La saison 2025-2026 de biathlon en cinq questions
Le biathlon reprend ses droits samedi avec les premiers relais de la saison à Östersund, en Suède. Favoris, chances françaises, programme et perspectives des JO de Milan-Cortina, voici ce qu'il faut savoir de cet exercice 2025-2026.
Cela devait bien finir par arriver un jour. Après Martin Fourcade en 2020, c'est au tour de son ancien grand rival Johannes Boe de raccrocher la carabine. Le Norvégien a conclu sa carrière comme Fourcade, par une deuxième place au classement général de la Coupe du monde, mais en restant au sommet, en témoignent ses titres mondiaux en février dernier sur le sprint, la poursuite, et le relais hommes. Sans l'ogre Boe, le circuit va devoir en partie se réinventer, et sa hiérarchie être bouleversée.
Qui pour prendre la suite de Johannes Boe comme patron ?
Le tenant du titre Sturla Laegreid part logiquement favori après son premier gros globe en carrière, à 28 ans. Le Norvégien n'a jamais quitté le Top 4 du général de la Coupe du monde depuis 2021 et reste sur une saison magnifique qui l'a également vu dominer le classement de l'individuel, de la poursuite et du sprint. Très complet (12 podiums en 21 courses la saison passée), il sera l'homme à battre.
Derrière, la meute est compacte mais un nom se dégage avant le coup d'envoi de la saison, celui d'Eric Perrot. Le jeune Français de 24 ans a explosé en 2025, devenant champion du monde de l'individuel avant de terminer troisième du général de la Coupe du monde pour ce qui n'était que sa deuxième saison complète à ce niveau. Le biathlète de Peisey-Vallandry assume désormais ses ambitions et vise le trône. "Je me sens prêt pour jouer le général", assurait Perrot lors d'une conférence de presse avant la saison. "L’objectif, il est là : gagner à répétition. Le podium est un lot de consolation quand on vise le classement général, évidemment, mais l’objectif, c’est d’accumuler les victoires."
Auteur de très bons résultats en préparation (vainqueur dimanche dernier de la mass start du Sesongstart skiskyting), le Savoyard veut "frapper fort dès le début". "Je pense que c'est la seule façon de performer, tout court" insiste-t-il. Perrot a aussi les faveurs des connaisseurs, alors que plusieurs entraîneurs nationaux ont placé le Tricolore comme principal rival de Sturla Laegreid pour jouer le gros globe dans un article de l'IBU, la fédération internationale de biathlon. "Perrot est le biathlète qui peut tout rafler" a estimé Uros Velepec, entraîneur de l'équipe masculine de Pologne. "C'est un skieur brillant, un tireur rapide, il est très stable."
Il n'est pas le seul Français qui peut rêver de briller.
Cinquième du général de la Coupe du monde la saison passée, Quentin Fillon Maillet a retrouvé des couleurs après deux années plus difficiles. "QFM" est le seul Français en activité avec un titre olympique et cherchera à se mettre en jambes en vue des JO de février prochain. Emilien Jacquelin, 7e du général en 2025, figurera parmi les principaux outsiders. Derrière l'intouchable tandem Laegreid - Johannes Boe, il était le biathlète qui cumulait le plus de victoires et de podiums (respectivement deux et cinq) en 2024-2025. S'il retrouve de la régularité, il sera à la lutte parmi le gratin.
Le Suédois Sebastian Samuelsson (4e du général en 2024-2025), ou l'Italien Tommaso Giacomel (6e) seront aussi à suivre. L'équipe de Norvège sera, elle une curiosité derrière Sturla Laegreid, d'autant que le frère de Johannes Boe, Tarjei a lui aussi pris sa retraite. Vebjorn Sorum ou Isak Frey, annoncé comme très prometteur, auront une lourde succession à assumer.
Lou Jeanmonnot a-t-elle digéré l'échec d'Oslo ?
20 petits points et 300 mètres. Voilà ce qu'il a manqué à Lou Jeanmonnot pour décrocher son premier gros globe la saison dernière. A la lutte avec Franziska Preuss lors de la dernière course de la saison, la Française était tombée dans un virage, et avait vu l'Allemande tout rafler. Un crève-cœur total, qu'elle assure avoir digéré. "Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je me suis très bien remise de cette saison parce que c'est de l'expérience" a-t-elle balayé à France TV Sport. "Les échecs, je pense que c'est à ça qu'ils servent."
