Lewis Hamilton chez Ferrari, la Scuderia renoue avec sa tradition des stars
Le départ annoncé de Lewis Hamilton vers Ferrari pour la saison 2025 a bouleversé le paddock, tout en s'inscrivant dans une longue histoire de l'écurie italienne avec les grands noms de la Formule 1.
"Le transfert du siècle", "Une "bombe"... Le départ de Lewis Hamilton de Mercedes vers Ferrari pour la saison 2025, révélé le 1er février dernier quelques heures seulement après les premières rumeurs, a été un retentissement comme la Formule 1 n'en a que peu connu, et il anime les trois journées d'essais à Bahreïn.
L'avenir du Britannique semblait pourtant scellé avec un contrat déjà signé avec les Flèches d'argent, sa seconde maison dont il porte les couleurs depuis 2013. La tentation d'un départ vers l'Italie comme dernière expérience de sa carrière était visiblement trop forte. Hamilton y a succombé comme de nombreux grands noms de la discipline avant lui.
Ferrari aime et attire les superstars
Ferrari et les pilotes-stars, c'est une grande histoire d'amour, une filiation quasi naturelle entre l'écurie la plus prestigieuse de la F1 et ce qui se fait de mieux au volant. Il faut remonter à Ayrton Senna dans les années 90 pour trouver la trace d'un géant de la monoplace qui n'a pas cédé aux sirènes de l'écurie de Maranello.
Lewis Hamilton poursuit cette tradition après avoir fait l'objet d'une cour plutôt discrète mais assidue de la part de Ferrari depuis de nombreuses années. Dès 2008, son père, aussi son conseiller, est surpris à échanger avec le patron d'alors de la Scuderia, Stefano Domenicali.
"Un rêve d'enfant"
De l'aveu même de l'intéressé, conduire pour Ferrari est un "rêve d'enfant" comme il l'a exprimé dans sa première réaction suite à sa signature. "Pendant des années, dès que je venais à Monza et voyais les fans, je les entendais dire : 'Viens chez Ferrari !', racontait déjà Hamilton en 2021, à Sky Italia. Ça me réchauffe le cœur et c'est assez incroyable que je n'aie jamais couru pour Ferrari après tant d'années. Car c'est un rêve pour tout le monde, un objectif à atteindre."
Cette attraction irrépressible, les pilotes ne cessent de la raconter, de tous temps, ce quels que soient leurs propres performances personnelles ou celles de Ferrari dans le même temps. Quadruple champion du monde, Sebastian Vettel avait vu le pari de rejoindre la Scuderia plus intriguant que de rester dans le confort de la victoire chez Red Bull. "Tout le monde est fan de Ferrari", assurait-il en 2016. "Même quand les gens ne le sont pas, ils sont des fans de Ferrari." "Quand tu gagnes avec Ferrari, c’est magique", ajoutait Alain Prost à l'Equipe en mars 2023. "Si tu rentrais en Italie par avion, ils détournaient les vols d’Alitalia pour te laisser atterrir en priorité, et ce n’est pas une image."
De Fangio à Alonso en passant par Prost et Schumacher...
Des pilotes les plus titrés de l'histoire de la F1, presque tous ont porté les couleurs rouges. Des 34 pilotes sacrés dans l'histoire de la discipline, près de la moitié ont un jour conduit – ou conduiront dans le cas de Hamilton - pour la Scuderia. Et de ces 16 champions du monde passés chez Ferrari, sept ne l'ont pas été avec l'écurie au Cheval Cabré, le rejoignant après avoir déjà glané leurs premiers lauriers.
De Juan Manuel Fangio, une des premières grandes stars de la F1 dans les années 50, à Alain Prost, Michael Schumacher ou Fernando Alonso, tous avaient remporté plusieurs couronnes avant de rejoindre l'écurie italienne.
Porter le rossa n'est pas pour autant la garantie du succès, alors que Lewis Hamilton pourchasse l'éternité et un huitième titre record pour dépasser Michael Schumacher. L'Allemand était devenu avec le Ferrari mené par Jean Todt "le Baron Rouge" au début des années 2000, empilant les trophées au terme d'une reconstruction progressive de l'écurie. A 40 ans en 2025, Hamilton n'aura sans doute pas la possibilité d'être aussi patient, malgré un contrat "pluriannuel".
Les grands noms ne font pas toujours les grandes histoires
"LH44" espère connaître le même succès qu'avec Mercedes, où son arrivée avait coïncidé avec une nouvelle réglementation technique, comme la Formule 1 en connaîtra une importante en 2026. Une possible opportunité pour la Scuderia de retrouver le fil de sa gloire passée. Comme Alain Prost ou Nigel Mansell avant eux, les derniers cadors passés par Maranello Fernando Alonso ou Sebastian Vettel s'y sont cassés les dents. Ferrari n'a plus remporté de titres pilotes depuis Kimi Räikkönen en 2007, alors que sa dernière couronne constructeurs date d'un an après, en 2008.
Quinze ans plus tard, bien maigre consolation, l'écurie s'est montrée comme la seule capable de mettre l'hégémonie de Red Bull sur pause en 2023 avec la victoire de Carlos Sainz à Singapour, la seule qui a échappé à la firme autrichienne. Ce à quoi l'arrivée de Lewis Hamilton, aussi grand soit son palmarès, ne pourra à elle seule tout changer.