Golf : Havret nous raconte son confinement
Grégory Havret, joueur français du circuit européen (43 ans, deuxième de l'US Open en 2010), nous révèle comment un golfeur peut vivre la situation du moment, tout en expliquant le contexte des
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« Avec deux enfants à la maison et un jardin, on se tient en forme, on fait les devoirs et on s'organise des plages horaires pour d'autres choses. On prend le temps, on explique, on n'est pas spécialement pressé par l'heure d'une partie ou d'un entraînement... La famille prend le dessus, ce n'est pas une mauvaise chose. J'ai un tapis pour faire mes gammes au practice, j'ai un trackman, malheureusement je n'ai pas de filet. Avec tout ça, tu peux t'approcher d'une vraie bonne séance d'une heure et demie. Bon, comme je ne suis pas très bricoleur, je ne vais pas me fabriquer un filet... Mais j'ai une petite profondeur de jardin, je peux faire des coups d'une petite vingtaine de mètres. A croire que c'est le destin, c'est là-dessus que j'ai le plus à travailler (sourire). Et j'ai aussi un tapis de putting, ce qui reste le plus important au golf.
On a un groupe WhatsApp entre les joueurs, on a parié dix euros chacun sur la date de reprise (sourire). Les moins optimistes imaginent septembre, ils n'ont sans doute pas si tort... Au mieux du mieux, ce ne sera pas avant juin. Les sponsors des tournois auront des difficultés financières à gérer, ils se retireront peut-être car ils auront besoin de visibilité, ils ne peuvent pas se permettre des annulations dix jours avant. Et au niveau sportif, quand ça reprendra, tout le monde voudra jouer, ça risque de prendre les places de certaines catégories plus basses comme la mienne. Il faut treize tournois pour valider l'année, alors est-ce que ce sera une saison blanche ? Tout peut se passer, on s'interroge tous. Tout le monde devra pouvoir se défendre équitablement. Mais là, c'est tellement abstrait... On verra, on n'imagine rien.
On a eu deux joueurs italiens testés à Oman
Les deux semaines à Oman et au Qatar ont été déterminantes. A Oman, on était encore insouciants. Mais pour revenir du Qatar, il y a dix jours, j'ai eu peur d'être bloqué. Je suis rentré par Casablanca... Ça s'est joué à quatre ou cinq jours. On a senti grandir la peur et l'angoisse au Qatar. Sur place, le patron de l'European Tour nous parlait tous les soirs. Il nous disait qu'il y avait 90% de chances que le Kenya se joue, le lendemain à midi c'était annulé ! J'ai pris conscience à l'aéroport de Doha, quand j'ai vu deux personnes sur trois qui portaient un masque.
On a eu deux joueurs italiens à Oman, Lorenzo Gagli et Edoardo Molinari, qui partageaient leur chambre. Gagli s'est senti malade et est allé à l'hôpital, ils ont imposé à l'autre de rester dans sa chambre en quarantaine. Finalement, ils ont réussi à se faire tester en priorité et ils ont pu jouer, alors que des réservistes les avaient remplacés à deux jours du tournoi. L'organisation a donc rajouté une partie, et Gagli a fini tout près du top 10... Dès qu'ils s'asseyaient quelque part, on faisait mine de se lever, on leur faisait des blagounettes. Ce n'était pas encore concret, pas très sérieux. »