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Finale inoubliable, la surprise Boisson, légendes honorées… Le bilan de Roland-Garros 2025
Au terme de deux semaines spectaculaires marquées par un niveau de jeu exceptionnel, des surprises de taille et des moments d’émotion forts, ce Roland-Garros 2025 restera comme l’une des plus mémorables de l’histoire récente du tournoi parisien.
L'édition 2025 de Roland-Garros a pris fin dimanche après deux semaines de haute volée, parmi les plus belles des annales du tournoi parisien. Retour sur les temps forts de la quinzaine.
Le match : la finale hommes Jannik Sinner - Carlos Alcaraz
Il y a des moments de sport qui restent gravés. Ceux pour lesquels on se souvient comment on les a vécus, où l'on se trouvait. Cette finale entre Jannik Sinner et Carlos Alcaraz est de cet acabit. Il y a tout eu sur le court Philippe-Chatrier. Une intensité magnifique d'abord, puis immense. Un niveau de jeu qui a tutoyé des sommets rares, a fortiori dans une finale de Grand Chelem. Et puis une dramaturgie comme on ose à peine en écrire pour le grand écran.
Sinner a eu une main et quatre doigts sur la Coupe des Mousquetaires, menant implacablement deux sets à un, 5-3, 0-40 sur le service de son adversaire. Donné pour battu, Alcaraz s'est accroché, point par point. Il a effacé trois premières balles de titre, puis est revenu à hauteur de son adversaire avant de le déborder et de forcer une cinquième manche. Cette fois, c'est l'Espagnol qui a semblé en mesure de conclure, impensable alors qu'il était mené deux sets à zéro un peu plus de deux heures plus tôt. Mais comme le temps était suspendu, le numéro un mondial italien a prolongé un peu le plaisir, forçant un super tie-break, le premier de l'histoire de Roland-Garros. Au bout de 5h29, la finale la plus longue jamais vécue porte d'Auteuil, Carlos Alcaraz signe le doublé sur l'ocre parisien en cinq sets (4-6, 6-7, 6-4, 7-6, 7-6) d'anthologie. L'un des plus grands matchs de ce premier quart de siècle, assurément.
La stat : 41 ans
On n'avait plus vu cela depuis 1984 à Paris. Le week-end dernier était réservé au meilleur de ce qu'offre le tennis actuel avec deux finales femmes et hommes entre les numéros un et deux aux classements WTA et ATP. Outre le Sinner - Alcaraz majuscule, le titre s'est joué entre la patronne du circuit Aryna Sabalenka et sa dauphine Coco Gauff. Si cette rencontre n'a pas atteint les mêmes sommets d'exception tennistique, pour ce qui du scénario, le public a été gâté.
Dominée dans le premier set, Gauff est parvenu à remonter la pente et à faire dérailler la Biélorusse. Soudain terriblement nerveuse, Aryna Sabalenka a laissé ses nerfs prendre le contrôle et la faire flancher. Face à la magnifique défenseure qu'est la jeune Américaine de 21 ans, Sabalenka a déraillé enchaînant les fautes directes. Et l'imperturbable Coco Gauff a soulevé un deuxième Majeur mérité, au terme d'un féroce combat de 2h38 (6-7, 6-2, 6-4) dont son adversaire ne ressortira peut-être pas indemne.
La révélation : Loïs Boisson, nouveau rayon de soleil du tennis féminin français
Elle était invitée pour ce tournoi, sa première wild card pour le grand tableau d'un tournoi du Grand Chelem. 361e mondiale avant Roland-Garros, Loïs Boisson en restera un des personnages majeurs. La Dijonnaise a fait souffler un vent de renouveau aussi surprenant qu'enivrant. Tombeuse de la Belge Elise Mertens, tête de série 24 au premier tour, la Française de 22 ans ne s'est pas contenté d'un exploit sans lendemain. Mais bien d'un des parcours les plus fous ces dernières années.
Avec son jeu si propice à la terre battue, sa puissance en coup droit et sa confiance énorme, Boisson a enchaîné en ne laissant que trois jeux à Anhelina Kalinina au tour suivant, puis en dominant sa compatriote et autre belle surprise Elsa Jacquemot. La suite, c'est une victoire renversante sur la numéro trois mondiale Jessica Pegula en huitièmes de finale, puis contre la Russe Mirra Andreeva, demi-finaliste en 2024. Sa défaite sèche en demi-finale contre la future vainqueur Coco Gauff ne doit rien enlever à l'exploit de Loïs Boisson, passée d'inconnue à nouvelle numéro un française du circuit avec un bond de 295 places à la WTA. Les promesses semées par sa qualité de frappe ne demandent qu'à être confirmées.
