Ligue 1 : Franck Haise explique son choix de rester à Nice
Annoncé proche d’un départ, l’entraîneur de 54 ans s’est confié à L’Equipe sur sa décision de finalement poursuivre sa mission à la tête des Aiglons.
"Je reste pour que chacun assume ses responsabilités." Franck Haise n’y est pas allé de main morte. Quelques heures après avoir annoncé à son groupe qu’il ne quitterait pas ses fonctions d’entraîneur de l’OGC Nice, le technicien français de 54 ans a répondu avec franchise à L’Equipe sur son choix de poursuivre l’aventure sur la Côte d’Azur malgré un contexte devenu oppressant et dangereux. "J’ai vraiment pensé à rompre mon engagement avec le club. Plus que penser, même", a-t-il déclaré au quotidien sportif français.
"Je reste pour l’humain"
Si certains ont avancé que sa décision avait été motivée par une absence d’accord avec sa direction sur le plan financier, Franck Haise a balayé la rumeur et donné sa version. "L’accord, on l’avait. Mes agents peuvent le confirmer, le club peut le confirmer", a-t-il clarifié avant de poursuivre : "Je n’ai rien demandé, j’étais prêt à m’asseoir sur mes 43 mois de salaire (…) ça n’a jamais été une question d’argent, et avec moi, ce sera toujours une question de valeurs humaines." L’humain, justement, voilà ce qui l’a convaincu de ne pas abandonner. "Je reste pour l’humain", a insisté l’ancien technicien du RC Lens sous contrat avec Nice jusqu'au 30 juin 2029. "Cette nuit, je ne dormais pas et je me suis dit que je ne pouvais pas lâcher. On doit assumer le défi que représente la situation et je suis sûr de vouloir me battre (…) Si on doit se battre jusqu’à la dernière seconde, je serai là pour le faire. Si on doit descendre, on descendra mais je vais me battre pour qu’on s’en sorte (…) J’assume mes responsabilités en tant qu’entraîneur", a-t-il continué.
Une décision accueillie avec un certain soulagement mais aussi une bonne dose de surprise par ses joueurs. "Je pense qu’ils s’attendaient à ce que je démissionne. J’en ai vu certains qui étaient rassurés que je ne quitte pas le navire", a-t-il révélé. En bon capitaine, Franck Haise a donc refusé de quitter un navire en train de couler. Autant par honneur que par conviction de pouvoir redresser la barre. Néanmoins, l’intéressé sait pertinemment que la tâche s’annonce au minimum ardue, au pire insurmontable. Car si la dynamique sportive est désastreuse avec une série de six défaites consécutives toutes compétitions confondues, la situation extra-sportive a basculé sur un versant chaotique. "Mon choix arrive après deux jours et demi de réflexion. Il s’est passé beaucoup de choses depuis dimanche soir. Ce qu’on a vécu est inacceptable, quel que soit le métier qu’on fait. C’est inacceptable d’être mis en danger physiquement. Il aurait pu y avoir des choses encore plus graves. On ne peut pas occulter ce qui s’est passé. Quand j’entends qu’il ne s’est pas passé grand-chose… Il y a des joueurs qui se sont fait taper. On n’a pas 5 et 7 jours d’ITT par hasard. Le directeur sportif s’est fait taper, cracher dessus, qu’on ne me dise pas que ça ne s’est pas passé (…) Certains sont venus cagoulés, avec des boules de pétanque", hallucine encore Franck Haise dans L’Equipe.
"Maintenant, les gars sont touchés mentalement"
En effet, dimanche soir, une centaine de personnes se présentant comme des supporters niçois s’en est prise violemment au groupe azuréen à sa sortie du bus au retour du déplacement à Lorient (1-3). "L’épisode de dimanche a été la goutte d’eau, une de plus. Je me suis demandé ce qu’on avait fait pour vivre des choses comme ça. Je veux bien qu’on manifeste son mécontentement mais il y a des manières de le faire : avec des banderoles, des sifflets, des grèves des chants… mais là, c’est quoi la prochaine étape ?", a interrogé le technicien originaire de Normandie, confronté pour la première fois à un tel déchaînement de violence.
Déterminé à remettre son club à flot, Franck Haise sait qu’il va devoir trouver des trésors d’empathie pour remobiliser une équipe émotionnellement bouleversée. "Maintenant, les gars sont touchés mentalement. C’est compliqué pour eux (…) Ceux qui n’ont pas été frappés sont choqués. Les joueurs ne comprennent pas", a-t-il avoué. Dans ce contexte, difficile d’imaginer quel visage offriront les Niçois dimanche pour la réception d’Angers lors de la 15e journée de Ligue 1 ni quel accueil ils recevront de l’Allianz Riviera. La seule chose certaine, c’est que Franck Haise sera bien sur le banc et devra se passer de Terem Moffi et Jérémie Boga, blessés lors des incidents mentionnés et ayant fait part de leur désir de ne plus jouer pour Nice.