Deuxième du général pour la deuxième saison consécutive, elle n'était pas parvenue à faire fructifier un exercice remarquable, ponctué avec huit victoires. Soit le double de Preuss, dont la constance avait fini par faire la différence. Pour combler cet infime écart, Jeanmonnot a fait le pari de changer de carabine pour encore progresser, elle qui comptait pourtant déjà parmi les meilleures du monde au tir (6e meilleur pourcentage la saison passée avec 91,7 % de réussite, meilleure Française). "Si à un moment donné, je veux être plus performante, si je veux être la meilleure, il faut que j'aille les chercher ces changements" a-t-elle expliqué. Elle s'est aussi dotée d'un tapis de ski-roues pour travailler à domicile, quelle que soit la période de l'année ou les conditions météo.
Autant d'atouts techniques qu'elle espère faire fructifier en globe de cristal, alors que sa rivale de la saison dernière arrive dans le flou à Östersund. "J'ai toujours du mal à évaluer où je me situe en termes de performance et ce à quoi je peux m'attendre" a avancé Franziska Preuss en conférence de presse.
L'affaire Simon peut-elle plomber la saison des Bleues ?
C'est le sujet qui a agité l'équipe de France féminine de biathlon ces derniers mois, et même un peu plus. Impliquée dans une affaire de vol et de fraude à la carte bancaire, notamment à l'encontre de sa coéquipière Justine Braisaz-Bouchet, Julia Simon a été reconnue coupable le 24 octobre dernier. Après avoir avoué être l'autrice de la "totalité des faits" elle a été condamnée à trois mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende. Ce à quoi la Fédération française de ski y a ajouté un mois de suspension ferme, qui va la priver de la première étape de la Coupe du monde à Östersund. Mais pas des Jeux Olympiques de Milan-Cortina.
La fin d'une "période longue et regrettable" a concédé l'entraîneur des Bleues, Cyril Burdet à L'Equipe. "Je suis content que cette histoire soit réglée et finie" a ajouté Patrick Favre, un des entraîneurs de tir de l'équipe de France féminine. "Il faudra encore un peu de temps pour que ça s'évacue mais on veut vite reparler de sport." Malgré les circonstances, les biathlètes françaises sont parvenues à faire abstraction en compétition, s'imposant comme la principale force du cirque blanc.
"Ça fait trois ans que c'est comme ça" explique Lou Jeanmonnot. "C'était un mauvais moment mais qui nous a aidées à être bien plus focalisées sur ce qui est important et nécessaire pour notre performance." Celle-ci n'en a pas pâti jusqu'ici avec 15 médailles cumulées par les Françaises lors des Mondiaux 2024 et 2025 et cinq représentantes dans le Top 8 mondial la saison passée (Lou Jeanmonnot 2e, Julia Simon 3e, Océane Michelon 5e, Jeanne Richard 6e, Justine Braisaz-Bouchet 8e). La mise à l'écart temporaire de Simon et sa préparation en marge du groupe France rendront son retour à la compétition plus attendu encore. A moins que la fédération mondiale de biathlon, l'IBU et son "Unité d'intégrité" ne décide d'ajouter une sanction supplémentaire de son fait dans les jours, voire heures à venir.
Les biathlètes les plus en forme du début de saison brillent-ils ensuite aux JO ?
Cette saison 2025-2026 sera marquée par les Jeux olympiques d'hiver de Milan-Cortina, avec des épreuves de biathlon disputées sur le site d'Antholz - Anterselva, un des sites les plus utilisés en Coupe du monde, du 8 au 21 février prochain. L'avant-saison et l'approche stratégique des premiers rendez-vous de Coupe du monde prennent ainsi un peu plus de poids. Faut-il débuter la saison à fond ? Ou monter le curseur crescendo pour atteindre son sommet en Italie ? "Je me projette mentalement vers les JO, je sais que mon pic de forme va suivre ma projection", a expliqué Eric Perrot. "La présaison s’est bien passée, je sais que ma forme va augmenter vers la Coupe du monde, et qu'elle va continuer d’augmenter jusqu’aux Jeux." "Signer un bon début de saison aidera clairement, c'est un bon avantage" a ajouté Simon Fourcade, l'entraîneur des Bleus sur le site de l'IBU.
