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Frères Lebrun, progression… Comment les Bleus veulent retrouver le trône européen 27 ans après
L'équipe de France masculine de tennis de table s'est qualifiée pour les quarts de finale de la compétition par équipes des Championnats d'Europe jeudi. Les Bleus ne visent rien d'autre que le titre, le premier pour le ping-pong tricolore depuis 1998.
Ils s'appelaient Jean-Philippe Gatien, Patrick Chila et Damien Eloi et sont restés comme des légendes du tennis de table français. Eux, ce sont les derniers champions d'Europe français par équipes, en 1998. Cette génération d'exception a longtemps fait figure de merveilleuse anomalie pour le ping français, parfois placé, rarement médaillé. Un autre temps, et un précédent qui a fait des petits. 28 ans plus tard, la France s'avance comme favorite pour le titre continental, alors qu'elle s'apprête à disputer les quarts de finale vendredi contre la Belgique.
Gatien, Chila et les autres avaient tracé un sillon, la nouvelle génération du tennis de table français est en train d'en faire une autoroute. Portée par les frères Lebrun Félix et Alexis, les Bleus ne rêvent plus seulement de dominer leur art, ils l'ambitionnent. Le tandem Lebrun, accompagné de Simon Gauzy et des deux remplaçants Thibault Poret et Flavien Coton, l'affichent haut et fort, ils sont à Zadar pour l'or et rien d'autre. "On va clairement chercher le titre" promettait Félix Lebrun à L'Equipe avant la compétition.
"Je n’ai jamais été aussi fort"
La nouvelle coqueluche du tennis de table français après ses deux médailles aux Jeux de Paris l'an passé a bien des raisons de viser aussi haut. Son duo fraternel avec son aîné Alexis a pris la place de numéro un mondial en doubles. Et chacune des individualités vit une saison 2025 jusqu'ici riche en performances de choix.
Félix Lebrun a retrouvé dernièrement le Top 5 après être devenu le tout premier Français à atteindre la finale d'un Grand Slam, l'équivalent au tennis d'un tournoi du Grand Chelem, le 5 octobre dernier à Pékin. Si "Féfé" vit une saison en apparence contrastée question résultats, sa finale en Chine fait suite à une demi-finale lors du Grand Slam de Las Vegas en juillet et à un gros travail foncier pour adapter son jeu à son physique encore en développement. "C’est dur d’accepter que mes résultats soient moins bons que l’an dernier, mais je relativise toujours, expliquait-il à Eurosport avant les championnats d'Europe. C’est le prix à payer pour battre les meilleurs du monde. Oui, je n’ai jamais été aussi fort. Mon niveau bas est plus bas que l’an passé. Mais mon niveau haut n’a rien à voir."
Ce constat vaut aussi pour ses coéquipiers. Alexis Lebrun et Simon Gauzy ont eux aussi atteint le dernier carré d'un Grand Slam cette saison (A.Lebrun à Singapour, Gauzy à Malmö), symbole de la densité nouvelle du tennis de table bleu-blanc-rouge. Ce, un an après le sacre européen en simples d'Alexis Lebrun, qui signe sa "meilleure saison" en 2025 selon son entraîneur et sélectionneur en équipe nationale, Nathanaël Molin.
Les remplaçants ? Thibault Poret est aux portes du Top 30 mondial à 21 ans seulement, disputant une finale en WTT Star Contender, troisième échelon des tournois du circuit. Quant à Flavien Coton, il est le nouveau prodige du ping tricolore à 17 ans, une place dans les 50 meilleurs joueurs du monde et un titre de champion du monde U15 jamais vu dans toute l'histoire du tennis de table français.
"Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a jamais eu d’équipe de France aussi forte depuis que je suis né" résume Alexis Lebrun et ses 22 ans. "Maintenant, il faut gagner."
L'Allemagne puis la Suède, les remparts sur la route de l'or
L'équipe de France a jusque-là pris la voie rapide pour y parvenir. Seul Simon Gauzy a laissé traîner un match en route, sans conséquence, contre l'Espagne en phase de groupes. Jeudi contre la Slovaquie en huitièmes de finale, les Bleus ont été encore plus expéditifs : un seul set perdu, par Félix Lebrun au cœur d'un match aux airs de démonstration (11-2, 10-12, 11-3, 11-4). Le quart de finale contre la Belgique (à partir de 13h00) doit être sur le papier une formalité. Adrien Rassenfosse, 60e mondial et N.1 belge, pointe derrière tous les joueurs de l'équipe de France au classement WTT. Pour les Tricolores, les grandes échéances arriveront à partir des demi-finales, avec un parcours théorique contre l'Allemagne, puis la Suède en finale.
Les Suédois sont tenants du titre, tête de série numéro un et vice-champions olympiques par équipes sortants. Mais ils doivent faire sans leur leader Truls Moregard, forfait pour la compétition. Les Allemands s'appuient pour leur part sur trois joueurs dans le Top 15 mondial (Benedikt Duda, 8e, Dang Qiu, 14e et Patrick Franziska 15e), que les Français ont l'habitude côtoyer… Et dominer récemment comme Félix Lebrun contre Duda au Grand Smash de Las Vegas, et Alexis Lebrun contre Dang Qiu au Grand Smash de Singapour. Simon Gauzy compte, lui, un bilan en carrière positif contre Qiu (quatre victoires pour trois défaites) et Franziska (six victoires - cinq défaites). "Je n'ai aucune appréhension sur le fait qu'on va élever le curseur quand il faudra" a réagi Gauzy après la victoire jeudi contre la Slovaquie.
"J'espère qu'à la fin de la compétition on pourra dire qu'on était favoris" souriait Alexis Lebrun à L'Equipe avant la compétition, déjà conscient de qui seraient les principaux rivaux des Bleus. "On a eu des résultats assez fous sur les dernières compétitions, mais pour l'instant, aux Championnats d'Europe, on n'a jamais fait mieux que demie. Avec l'Allemagne et la Suède, ce sont des matches à 50-50 quand les équipes sont au meilleur de leur forme." C'est bien lancée que l'équipe de France se présentera. Lancée, aussi, dans une quête pour un nouveau morceau d'histoire du ping tricolore.