L'année 1984 restera comme une année exceptionnelle pour le football français. En l'espace d'un été, l'équipe de France de football a décroché son premier titre sur la scène internationale en remportant l'Euro à domicile, emmené par un Michel Platini flamboyant, puis a décroché la première médaille d'or olympique de son histoire quelques semaines plus tard.

Pour les Jeux Olympiques de Los Angeles 1984, le comité olympique avait autorisé la participation de joueurs professionnels, à condition qu'ils n'aient pas disputé les éliminatoires puis la Coupe du monde 1982. Henri Michel avait ainsi concocté une belle équipe de France A', emmenée par les Dominique Bijotat, José Touré, Didier Sénac, Guy Lacombe, François Brisson et autres Daniel Xuereb, le facteur X de cette formation olympique qu'il résume ainsi : « une équipe de copains, une équipe soudée ».

Le premier objectif, voir le village olympique

Pour les Bleus, l'histoire ne débute pas à Los Angeles mais à plus de 4 000 kilomètres de là ! La phase de groupes a effectivement eu lieu dans le Maryland, à Annapolis, loin de l'effervescence de la Cité des Anges. Pour voir Los Angeles et surtout intégrer le village olympique afin de côtoyer les plus grands athlètes du monde, il fallait se qualifier pour les phases finales, ce que la France a brillamment su faire en terminant à la première place de son groupe.

Il y a d'abord eu un match nul 2-2 frustrant, concédé à la 90e minute face au Qatar, puis un succès 2-1 contre la Norvège avec un doublé de François Brisson, avant de terminer par un nouveau match nul contre le Chili (1-1).

Une équipe talentueuse et efficace

Arrivés à Los Angeles, les Français ont alors disputé leur premier match dans le Rose Bowl de Pasadena. En quarts de finale face à l'Egypte, c'est alors Daniel Xuereb qui sort du lot avec un doublé pour hisser les siens à une marche d'une finale historique (2-0). C'est le tournant du tournoi, le match qui a permis à tout un groupe de prendre conscience de ses qualités.

« On avait une défense et un milieu de terrain très costaud. Ça passait pas. Il y avait des joueurs de devoir, de la technique, de la hauteur. Il y avait tout ce qui fallait. Et devant, on se débrouillait. On se créait toujours des occasions, par notre vitesse. On était aussi bien guidés par notre coach qui avait un projet de jeu qui s'est bonifié au fil des matchs », s'est remémoré Daniel Xuereb.

Auteur d'un doublé en renard des surfaces, d'une tête piquée et d'une superbe reprise de volée sur deux centres au millimètre, Daniel Xuereb est alors devenu le symbole de cette équipe, par son talent et son efficacité.

« J'étais opportuniste, et j'avais quelques qualités, pas mauvais de la tête. Disons que j'étais un joueur assez complet, sans être une vedette. C'était un peu le reflet de cette équipe. Ça a été mon équipe. C'est là où je me suis affirmé. Quand on est bien dans une équipe, on trouve des solutions plus facilement », a-t-il poursuivi au micro du podcast Des Bleus en or.

Dans une demi-finale sous haute tension face à la Yougoslavie, les Bleus ont dû passer par les prolongations après avoir mené 2-0 après 15 minutes de jeu grâce à deux buts exceptionnels, un raid solitaire de Dominique Bijotat, et un coup-franc de Philippe Jeannol. La délivrance est cette fois venue de Guy Lacombe d'une reprise du gauche à la 96e, puis de Daniel Xuereb à la 119e pour sceller un succès 4-2 synonyme de finale face au Brésil !

Comme dans un rêve

C'était la finale rêvée, face aux Brésiliens d'un certain Dunga. Et ce 11 août 1984, dans un Rose Bowl contenant plus de 100 000 spectateurs, les Bleus ont parfaitement répondu présent, en faisant face au jeu virevoltant des Brésiliens avec encore une fois une grande efficacité.

Le centre parfait de Jean-Philippe Rohr trouvait la tête de François Brisson pour l'ouverture du score à la 55e minute. Cinq minutes plus tard, c'est l'inévitable Daniel Xuereb qui a doublé la mise, à l'affût sur une frappe de Dominique Bijotat. Vainqueurs 2-0, les hommes d'Henri Michel ont ainsi réalisé un exploit unique dans l'histoire du football français.

« France - Brésil en finale des Jeux Olympiques, qui l'aurait cru au départ ? Personne », a conclu Daniel Xuereb. « On s'est pris au jeu. Ça aurait été dommage d'arriver au village olympique pour repartir les mains vides. Au départ on pensait peut-être à une médaille de bronze. Finalement, ça a été l'or, et je trouve que sur l'ensemble de notre tournoi, ça a été mérité. C'était une juste récompense ».

Cette aventure a permis à bon nombre de joueurs de continuer à progresser. Meilleur buteur des JO, Daniel Xuereb a notamment fait partie de la sélection de l'Equipe de France pour la Coupe du Monde 1986. Depuis quarante ans en revanche, aucune équipe tricolore n'a réussi à se hisser à nouveau jusqu'en finale. Qui sait, cette année sera peut-être la bonne ?