On a d’abord cru qu’Arne Slot allait oser. Jamais depuis le 4 décembre 2019, Mohamed Salah n’était resté assis sur le banc de Liverpool sans entrer en jeu à Anfield, hors blessures. Hier soir, le manager néerlandais avait encore une fois décidé de mettre son attaquant égyptien sur le banc. Une surprise à laquelle ne s’attendait pas Jamie Carragher. "J'ai dit cette saison que je ne pensais pas que Mo Salah devait jouer tous les matchs, mais quand j'ai dit cela, je pensais principalement aux matchs à l'extérieur, pas tellement à Anfield. Je suis surpris. Sunderland va jouer en profondeur et rendre les choses difficiles, donc je m'attendais à ce que Salah joue ce match", a réagi l’ancien défenseur des Reds qui a commenté la rencontre de la 14e journée de Premier League contre les Black Cats pour Sky Sports.

"Le fait qu'il soit sur le banc ne ressemble pas à un repos ou à une rotation, mais plutôt à une mise à l'écart"

Mohamed Salah est finalement entré en jeu au retour des vestiaires, prenant la place de Cody Gakpo, entraînant au passage une réorganisation tactique, faisant glisser Florian Wirtz à gauche, Dominik Szoboszlai dans l’axe pour lui redonner les clés de l’aile droite, occupée lors du premier acte par l’international hongrois. Si cela n’a pas rompu la domination presque sans partage des Reds, cela ne leur a pas non plus permis de résoudre leur problème d’efficacité, avec à peine quatre tirs cadrés sur 20 tentatives, et donc d’éviter de concéder le nul (1-1). "La performance était vraiment très inquiétante. On dirait un pas en arrière. Ils ne semblaient pas capables de marquer. Ils manquaient de dynamisme, d'énergie, de rythme et de puissance. C'est vraiment inquiétant", a constaté Jamie Carragher, qui n’hésitait pas à dire à la pause : "Ils jouent comme des somnambules, tout est d'une lenteur exaspérante. Liverpool doit se ressaisir pour la seconde mi-temps, il y a beaucoup trop d'espace sur tout le terrain."

Liverpool était alors mené et donnait le sentiment de sombrer à nouveau. D’où l’entrée en jeu de Mohamed Salah pour tenter de changer la dynamique. Raté. Et le nul à Anfield pourrait avoir marqué la fin d’une ère. "Le fait qu'il soit sur le banc ne ressemble pas à un repos ou à une rotation, mais plutôt à une mise à l'écart. Tôt ou tard, Liverpool devra passer d'une équipe centrée sur Salah à une équipe centrée sur Wirtz et Isak, et nous en avons peut-être eu un aperçu", a suggéré l’ancien défenseur emblématique des Reds.

Sturridge veut encore croire en Salah

Une thèse à laquelle souscrit également Jamie Redknapp, au point de prédire un départ prochainement de la star égyptienne. "Mohamed Salah ne se contentera jamais d'un rôle secondaire dans cette équipe. Que ce soit en janvier ou en été, s'il trouve les bons clubs, je pense qu'il mérite le droit de partir si les choses ne se déroulent pas comme il le souhaite. Je ne vois que cette issue. Maintenant que la confiance est rompue, surtout avec quelqu'un comme Salah (…) C'est leur joueur vedette, mais il (Arne Slot) n'y croit visiblement pas en ce moment", a analysé l’ancien milieu de terrain, resté 11 ans à Liverpool entre 1991 et 2002.

Moins catégorique, Daniel Sturridge veut lui croire qu’un retournement de situation est encore possible et que les jugements actuels sont excessifs et hâtifs. "On parle de statistiques et de chiffres. C'est ce qui fait sa réputation. A-t-il été à la hauteur cette saison ? Non, mais personne d'autre ne l'a été non plus", a défendu sur Sky Sports l’attaquant passé par Anfield de 2013 à 2019. "Il veut être la raison pour laquelle l'équipe gagne. Les attaquants sont généralement motivés par cela. Mo a tenu ses promesses depuis qu'il a rejoint le club. C'est la première saison où l'on peut le remettre en question. Je ne suis pas sûr que Mohamed Salah soit la raison pour laquelle Liverpool ne gagne pas. La saison dernière, c'est grâce à lui qu'ils ont remporté le championnat. Avec un joueur de sa qualité, on voit bien que cela le fait souffrir. Il arrive un moment dans la carrière de chaque joueur où les entraîneurs et les propriétaires doivent prendre des décisions. Je ne pense pas que nous en soyons là. Je pense que le club peut renverser la situation en termes de performances et je pense que Salah peut renverser la situation", a-t-il poursuivi dans son argumentaire, en dissonance avec ses compatriotes dans le média britannique.

Une chose est certaine, Mohamed Salah continue de traîner sa peine sur la pelouse et d’incarner l’impuissance de Liverpool, toujours plus largué en championnat où le champion en titre pointe provisoirement à la 8e place, à cinq points du podium et onze du leader, Arsenal.