Roberto De Zerbi, trajectoire inattendue
Attendu à l'Olympique Lyonnais cet été, c'est finalement du côté du Shakhtar Donetsk que Roberto De Zerbi a posé ses valises.
Les vingt, vingt-cinq premières minutes ukrainiennes du match entre le Shakhtar Donetsk et l'AS Monaco la semaine passée lors du barrage aller de la Ligue des Champions ont été d'une extrême beauté. Pour les amoureux du football et du beau jeu, l'aisance dévoilée par les joueurs de Roberto De Zerbi pour faire vivre le ballon a été au mieux rafraichissante au pire une révélation. Après Paulo Fonseca et Luis Castro, Donetsk a la chance d'accueillir un grand nom comme l'Italien. Après une carrière de joueur de près de quinze ans, le natif de Brescia a quitté le terrain pour le banc où il a fait ses débuts au Darfo Boario, une équipe de Serie D italienne. Une expérience de deux ans à Foggia et seulement treize matchs à Palerme plus tard, De Zerbi pose ses valises à Benevento en octobre 2017 où il découvre la première division. Ses débuts dans le grand bain sont encourageants mais sa formation est reléguée à la fin de la saison et l'Italien décide de quitter la région de la Campanie pour Sassuolo. Là-bas, il met en place une révolution de style. Un football courageux et offensif, où l'on retrouve possession, ambition et prise de risque. En trois ans, l'ancien joueur parvient à hisser l'équipe à la huitième place de Serie A durant les deux dernières saisons. Au delà des résultats, c'est la manière de jouer qui a été la marque de fabrique de l'entraîneur de 42 ans. Son jeu pratiqué et sa capacité à faire progresser ses joueurs ont fait de lui, un technicien recherché à travers l'Europe. Pour preuve, Manuel Locatelli, Giacomo Raspadori et Domenico Berardi, hommes forts de la saison passée à Sassuolo, ont été sélectionnés par Roberto Mancini pour disputer l'Euro 2021 avec l'Italie.
Une vision propre à lui
Bien que reconnu par toute la Grande Botte, Roberto De Zerbi prend seul la décision de partir en mai dernier. « Avant le match contre le Genoa (9 mai), j'ai annoncé au club ma décision de partir, parce que je pense avoir atteint le maximum. C'est un choix difficile, mais je ne pense pas pouvoir apporter plus à cette équipe. Peut-être qu'un autre entraîneur fera mieux. Après trois ans dans l'exigence et en discutant avec le club, je pense que nous sommes au sommet, de tous les points de vue. » Comme toujours avec lui, il est maître de la situation. Alors que l'OL est sur ses rangs cet été, l'Italien choisit de rejoindre le Shakhtar Donetsk en Ukraine. Surprenant ? Pas tellement si l'on suit sa carrière de joueur...
Dans une récente interview à RMC Sport, l'entraîneur évoquait cette décision : « Comme j’aime ma liberté, je cherche des endroits où je peux travailler librement en étant moi-même. Je ne cherche pas un banc qui me fera gagner je ne sais quel trophée, je ne cherche pas un banc qui me fera gagner des millions d’euros ou qui a un nom prestigieux juste pour avoir le plaisir de dire que c’est un nom prestigieux. Je veux travailler avec mes idées et avec ma personnalité. Si aujourd’hui, je suis arrivé au Shakhtar qui est pour moi un top club, c’est parce que les conditions étaient réunies pour que je sois moi-même ici. Donc la question n’est pas de savoir si un jour je serai prêt à aller dans les (grands) clubs, mais de se demander si un jour ces clubs seront prêts à me donner cette autonomie qui me permet de travailler comme je veux. Je ne cherche pas nécessairement ce qui brille. Si je ne suis pas bien à un endroit, j’ai cette liberté en moi qui me fera partir du jour au lendemain. » Contre Monaco ce soir, avec un avantage d'un but, il a l'occasion de permettre au Shakhtar Donetsk de rejoindre une nouvelle fois la phase de groupes de la Ligue des Champions Amoureux de la liberté à la passion débordante pour le football et doté d'un caractère bien trempé, Roberto De Zerbi s'est acheté en Ukraine le luxe recherché par tous les entraîneurs pour développer leurs idées : le temps.