Ce sont deux médailles au métal différent mais au goût similaire pour Maxime Grousset et Yohann Ndoye-Brouard. Lundi, le premier des deux décrochait l’or sur 50m papillon, discipline qui sera nouvellement olympique aux Jeux de Los Angeles. Le Néo-Calédonien s’imposait en 22”48, seulement 3 centièmes devant le Suisse Noè Ponti, après avoir dominé les séries et les demi-finales auparavant. Une victoire qui le comblait de bonheur au moment de quitter le bassin. Un an après son échec à Paris, lui qui était reparti sans médaille individuelle, la sensation du succès est encore plus agréable. “Ça fait encore plus de bien, ça fait vraiment plaisir ! C'était une année compliquée l’année dernière. Mais, c’est des choses qui rassurent. On ne fait pas tout ce travail pour rien”, expliquait Grousset en zone mixte quelques minutes après son titre.

Le nouveau recordman de France savoure

Le second glanait lui le bronze sur 100m dos ce mardi. Comme il en a l’habitude, le natif de Chambéry s’appuyait sur un retour foudroyant sur le dernier 50, après avoir contrôlé lors de l’aller. Dans les ultimes hectomètres, il était même à la bataille pour aller chercher les deux premières places finalement obtenues par le Sud-Africain Pieter Coetze en 51”85 et l'Italien Thomas Ceccon en 51”90. Mais Yohann Ndoye-Brouard (24 ans) se satisfait amplement de son résultat. D’autant qu’avec son chrono de 51”92, il bat au passage le précédent record de France vieux de presque 10 ans. Le nageur tricolore ne pouvait retenir ses larmes au moment d’arriver au micro de France Télévisions. “Je l’ai fait, je suis trop content”, parvenait-il à peine à balbutier avant de reprendre doucement ses esprits. “Je savais en arrivant là qu'il fallait nager en moins de 52'', et je l'ai fait ! Merci Camille (Lacourt, précédent détenteur du record en 52''11) parce que tu relèves le niveau de la natation, ça fait dix ans que je veux battre ce record, et je l'ai fait donc je suis trop content.” Lui aussi n’avait pu obtenir de médaille personnelle à Paris. Cette performance est donc d’autant plus savoureuse.

Une introspection nécessaire après Paris

Les deux hommes se sont enfermés dans le travail depuis ces JO à la maison et se sont renforcés mentalement. Maxime Grousset a bousculé ses habitudes. “J’ai fait une introspection après ces Jeux Olympiques, on ne va pas se mentir. J’ai su mettre en place des choses, des clés psychologiques et physiques, un nouveau physio, pas mal de choses différentes”, lançait le nouveau champion du monde du 50m papillon à nos confrères de L’Équipe après sa victoire. Le natif de Nouméa s’est même mis au yoga pour se recentrer sur lui-même et canaliser ses émotions. Yohann Ndoye-Brouard a lui acquis davantage de maturité. “Il est plus posé, plus attentif”, raconte le Directeur Technique National Denis Auguin. “Depuis plusieurs mois on voit des choses qui se mettent en place dans tout ce qu’il fait. Il est dedans, il réussit toutes ses compétitions, tous ses meetings. Il y a des signes qui ne trompent pas.”

Preuve en est son attitude juste avant la finale. “Quand j'ai parlé avec mes coaches, Michel (Chrétien) m'a dit : ‘Tu la tentes ce soir ?’ (Partir fort dès le premier 50m) J'ai dit : ‘Non, il faut que je reste sur mes atouts, c'est le retour. Je les aurai au retour, faut que je reste calme.’ Et je l'ai fait, je suis trop content”, détaillait le nouveau médaillé de bronze à France Télévisions. “Je savais que ça pouvait passer, mais je pouvais aussi finir au pied du podium. J’ai regardé le plot, j’ai vu qu’il était allumé, et c’était fou. Ça fait trois fois que je le regarde et qu’il ne s’allume pas... Je suis content, parce que j’ai vraiment beaucoup bossé.” Il n’y a pas si longtemps, aux JO de Tokyo en 2021, Ndoye-Brouard avait été moqué lorsqu’il se faisait disqualifier en demi-finale du 100m pour avoir rater son virage en se cognant la tête dans le mur. Quelque temps plus tard, on apprenait qu’il était atteint d’un kératocône, un problème oculaire lui troublant sa vision et expliquant ses difficultés à aborder les tournants. Désormais, ces embarras sont derrière lui.

Des championnats du monde loin d’être terminés

Le Français a parfaitement lancé sa compétition à Singapour et peut viser d’autres breloques. Il sera engagé sur le 200 m dos, ainsi que sur le relais 4x100 m quatre nages. Pour Grousset, le programme est encore plus chargé. Déjà qualifié pour la finale du 100m nage libre (prévue ce jeudi), le nageur de 26 ans sera également en lice sur le 50m nage libre, le 100m papillon (dont il est le champion du monde en titre) ainsi que le relais, aux côtés de Ndoye-Brouard. Avec la confiance accumulée, les deux revanchards sont parfaitement lancés pour réaliser une semaine dorée.