Le football est un sport collectif qui devient tout de suite plus simple quand on peut s’appuyer sur certaines individualités hors norme. Ce n’est pas Didier Deschamps qui dira le contraire. Depuis mars 2017, il compte dans les rangs de "son" équipe de France un certain Kylian Mbappé. S’il a parfois déçu ou agacé, l’attaquant français a plus régulièrement encore été décisif et tiré les siens d’une situation mal embarquée, à l’image de son triplé en finale de la Coupe du monde 2022, qui a entretenu l’espoir d’un troisième titre mondial, le deuxième consécutif, avant que les Bleus ne cèdent finalement aux tirs au but (3-3, 2-4 t.a.b. contre l’Argentine).

Hier soir, pas d’étoile en jeu mais une pierre à déposer sur le chemin pouvant y conduire. Et le capitaine tricolore a pris ses partenaires par la main et les a extirpés du piège fomenté par l’Islande, qui semblait pouvoir se refermer sur les Bleus. La faute à leur inefficacité et au cadeau malheureux de Michael Olise, en difficulté pour une fois, pour Andri Gudjohnsen. Kylian Mbappé s’est alors chargé d’égaliser sur penalty juste avant la pause après une faute sur Marcus Thuram. Un but crucial au regard du scénario et symbolique. En marquant au Parc des Princes, là où il avait notamment signé un quadruplé en novembre 2021 contre le Kazakhstan (8-0), le capitaine tricolore a signé son 52e but en équipe de France. C’est un de plus que Thierry Henry, à qui il ravit donc seul la place de dauphin des meilleurs buteurs de l’histoire des Bleus. Un rôle de second qu’il ne devrait pas garder longtemps puisqu’il n’est qu’à cinq longueurs d’Olivier Giroud, jeune retraité international. Un objectif assumé mais qui relève presque de l’évidence. "Il fait tout pour mettre le curseur toujours plus haut. C’est Kylian, un joueur hors norme", note Didier Deschamps, toujours agréablement surpris par les standards que s’impose son capitaine.

"Un joueur libéré"

Buteur redoutable, Kylian Mbappé est aussi un joueur de collectif, sans quoi il n’aurait jamais convaincu son sélectionneur de lui donner tant de responsabilités. Dans son ancien jardin parisien, l’attaquant de 26 ans n’a pas ménagé ses efforts et a ajouté à ses statistiques une 33e passe décisive en Bleus, un record, en servant Bradley Barcola en seconde période. "Il dégage l’impression d’être un joueur libéré, même dans sa communication d’ailleurs. Je l’ai trouvé souriant, léger sur le terrain. Tout est plus fluide avec lui en ce moment. Et effectivement, il a été efficace avec ce but sur penalty, où tu le sens déterminé. Il prend tout de suite le ballon, il assume et il égalise. Et sur le deuxième but, son appel est génial et sa passe pour (Bradley) Barcola est parfaite. Même dans le jeu, ce qu’on lui reproche parfois en disant qu’il décroche trop, je l’ai trouvé intéressant et il a d’ailleurs cherché à entrer dans la surface", a analysé Didier Digard, entraîneur du Havre. Un rayonnement retrouvé loin des quiproquos du début de saison dernière, qui l’avaient vu venir à contrecœur au rassemblement de septembre avant de manquer les deux suivants en octobre et novembre.

Revigoré, épanoui au Real Madrid, Kylian Mbappé en fait profiter l’équipe de France qu’il compte bien encore une fois guider jusqu’à la Coupe du monde, sa compétition fétiche. Hier soir, dans un Parc des Princes éteint, les Bleus avaient bien besoin de leur capitaine pour échapper à l’Islande, et celui-ci a répondu présent. Bien aidé, il est vrai, aussi par l’assistance vidéo qui a annulé l’égalisation islandaise dans les dernières minutes. Sans quoi, le bilan de la soirée aurait peut-être été moins encourageant. En attendant, la France a fait le plein en septembre et compte six points après ses deux premiers matchs de qualifications pour le Mondial 2026.