Ligue 1: cote d'alerte dépassée à Bordeaux
Submergé mercredi à Strasbourg (5-2), Bordeaux ressemble de plus en plus à un navire aux avaries multiples, impossibles à colmater pour l'heure par Vladimir Petkovic, accroché à sa barre.
Silence, on coule ! 37 buts encaissés en 16 journées, aucun match sans encaisser de but (contre 14 +clean-sheets+ la saison dernière, pourtant éprouvante) et une place de barragiste (18e) qui ne tient qu'aux crises de résultats que subissent en parallèle Metz (19e) et Saint-Étienne (20e). Il y a les chiffres mais aussi les attitudes. Non pas que les hommes de Petkovic aient décidé de se payer la tête de l'ex-sélectionneur suisse, arrivé cet été au Haillan avec un succès face à la France à l'Euro en haut de sa carte de visite, mais le moindre grain de sable leur est désormais fatal et plombe tous les efforts entrepris offensivement (24 buts inscrits, 6e attaque de L1). "Les scénarios se répètent et ce soir, on a un sentiment de honte", a réagi l'attaquant Jimmy Briand évoquant "une situation critique. On serait fous si on n'était pas inquiets".
On l'a vu à Metz (3-3) où Bordeaux a mené 2-0 avant de concéder le nul en supériorité numérique, après des erreurs de marquage sur centres, un de leurs principaux points faibles cette saison. Devant au score contre Brest à l'approche de l'heure de jeu, les Marine et Blanc ont cédé deux fois en six minutes (1-2) sur un "cadeau" de Ricardo Mangas et un manque d'agressivité flagrant, qui n'avait pas du tout plu au président Gerard Lopez. " L'attitude des joueurs est inacceptable, avait-il lâché à L'Equipe. On est dans le confort le plus total. On a encore fait preuve d'arrogance. C'était déjà le cas à Metz et ça recommence aujourd'hui, c'est bien la preuve qu'il y a un souci, et nous allons le régler tous ensemble".
Petkovic, premier fusible
C'était avant la fessée de La Meinau, qui devrait faire date autant qu'elle fait tache. Là encore, tout avait bien commencé avec l'ouverture du score de Hwang Ui-Jo. Puis, une nouvelle fois, tout s'est délité: un manque de communication de l'arrière-garde aux six nationalités, et un alignement aléatoire ouvrant des brèches béantes aux centreurs alsaciens, qui se sont régalés pour trouver des coéquipiers souvent libres qui n'en demandaient pas tant. "J'ai ma part de responsabilité, a avoué Petkovic. Ces dix derniers jours, nous avons travaillé sur le marquage et comment ne pas subir sur les centres. Et on a beaucoup subi ce soir. A l'entraînement, quand on explique les choses, tout est clair mais pendant le match, face à des joueurs de qualité comme le sont les Strasbourgeois, on finit par faire trop d'erreurs simples".
Le technicien bosnien est conscient de la situation mais privé de leader ou d'aboyeur comme peuvent l'être Laurent Koscielny (blessé) ou Paul Baysse (réathlétisation), ses choix restent improductifs. Après quatre mois de compétition, aucun latéral n'a réussi à s'installer sans faire la moindre boulette. Idem au milieu où Otavio a perdu la flamme, où la recrue Fransérgio demeure une énigme et où le colosse Junior Onana est l'ombre du joueur si brillant de septembre.
Dans une telle situation comptable, le fusible désigné est l'entraîneur. Après le revers concédé face à Brest, le directeur sportif Admar Lopes avait assuré que Petkovic, sous contrat jusqu'en 2024, était "toujours l'homme de la situation". Une phrase répétée mot pour mot en Alsace par l'intéressé qui jouera gros dimanche face à Lyon (10e), mais sait aussi que Bordeaux n'a peut-être pas la surface financière pour le congédier.