Mercato : Quand la folie des transferts enflamme l’OM
En contradiction avec les discours de son président prônant la stabilité, le club marseillais a connu un nouvel été très mouvementé, autant par goût des affaires que par nécessité.
Pablo Longoria l’avait plus ou moins promis, ce mercato estival serait celui de la rationalité avec l’idée de conserver un groupe ayant terminé à la 2e place de la Ligue 1 et donc obtenu la tant convoitée et attendue qualification en Ligue des champions. Une base solide, pensait-on, sur laquelle construire et à laquelle quelques éléments de complément pourraient être ajoutés. Symbole de la stabilité et de la continuité souhaitées, Roberto De Zerbi a été conservé malgré un intérêt supposé de l’Inter Milan à la recherche d’un nouvel entraîneur après le départ de Simone Inzaghi, finalement remplacé par Cristian Chivu.
Outre l’entraîneur, les cadres donnaient le sentiment de s’épanouir dans le collectif marseillais, à l’image d’Adrien Rabiot dont le mariage avec l’OM n’avait pourtant rien d’évident au regard de son passé parisien.
Le tournant rennais
Dans ce contexte, et comme le rappelle L’Equipe, la direction sportive marseillaise a travaillé sur du velours, préparant en amont ses dossiers prioritaires comme les venues d’Angel Gomes et Facundo Medina envisagées dès le printemps dernier. Igor Paixão figurait, lui, sur la liste des souhaits marseillais, tout comme Timothy Weah était sur celle de Roberto De Zerbi, sensible à sa polyvalence. Tout semblait se dérouler dans la sérénité la plus totale, malgré quelques négociations difficiles notamment avec la Juventus Turin pour l’international américain, d’autant que le jeu des opportunités avait permis de ramener dans le Vieux Port Pierre-Emerick Aubameyang et le moins connu CJ Egan-Riley.
Sauf que l’OM est un volcan toujours au bord de l’éruption et la défaite à Rennes en ouverture du championnat l’a fait exploser. Un revers saupoudré d’une bagarre entre Adrien Rabiot et Jonathan Rowe, entraînant un grand tapage médiatique et précipitant le départ des deux joueurs. Si celui de l’Anglais était déjà à l’ordre du jour, celui de l’international français a bouleversé les plans marseillais, soudain contraint de se séparer d’un des hommes de base de son projet et peut-être de l’un des meilleurs joueurs de son effectif. En effet, à Marseille, la patience n’est pas de rigueur et les affaires internes se règlent souvent par des ventes (Valentin Rongier, Jonathan Clauss, Lilian Brassier, Elye Wahi, Ismaël Koné, Quentin Merlin…). "Pour certains, on continuera à passer pour un hall d’aéroport, mais on prendra la responsabilité de changer si l’attitude n’est pas bonne", assumait en février Mehdi Benatia dans un entretien à L’Equipe.
145 mouvements depuis 2021
Une stratégie claire mais ayant obligé à multiplier les pistes et les mouvements dans les derniers jours du marché des transferts avec des coups ratés comme la venue annulée de Dani Ceballos et d’autres réussis avec la signature inattendue de Benjamin Pavard. Dans les dernières 24 h, l’OM a tout simplement enregistré l’arrivée de quatre nouveaux joueurs donnant le sentiment d’une urgence. "Il fallait renforcer le groupe aussi numériquement. On passe à une saison où l’équipe va disputer environ 50 matchs", s’est-on justifié en interne.
Au total, ce sont donc 12 recrues qui ont débarqué à la Commanderie. Record de la saison passée égalé. Dans le même temps, douze joueurs ont aussi quitté Marseille. C’est un de plus qu’à l’été 2024 mais moins que les trois d’avant. L’effectif marseillais a donc une fois encore été bouleversé. Une habitude depuis le début de la présidence de Pablo Longoria. En quatre ans et dix mercatos, l’OM a enregistré 145 arrivées ou départs. Un mouvement perpétuel déroutant mais au cœur d’une stratégie assumée. Le football se vit avec passion au Vélodrome et la passion consume vite. Pour preuve, 55 % des 53 recrues marseillaises depuis 2021 n’ont pas joué plus d’une saison à l’OM où la stabilité n'est qu'un vœu et le mouvement une religion.