Rugby : Disparition d’André Boniface
Légende du rugby tricolore, André Boniface est mort à l’âge de 89 ans.
La semaine démarre sous le signe des disparitions. Après le football français qui déplore la disparition du président de l’AS Nancy Lorraine, c’est au tour du rugby tricolore d’être endeuillé. Âgé de 89 ans, André Boniface s’est éteint, ce lundi 8 avril, du côté d’Hossegor.
Authentique légende du rugby français, le natif de Montfort-en-Chalosse a marqué son époque au point d’incarner une certaine idée du French Flair et du jeu à la française. "Un jeu de crochets et de passes, plein champ, sans retenue, qui fait du terrain un lieu de vie, d'imagination et de bonheur", décrivait-il au Figaro en 2006 alors qu’il se voyait à travers l’ouvreur néo-zélandais Dan Carter.
Pour l’amour d’un frère
Sélectionné à 48 reprises avec le XV de France entre 1954 et 1966, cet attaquant magnifique aida les Bleus à conquérir 4 Tournois des V Nations (1954, 1955, 1959 et 1962) et forma une paire de centre merveilleuse avec son frère Guy, célébrée par le chanteur Denis Lalanne. Un frère disparu tragiquement à 30 ans lors d’un accident le 31 août 1967 sur une petite route des Landes, dont ils étaient originaires. Une perte dont il ne remettra jamais vraiment.
C’est avec lui qu’il remporta le Championnat de France en 1963 avec le Stade montois, club qu’il avait rejoint après sa formation à l’US Dax et auquel il sera fidèle toute sa carrière (1952-1972).
Un regard très critique
Retiré à Hossegor au Pays basque, après avoir tenu magasin d’articles de sport après sa carrière et jusqu’en 1993 comme le rappel L’Equipe, André Boniface gardait un œil averti sur le rugby dont il avait critiqué l’évolution, lui reprochant son manque de poésie. "Ce que les Britanniques ont appelé le French Flair est complètement perdu. Il n'y a plus d'identité de jeu français. Tout est complètement dilué, uniformisé", regrettait-il en 2018 dans Le Figaro alors que le XV de France traversait une période de marasme, loin des envolées de son époque.
A 89 ans, il emporte avec lui une certaine idée du rugby, romantique faite d’espaces et de vitesse mais apparaissant un rien désuète au regard de l’évolution du jeu et des gabarits.