Kroos, c'est la base
Le Real Madrid peut à nouveau reprendre la tête de Liga samedi soir, en cas de victoire face au Bétis (32eme journée). Ça pourrait dépendre, comme souvent, des éclairs de Kroos.
A l'instar de Luka Modric, son indissociable compère du milieu au Real Madrid, Toni Kroos a su balayer les critiques d'un revers de pied. Au sortir d'une période plus difficile, qui s'est surtout matérialisée lors de la saison 2018-2019, l'Allemand a confirmé qu'il était d'une trempe différente. Celle qui fait de lui un cadre absolu et incontestable de la Maison Blanche pour la septième année de suite, depuis son arrivée en provenance du Bayern en 2014, alors qu'il était tout frais champion du monde.
Cette saison, le roi de la transversale a déjà délivré huit passes décisives en Liga. C'est d'ores et déjà son meilleur total depuis 2017 et ses douze offrandes. Kroos, bien sûr, a besoin que les autres individualités fortes brillent autour de lui. Dès que c'est le cas et que Karim Benzema, par exemple, resplendit dans tous ses appels, le joueur de 31 ans régale par sa régularité et sa technique. Ce qui est toujours le cas, aussi, en Mannschaft, alors que d'autres monuments ont été écartés par Joachim Löw (Thomas Müller, Jérôme Boateng, Mats Hummels).
Kroos a cette faculté innée, presque toujours inégalée en Europe, pour orienter le jeu de manière simple. Patrick Guillou nous rappelle le catalogue : "L'intelligence, la lecture, l'équilibre, ressortir à la perte du ballon, le sens du placement... Tu lui mets le ballon comme tu veux, dos au jeu, face au jeu ou dans des circonstances compliquées, il te le rendra propre." Il élimine la première ligne par sa première relance verticale, tout en étant également décisif dans les 30 derniers mètres. Et bien sûr, il dépose comme personne des coups de pied arrêtés qui demeurent une arme majeure au Real, notamment quand Sergio Ramos est là pour mettre la tête.
Kroos est un des exemples parfaits de la gestion non moins impeccable de Zinedine Zidane qui, face aux secousses - qui deviennent toujours vite un tremblement de terre au Real -, n'a jamais songé à modifier ne serait-ce qu'une petite partie de son statut. "Il me donne la sensation d'être important", expliquait le joueur en 2017 au site de l'UEFA.
Plus récemment, en septembre 2020, "Zizou" a eu des mots très forts à son endroit (pour Arte) : "Quand je prendrai ma retraite, je dirai que j'ai entraîné Kroos. Sa facilité des deux pieds est fascinante pour moi." Quand Zinedine Zidane dit ça de vous... Avant de conclure sur une note moins attendue : "Il est très calme, mais quand il parle, il ne s'arrête pas. Et j'ai vu de nombreuses discussions où sa participation a finalement été la clé." Là aussi, son coach se retrouve peut-être un peu en lui.