On va finir par croire que Carlos Alcaraz ne se sent pas chez lui dans la Principauté. Pour la deuxième fois en trois ans, l'Espagnol n'a pas pris part au Masters de Monte-Carlo (du 7 au 14 avril), le vrai coup d'envoi de la saison sur terre battue. Le numéro trois mondial est arrivé blessé à Monaco et n'a pas pu défendre ses chances pour un problème au bras. Il n'a pas non plus participé au tournoi de Barcelone la semaine suivante, et reste incertain pour le Masters 1000 de Madrid à partir de mercredi. A un peu plus d'un mois de Roland-Garros, ces problèmes physiques interrogent.

Carlos Alcaraz s'est ressenti d'une douleur au bras droit à l'entraînement sur l'ocre monégasque. "Au début de l'entraînement, j'ai commencé à sentir que mon bras devenait un peu lourd" a-t-il expliqué dans un entretien au journal espagnol La Vanguardia. "Je ne pensais pas que c'était important parce que j'avais déjà ressenti cette sensation auparavant. Votre bras est chargé mais vous pouvez continuer parfaitement. Il y a eu un changement de balles, et sur le premier coup droit que j'ai frappé, j'ai remarqué qu'il se passait quelque chose. J'en ai essayé une autre et j'ai vu que je ne pouvais pas. J'ai appelé le kiné, j'ai arrêté l'entraînement."

A l'arrêt au plus mauvais moment

Le jeune prodige du tennis espagnol souffre d'une compression du nerf médian, et se soigne selon le journal Marca à l'aide de champ magnétique à haute intensité et basse fréquence appelé thérapie diamagnétique. Mais aucune date de retour sur les courts n'a été communiquée dans l'immédiat. Carlos Alcaraz se fixe comme premier objectif le Masters 1000 de Madrid, dont il est double tenant du titre, comme il l'était du tournoi de Barcelone.

"Je ne veux pas être présomptueux et prétendre que je serai à 100% à l'Open de Madrid, même si c'est mon objectif" a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse lundi 15 avril, suite à son retrait de l'épreuve catalane. "Je suis rentré de Monte-Carlo à la maison pour voir si avec du repos, du temps, de l'entraînement et de la patience, je pouvais arriver en bonne forme à Barcelone. Samedi matin, j'ai passé un scanner et les images étaient rassurantes […] Mais dimanche, cela ne s'est pas passé comme je voulais, chaque fois que j'augmentais la puissance de ma frappe, la gêne s'amplifiait."

Pour Carlos Alcaraz, cette période de repos forcé est un coup dur, en pleine montée en puissance sur terre battue, sa surface de prédilection. Elle est loin d'être la première du genre pour le Murcian, régulièrement sur le flanc ces derniers mois. Depuis Bercy en novembre 2022 et un problème aux adducteurs, Alcaraz a connu un calendrier tronqué par les blessures. Blessé à l'ischio-jambier début 2023, lui faisant manquer l'Open d'Australie, puis à la main et à la colonne vertébrale en avril, il avait ensuite été éliminé de Roland-Garros, perclus de crampes au mollet, par Novak Djokovic.

Etre compétitif à Roland-Garros sans préparation, mission impossible ?

Même perturbée, sa saison sur terre battue l'avait vu prendre part à quatre tournois pour deux titres (Madrid et Barcelone), une demi-finale à Roland-Garros et un rare impair à Rome, l'élimination surprise au 3e tour contre le qualifié hongrois Fabian Maroszan. S'il venait à manquer le Masters 1000 dans la capitale espagnole, il ne resterait à Alcaraz que le seul Masters 1000 romain comme galop d'essai sur cette surface si particulière.

Par son jeu tout en intensité, le vainqueur de Wimbledon 2023 mise beaucoup sur son physique et la répétition des efforts pour prendre le dessus, en particulier sur la terre battue plus lente. Reste que l'adaptation qu'elle demande nécessite habituellement du temps, même pour les plus grands terriens. 14 fois vainqueur de Roland-Garros, Rafael Nadal a quasi systématiquement disputé l'enchaînement Monte-Carlo - Barcelone - Madrid (ou Hambourg dans les années 2000) - Rome avant d'aborder le Grand Chelem porte d'Auteuil. 2020 fait figure d'exception, mais pour l'ensemble du circuit, avec une saison perturbée par le coronavirus et une édition de Roland-Garros débutée fin septembre. 

En 2022, Nadal avait bien manqué Monte-Carlo et Barcelone, touché à une côte. Mais même si ses parcours s'étaient arrêtés prématurément à Madrid (quart de finale contre Carlos Alcaraz) comme à Rome (huitième de finale contre Denis Shapovalov), le Majorquin avait pu enchaîner les matchs et les entraînements sur la surface la plus éprouvante de l'année.

En attendant son prochain bilan de santé, Alcaraz reste dans le flou, dans une année où être bien les pieds sur terre sera peut-être plus important que jamais. Après le majeur parisien, les Jeux Olympiques de Paris seront également disputés à Roland-Garros dans moins de cent jours.