Les précédents lui donnent raison, et ils ont souvent été favorables à l'équipe de France. Avant les derniers JO de 2022 à Pékin, Quentin Fillon Maillet pointait en tête de la Coupe du monde devant Emilien Jacquelin avant de rafler cinq médailles (or sur l'individuel et la poursuite, argent sur le sprint, le relais hommes et le relais mixtes), du jamais-vu pour un athlète français lors de Jeux olympiques d'hiver. Leader de la Coupe du monde elle aussi avant Pékin, la Norvégienne Marte Olsbu Roiseland était elle aussi repartie avec cinq médailles, dont trois titres.
Avant "QFM", Martin Fourcade avait montré la voie avec trois médailles en 2014 (deux en or, une en argent) comme en 2018 (trois en or) alors qu'il était arrivé avec le dossard jaune réservé au premier du classement général de la Coupe du monde.
Quel est le programme de la saison ?
Étape 1 : Östersund (Suède)
29 novembre, 13h15 : Relais dames
29 novembre, 16h55 : Relais hommes
30 novembre, 14h00 : Relais mixte simple
30 novembre, 16h40 : Relais mixte
02 décembre, 15h30 : Individuel dames
03 décembre, 15h30 : Individuel hommes
05 décembre, 16h00 : Sprint dames
06 décembre, 16h30 : Sprint hommes
07 décembre, 13h15 : Poursuite dames
07 décembre, 15h15 : Poursuite hommes
Étape 2 : Hochfilzen (Autriche)
12 décembre, 11h25 : Sprint hommes
12 décembre, 14h15 : Sprint dames
13 décembre, 12h00 : Poursuite hommes
13 décembre, 14h15 : Relais dames
14 décembre, 12h00 : Relais hommes
14 décembre, 14h45 : Poursuite dames
Étape 3 : Annecy - Le Grand Bornand (France)
18 décembre, 14h15 : Sprint dames
19 décembre, 14h15 : Sprint hommes
20 décembre, 12h15 : Poursuite dames
20 décembre, 14h45 : Poursuite hommes
21 décembre, 12h15 : Mass start dames
21 décembre, 14h45 : Mass start hommes
Étape 4 : Oberhof (Allemagne)
08 janvier, 14h10 : Sprint hommes
09 janvier, 14h25 : Sprint dames
10 janvier, 12h00 : Poursuite hommes
10 janvier, 14h25 : Relais dames
11 janvier, 11h00 : Relais hommes
11 janvier, 14h30 : Poursuite dames
Étape 5 : Ruhpolding (Allemagne)
14 janvier, 14h30 : Relais dames
15 janvier, 14h30 : Relais hommes
16 janvier, 14h30 : Sprint dames
17 janvier, 14h30 : Sprint hommes
18 janvier, 12h30 : Poursuite dames
18 janvier, 15h00 : Poursuite hommes
Étape 6 : Nove Mesto (République tchèque)
22 janvier, 18h15 : Individuel court hommes
23 janvier, 18h15 : Individuel court dames
24 janvier, 13h15 : Relais mixte simple
24 janvier, 15h10 : Relais mixte
25 janvier, 15h15 : Mass start hommes
25 janvier, 18h15 : Mass start dames
Jeux olympiques Milan-Cortina (Italie)
08 février, 14h05 : Relais mixte
10 février, 13h30 : Individuel hommes
11 février, 14h15 : Individuel dames
13 février, 14h00 : Sprint hommes
14 février, 14h00 : Sprint dames
15 février, 11h15 : Poursuite hommes
15 février, 14h45 : Poursuite dames
17 février, 14h30 : Relais hommes
18 février, 14h45 : Relais dames
20 février, 14h15 : Mass start hommes
Étape 7 : Kontiolahti (Finlande)
05 mars, 17h05 : Individuel dames
06 mars, 17h10 : Individuel hommes
07 mars, 13h40 : Mass start dames
07 mars, 15h40 : Relais hommes
08 mars, 13h30 : Relais dames
08 mars, 16h55 : Mass start hommes
Étape 8 : Otepaa (Estonie)
12 mars, 15h15 : Sprint hommes
13 mars, 15h15 : Sprint dames
14 mars, 13h30 : Poursuite hommes
14 mars, 16h00 : Poursuite dames
15 mars, 12h35 : Relais mixte simple
15 mars, 14h40 : Relais mixte
Étape 9 : Oslo Holmenkollen (Norvège)
19 mars, 16h15 : Sprint dames
20 mars, 16h15 : Sprint hommes
21 mars, 13h45 : Poursuite dames
21 mars, 16h15 : Poursuite hommes
22 mars, 13h45 : Mass start dames
22 mars, 16h45 : Mass start hommes










