe, Patrick Vieira s’est confié sur ses jeunes années et le rôle crucial de l’entraîneur italien et de son homologue français dans sa carrière.
Patrick Vieira n’a pas oublié d’où il vient. Maître de cérémonie pour la révélation des finalistes du Golden Boy 2025, l’ancien milieu de terrain et actuel entraîneur du Genoa a pris le temps de se souvenir de ses débuts professionnels.
Formé à Tours, c’est à l’AS Cannes qu’il débuta sa carrière en 1993 et où il laissa entrevoir un formidable potentiel. Après deux saisons, il fit le grand saut à 19 ans, traversant les Alpes pour rejoindre l’AC Milan. Un défi immense mais trop corsé pour le jeune homme originaire de Dakar. Patrick Vieira ne trouva pas sa place dans le vestiaire milanais. "Ce n'est pas un mauvais souvenir ; c'était un moment de grande croissance. Je n'ai pas beaucoup joué, mais j'ai pu travailler avec des joueurs de haut niveau et avec Capello", a-t-il relativisé. En effet, en Lombardie, il côtoie la crème du football européen et mondial : Paolo Maldini, Franco Baresi, Marcel Desailly, Zvonimir Boban, George Weah ou encore Roberto Baggio. Surtout, il se frotte à la rigueur de Fabio Capello. Un entraîneur dur et intransigeant, tactiquement exigeant, dont il a beaucoup appris.
"Ils ont été essentiels à ma carrière"
Pourtant, en échec en Italie, il ne s’éternise pas et file en Angleterre où Arsène Wenger le relance à Arsenal, club où il deviendra une légende. "J'avais vingt ans et je suis parti parce que je voulais participer à la Coupe du monde de 1998 en France, et si j'y suis parvenu, je le dois à Capello et Wenger, qui m'ont recruté à Arsenal. Ils ont été essentiels à ma carrière. Un entraîneur est toujours crucial pour un joueur, car c'est d'eux que j'ai appris les fondamentaux : le sacrifice et la détermination. Ils m'ont fait comprendre mes lacunes et comment je pouvais m'améliorer : par le travail. Et en travaillant, en suivant leurs instructions, je suis devenu le joueur que je suis devenu. Un entraîneur peut faire ou défaire la carrière d'un joueur", a-t-il témoigné.
Patrick Vieira le sait bien pour l’avoir vécu comme joueur il y a 30 ans et comme entraîneur plus récemment. Avant d’entraîner le Genoa, le Français a débuté sa seconde carrière sur le banc des jeunes de Manchester City. Là, il a pu croiser certains joueurs prometteurs à l’image de Phil Foden, qu’il a défendu face aux critiques pour permettre son éclosion. "Quand j'étais entraîneur des moins de 21 ans de City, Phil Foden était dans les rangs des jeunes. Tout le monde remarquait ses qualités techniques, mais beaucoup étaient perplexes face à ses qualités physiques : trop petit et léger, disaient-ils. Pourtant, personne au club n'a envisagé de le laisser partir ; on lui a permis de se développer, sans le forcer à progresser, en le gardant avec les jeunes joueurs. Finalement, il est devenu… Phil Foden", a-t-il relaté.
Une histoire dont il tire une morale simple : la patience. "L'attente en valait la peine, non ? Eh bien, la patience est un facteur clé chez les jeunes joueurs, et j'en vois de moins en moins. Il en faut beaucoup dans les centres de formation, mais aussi en équipe première. En France, où le développement des talents est crucial pour la survie des clubs, les entraîneurs savent qu'un jeune joueur peut même leur coûter quelques défaites, si cela conduit à leur croissance et à la maturation d'un nouveau champion", a professé le technicien tricolore.
Un rapport entraîneur-entraîné différent
S’il est très attentif au bon développement des plus jeunes éléments de son effectif, Patrick Vieira a également appris à s’adresser à eux, leurs attentes ayant changé depuis son temps en crampons. "Mes souvenirs de jeune joueur sont liés aux moments difficiles et à l'aide que j'ai reçue des entraîneurs. Aujourd'hui, si je vois un joueur en crise, j'essaie de lui parler, c'est important. Les jeunes joueurs ont changé : Vieira, à 19 ans, arrivé au Milan des géants en 1995-96, n'aurait pas osé demander des explications à Fabio Capello. Aussi parce que cela aurait pu mal finir. Aujourd'hui, c'est différent, même les jeunes joueurs viennent demander des explications lorsqu'ils ne jouent pas. Ce n'est pas un manque de respect, c'est un changement générationnel. Ils veulent comprendre, et c'est peut-être juste. Nous devons leur expliquer les raisons de nos choix. Nous avons fait ce que nous avons fait et ainsi les aider à grandir. C'est plus difficile, oui, c'était peut-être plus facile pour les entraîneurs d'il y a trente ans, car nous n'avions pas le courage de demander, mais je pense qu'il est important de savoir expliquer, d'être convaincant", a-t-il conclu pour Tuttosport.
Trente ans après avoir reçu les enseignements de Fabio Capello et Arsène Wenger, le champion du monde 1998 et d’Europe 2000 se charge aujourd’hui de transmettre ce qu’il a appris.