A quoi tient le destin ? Parfois à pas grand-chose, un détail passé inaperçu. Pour Luis de la Fuente, ce détail est un minuscule article. Invité à s’exprimer lors d’une conférence de l’Université CEU San Pablo à Madrid, le sélectionneur de l’Espagne a révélé que c’est un concours de circonstance et la lecture de la presse sportive qui lui avaient permis d’intégrer la Fédération espagnole de football (RFEF). "Je suis en équipe nationale grâce à un article qui ne faisait pas plus de deux lignes dans un journal sportif et qui se trouvait dans les dernières pages. J'y ai vu que la Fédération cherchait un entraîneur pour les équipes de jeunes et j'ai appelé Iñaki Sáez, qui était mon mentor sportif, pour lui demander s'il y avait une possibilité et j'ai franchi les étapes jusqu'à ce que j'arrive ici", a-t-il rapporté.

Un triplé unique

On est alors en 2013 et le technicien d’Haro recherche un nouveau projet sportif deux ans après un passage raté à Alavés où il ne resta que quelques mois avant d’être licencié. Le destin a voulu alors qu’il intègre le staff des moins de 19 ans espagnols. Le début d’une ascension irrésistible. En effet, Luis de la Fuente fait merveille auprès des jeunes pousses ibériques et aide la génération des Rodri, Mikel Merino et Unai Simon à gagner le championnat d’Europe de la catégorie en 2015 (2-0 contre la Russie).

Promu chez les Espoirs trois ans plus tard, il gagne à nouveau l’Euro en 2019 avec dans ses rangs toujours Merino et Simon mais aussi Dani Olmo, Mikel Oyarzabal (2-1 contre l’Allemagne). Des joueurs qu’il emmènera sur le toit de l’Europe en Allemagne l’été dernier lors de l'Euro 2024 (2-1 contre l'Angleterre), après avoir convaincu les dirigeants du football espagnol de lui faire confiance le 8 décembre 2022 après la démission de Luis Enrique suite à l’élimination de la Roja en huitièmes de finale de la Coupe du monde. Ce triplé européen est d’ailleurs un accomplissement unique puisque Luis de la Fuente est ainsi le seul entraîneur à l’avoir réalisé.

Une ascension dont il est très fier. "C'est très agréable, parce que la vie ne vous donne rien gratuitement et que vous devez le mériter. Je suis très fier du chemin que j'ai parcouru, car personne ne m'a rien donné gratuitement", a-t-il confié à son auditoire avant de donner l’un des secrets de sa réussite. "La clé pour gérer un groupe est de traiter avec de bonnes personnes. Ils ont déjà les aspects techniques et tactiques et il s'agit simplement d'appliquer vos nuances, mais si vous gérez de bonnes personnes et des personnes qui croient en vous, cela vous donne de la tranquillité d'esprit et de la sécurité et vous permet de gérer un groupe plus facilement", a expliqué l’homme originaire de la Rioja avant d'insister sur l’importance d’aussi bien écouter pour bien décider. "J'essaie de diriger un groupe de manière démocratique parce que j'écoute tout le monde, mais en fin de compte, c'est moi qui prends les décisions et c'est moi qui suis responsable. J'aime écouter, valoriser et tout le monde se sent très impliqué et participe à la prise de décision."

Une méthode participative qui a fait ses preuves à tous les niveaux et ramené l’Espagne au sommet, douze ans après son dernier titre majeur. Comme quoi un simple article peut changer le cours d’une vie.