Ligue 1: Benoît Costil, trois nuances de bleus
L'intersaison mouvementée aux Girondins n'a pas fait vaciller le portier Benoît Costil, irréprochable dans ses performances qui lui ont valu un retour en sélection et qu'il souhaite confirmer.
Deux matches officiels, deux "clean-sheets", que demander de plus quand on est gardien ? Que ça continue. Intérieurement - car il ne s'est pas exprimé publiquement - Benoît Costil a dû savourer cette dernière quinzaine, comme si les nuages qui s'amoncelaient depuis plusieurs semaines au-dessus de lui venaient enfin de prendre congés.
Bleus à l'âme
Le Bordelais se souviendra longtemps de son été 2020 durant lequel, spectateur d'une crise dirigeante inédite, il est passé par tous les sentiments. Heureux de reprendre en juillet après quatre mois d'arrêt, on a prêté à ce confident privilégié - avec trois autres anciens du groupe - de son entraîneur Paulo Sousa des envies d'ailleurs quand la tempête faisait rage en coulisses, par solidarité avec le Portugais. Il n'a pipé mot lors de l'éviction de ce dernier le 10 août, entrainant celle de son mentor Paulo Grilo, coach spécialisé avec lequel il avait noué une relation très forte depuis deux ans et demi.
Ne laissant rien transparaitre, Costil n'a pas tiqué lors de l'arrivée de Fabrice Grange, l'entraîneur de gardiens qui a façonné le Stéphanois Stéphane Ruffier que beaucoup, par ricochets simplistes, voulaient envoyer en Gironde dans les valises de Jean-Louis Gasset. Idem lors de la perte de son statut de capitaine, au profit de son ami Laurent Koscielny, après une explication avec l'entraineur Gasset. "J'en ai parlé avec Benoit, je préfère que ce soit un joueur de champ qui soit capitaine parce qu'il est à mon avis plus près de la situation pour pouvoir diriger". Un choix symbolique, une perte d'influence ?
Bleu de France
Cela ne s'est pas vu dans ses performances du début de saison. Cela n'a pas échappé à Didier Deschamps qui l'avait retenu parmi les 23 lors de l'Euro-2016, l'avait capé quatre mois plus tard contre la Côte d'Ivoire (0-0) mais ne l'avait plus convoqué depuis août 2018, suite à une blessure de Steve Mandanda. Depuis, Costil était redescendu dans la hiérarchie tricolore, le sélectionneur misant sur de plus jeunes gardiens pour le poste de numéro 3. Les péripéties de l'été, entre cas de Covid-19 (Benjamin Lecomte, Mandanda), de manque de temps de jeu (Alphonse Areola) ou de véritable expérience (Édouard Mendy, Paul Bernardoni), ont fait le jeu du Bordelais.
"Il fait partie des 5, 6 gardiens susceptibles à un moment, selon les circonstances, de pouvoir être là". Didier Deschamps
"Benoît a déjà un vécu avec nous, il fait en sorte de garder son niveau de performance aussi, a expliqué Deschamps. Après, tout dépend des résultats de son club et ce qui se passe. On le connait, les joueurs le connaissent aussi. C'est d'abord le terrain. Il fait partie des 5, 6 gardiens susceptibles à un moment, selon les circonstances, de pouvoir être là".
Bleu marine
On peut considérer ces trois jours en sélection comme une bouffée d'oxygène, à condition, cas-contact oblige avec l'attaquant parisien Kylian Mbappé, qu'il ne soit pas rentré en Gironde avec le virus. A 33 ans, Costil, sous contrat jusqu'en 2022, demeure un ambitieux, qui s'est toujours inscrit dans la durée. En sera-t-il encore de même avec Bordeaux, roi de l'instabilité ces deux dernières saisons conclues aux 14e et 12e rangs en L1 ?
Rien n'est moins sûr avec un mercato courant exceptionnellement jusqu'au 5 octobre et avec des clubs plus rayonnant médiatiquement en quête de portier expérimenté. "C'est un professionnel hors pair qui travaille tous les jours et il s'entretient, coupe Gasset. Avec lui, il n'y a jamais eu de doutes. A aucun moment, il n'est venu me dire qu'il avait envie de partir", réfutant ainsi l'idée d'un mal-être répandu ici et là.