Les adieux : Rafael Nadal à jamais chez lui sur le Central
Roland-Garros 2025 ne pouvait commencer sans rendre hommage au maître des lieux. Parti un an plus tôt sur une défaite dès son entrée en lice contre Alexander Zverev, Rafael Nadal a cette fois eu son plein moment de gloire. Le Majorquin avait réclamé à l'organisation un moment simple, une communion entre lui, son jardin de terre battue et le public qui l'a si souvent acclamé. La cérémonie fut touchante, les larmes de "Rafa" et ses mots en français des derniers cadeaux à Roland, là où il a triomphé à 14 reprises. "Vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est gratifiant de se sentir aimé, apprécié, à l'endroit qui compte le plus pour soi" a-t-il adressé aux tribunes.
Entouré de Novak Djokovic, Roger Federer et Andy Murray, Nadal a pu contempler une dernière fois sa légende. Et en apprécier une ultime trace. Après sa statue dans les allées, l'Espagnol a désormais sa plaque avec l'empreinte de sa chaussure droite à jamais apposée sur le court Philippe-Chatrier, non loin du filet. Ainsi, sa marque restera toujours, alors que deux semaines plus tard, son héritier désigné Carlos Alcaraz bouclait la boucle de cet opus 2025 en soulevant son deuxième trophée.
Les au revoir : Novak Djokovic a-t-il joué son dernier match à Roland-Garros ?
De tournée d'adieu, il n'est pas question en revanche pour Novak Djokovic. Arrivé avec bien peu de références cette saison avant le Majeur parisien, le recordman des titres en Grand Chelem s'est comme à son habitude sublimé quand l'enjeu était au plus haut. Il s'est hissé en demi-finales, ce qui était déjà une belle performance eu égard à son état de forme en 2025. Surtout, son niveau de jeu n'a eu de cesse d'augmenter avant de rencontrer Jannik Sinner pour une place en finale.
Face à la nouvelle référence du circuit, Djokovic une grande prestation, comme on ne pouvait tout à fait être sûr qu'il en était capable. Contre une écrasante majorité d'adversaires, cela aurait pu suffire pour au moins faire traîner le match en longueur, voire mieux. Mais il en fallait plus pour faire trembler Sinner vainqueur en trois sets bien plus sévères en apparence (6-4, 7-5, 7-6) que l'écart réel entre les deux champions. A 38 ans, la question de revoir le Serbe à Roland-Garros en 2026 est légitime. Et elle restera encore un peu en suspens. "J’étais ému parce que j’ai peut-être joué mon dernier match ici, je ne sais pas" a-t-il assuré après sa défaite. "Mais s’il s’agissait de mes adieux ici, c'était un match merveilleux pour l'atmosphère et ce que j'ai reçu de la part de la foule."
La frustration : les Bleus bien pâles
Si Loïs Boisson a à elle seule ou presque rehaussé le niveau du tennis tricolore cette année porte d'Auteuil, elle fut bien un des seules satisfactions de la quinzaine. Chez les hommes, entre malchance et contre-performances, ce Roland-Garros 2025 ne restera pas comme un grand cru. Des trois têtes de série, une seule a atteint le troisième tour. Mais à quel prix, puisqu'Arthur Fils n'a même pas pu le disputer, blessé au tour précédent et qui voit sa saison sur gazon en péril. Ugo Humbert a lui aussi été trahi par son corps, au 2e tour.
Un stade auquel se sont aussi arrêté Giovanni Mpetshi Perricard, Gaël Monfils, trop court contre la tête de série numéro 5 Jack Draper (après avoir signé un comeback retentissant au 1er tour), Corentin Moutet, battu par Novak Djokovic, ou encore Hugo Gaston, forfait avant même de jouer. Richard Gasquet a, lui, mis un terme à sa carrière en étant expédié par Jannik Sinner au 2e tour, encaissant notamment un 6-0 au 2e set. Seul Quentin Halys aura finalement joué trois rencontres, et est passé près de l'exploit contre Holger Rune, tête de série numéro 10 poussée au cinquième set.