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Dauphin de Pogacar, avenir brillant : qui est Paul Magnier, la nouvelle star du sprint français ?
Le Français Paul Magnier a signé une fin de saison tonitruante dont cinq victoires la semaine dernière sur le Tour de Guangxi, une des dernières épreuves du calendrier 2025.
Ne cherchez pas plus loin l'homme de la fin de saison cycliste. Il est Français, n'a que 21 ans. Mais sa simple présence sur une liste de départ en septembre et octobre était synonyme de bouquets en pagaille. Paul Magnier a fait fort, très fort pour boucler sa première saison complète chez les professionnels. Le coureur de la Soudal Quick-Step a remporté 14 courses en 35 jours et 18 départs. Des chiffres ahurissants, qui ont placé le jeune Tricolore comme deuxième coureur avec le plus grand nombre de victoires de la saison, juste derrière l'ogre Tadej Pogacar.
La semaine passée, Paul Magnier a conclu en beauté 2025 sur le Tour de Guangxi, ultime épreuve World Tour au calendrier. Une, deux, trois, quatre puis cinq victoires d'étapes en six jours de course, le Français a écrasé l'épreuve à chaque arrivée massive. Ce scénario, Magnier l'avait déjà vécu plus tôt la CRO Race début octobre (quatre victoires et une deuxième place en six étapes) et le Tour de Slovaquie (quatre victoires en cinq étapes).
"L'équipe a fait un excellent travail et j'étais en grande forme ces deux derniers mois, mais je ne pensais pas qu'il était possible de remporter cinq étapes, d'autant plus que sprinter sur ces routes larges est différent de ce à quoi je suis habitué", assurait-il pourtant au terme du Tour de Guangxi. "Une fois ma première victoire acquise, j'étais plus détendu et chaque victoire qui a suivi à partir de ce moment-là était un bonus."
Magnier rime avec gagner
Ce bonus, Magnier les ramasse à la pelle. Néo-pro en 2024, le natif des Etats-Unis - à la frontière entre le Texas où son père travaillait et le Mexique - avait déjà mis dans le mille dès sa première course, avec une victoire sur le Challenge de Majorque, le Trofeo Ses Salines-Felanintx, en janvier 2024. Un avant-goût de sa folle saison 2025, conclue avec 19 bouquets, à une victoire seulement de Tadej Pogacar. Aucun Français n'avait signé un total pareil au XXIe siècle (15 victoires pour Arnaud Démare en 2014), et seules deux légendes du cyclisme tricolore ont déjà remporté davantage de victoires que Magnier sur une seule saison : Bernard Hinault (24 en 1979, 20 en 1982) et Laurent Jalabert (23 en 1995).
Le coureur de 21 ans ne s'est pas contenté d'empiler les succès, il l'a fait avec une réussite bluffante. Magnier termine aussi la saison à la deuxième place du ratio de victoires par courses disputées, derrière l'inévitable Pogacar (40 % pour "Pogi", 27 % pour Magnier), et au ratio des victoires par sprint massif disputé derrière son coéquipier Tim Merlier (60 % à égalité avec le Britannique Matthew Brennan et derrière les 73 % de Merlier).
Des chiffres à en donner le tournis, surtout pour un cycliste né en 2004, et qui avale les étapes de son développement quatre à quatre. Capable de gagner en costaud sur une classique comme A travers le Hageland, comme de jouer des coudes sur des arrivées massives sur le Tour de Guangxi, Paul Magnier s'est imposé comme un des plus solides finisseurs du peloton.
Le coureur de la Soudal Quick-Step a passé un cap dans son placement, que son entraîneur Frédérick Broché avait estimé être "sa plus grande progression" à L'Equipe, mais aussi en puissance à l'image de sa quatrième victoire du Tour de Guangxi, vissé sur sa selle. Au même âge, à 21 ans, Marcel Kittel ou Andre Greipel n'étaient même pas encore professionnels. Mark Cavendish ou Alexander Kristoff levaient les bras pour la première fois, mais sur des courses de plus faible envergure.
Un sprinteur, mais pas seulement
Après l'explosion, le phénomène de précocité Magnier va désormais devoir passer à la confirmation. Cela passera notamment en se frottant un peu plus au gratin du sprint mondial. Sa folle fin de saison a, il est vrai, été facilité par un plateau plus abordable, avec Ben Turner ou Danny Van Poppel comme principaux adversaires sur la CRO Race, et Jordi Meeus (tout de même vainqueur de la dernière étape du Tour de France 2023 sur les Champs-Elysées) lors du Tour de Guangxi. En mai dernier, son premier grand Tour, le Giro l'avait vu se "contenter" de trois Tops 10 et d'un podium sur la 6e étape bouclée à Naples. Son directeur sportif l'avait alors tancé, "le Giro n'est pas l'Étoile de Bessèges" avait asséné Patrick Lefevere, jamais avare de criques acerbes.
Le message a semble-t-il été bien reçu. Et Paul Magnier en a désormais d'autres à renvoyer. "Je suis excité de voir ce que je peux faire à un niveau plus élevé l'année prochaine, j'espère pouvoir faire encore mieux", a-t-il lancé après sa victoire sur le Tour de Guangxi. "Mais je vais y aller étape par étape. À un moment donné dans ma carrière, j'espère aussi pouvoir remporter un Monument ou une grande Classique."
"Etre champion du monde un jour"
Un "coureur de classiques qui est capable de bien sprinter", c'est ainsi que Paul Magnier se définit. "Pour moi, Paul n'est pas un pur sprinteur" a insisté Frédérick Broché à L'Equipe. "Sur les montées courtes, les pavés... Il a vraiment le physique d'un Mathieu van der Poel ou Wout van Aert." Magnier s'imagine briller sur les courses d'un jour où son passé de vététiste (3e du format cross-country des Mondiaux juniors en 2022) devrait être atout précieux. Le Français se rêve en disciple de ces sprinteurs polyvalents dans le moule de Mathieu van der Poel, Peter Sagan ou de Tom Boonen, autre ancien de chez Quick-Step phénomène de précocité sur les arrivées massives, avant de devenir un des plus grands chasseurs de Monuments de sa génération.
Et comme Boonen, Paul Magnier envisage "être champion du monde un jour", comme il le clamait sur Eurosport en 2024. "Je souhaite aussi porter le maillot jaune du Tour de France, mais pas de n'importe quelle façon. Après une victoire lors d'un sprint, ça serait pas mal." Pourquoi pas dès 2026, où sept étapes de plat seront au programme lors du parcours dévoilé ce jeudi.












