Igor Tudor : un pompier de service au tempérament de feu
Après l'OM et la Lazio Le technicien croate a réussi une nouvelle mission en qualifiant la Juventus pour la Ligue des Champions la saison prochaine. Quid de la suite ?
Les prétendants étaient nombreux parmi ceux qui espéraient accompagner Naples, l'Inter et l'Atalanta Bergame pour disputer la Ligue des Champions la saison prochaine. Il aurait pu y avoir de bien belles histoires, notamment parmi les coachs, entre le retour en grâce de Claudio Allegri avec la Roma, la reprise en main réussie du FC Bologne par Vincenzo Italiano avant de craquer complètement en fin d'exercice, ou encore le retour à Milan de Sergio Conceiçao, dont l'idylle n'aura finalement pas duré.
Au milieu d'une grosse concurrence, c'est finalement Igor Tudor qui a réussi à arracher la quatrième place avec une Juventus qu'il a récupéré en grande difficulté à la mi-mars après avoir concédé deux revers de suite en Serie A et subi une élimination en barrage de la C1 face au PSV Eindhoven. Le technicien croate avait neuf matchs pour remonter la pente et donner une vraie identité de jeu à l'équipe de la Vieille Dame, avec pour objectif de la qualifier pour le top 4.
Une équipe en progression
Deux mois plus tard, l'objectif est accompli et même s'il a fallu attendre les derniers instants du dernier match remporté à Venezia (2-3), les Juventini l'ont fait, et Igor Tudor y est pour beaucoup ! « Il y a eu beaucoup d'émotions, une adrénaline folle compte tenu de l'enjeu, mais nous avons mérité notre objectif », a-t-il lâché après le match.
Ses grands succès auront été d'avoir su imposer son système de jeu, entre 4-2-3-1 et 3-4-2-1, d'avoir donné les clés du jeu à Képhren Thuram et Manuel Locatelli dans l'entre-jeu ainsi qu'à Kenan Yildiz un cran au-dessus, et d'avoir mieux géré l'épineux cas du numéro 9 entre un Dusan Vlahovic qui a progressivement retrouvé des sensations au terme d'une saison cauchemardesque, et un Randal Kolo Muani qui aura été précieux jusqu'au bout. Jusqu'à ce dernier penalty d'un autre homme fort de la deuxième partie de saison, Manuel Locatelli.
"Notre progression a montré que nous sommes une équipe sérieuse", a réagi le gardien Michele Di Gregorio. "Parfois, les résultats et les réactions ont manqué. La saison a été longue et compliquée, mais notre réaction sur ce dernier match n'a pas été facile. Nous sommes une équipe jeune, mais la réaction d'aujourd'hui a été forte. Après tout, nous sommes la Juve et nous savons que la quatrième place ne suffit pas, nous devons gagner et, dès l'année prochaine, nous devrons inverser la tendance pour viser plus haut".
Des précédents à l'OM et à la Lazio
Igor Tudor, c'est aussi un coach de tempérament, de caractère, qui n'hésite pas à faire des choix forts pour imposer sa patte. Comme ça a été le cas à Marseille puis à la Lazio, il a gardé le même modus operandi à Turin, ce qui a pu donner lieu à des discussions enflammées avec son directeur sportif, Cristiano Giuntoli.
Déjà à Marseille en 2022-2023, Igor Tudor avait laissé l'empreinte d'un coach à poigne aux idées bien arrêtées. De nombreux cadres de l'équipe comme le Brésilien Gerson, Mattéo Guendouzi et bien sûr Dimitri Payet, en ont fait les frais. Les débuts avaient été délicats en préparation, le coach avait même été sifflé avant sa première au Vélodrome. Mais à l'arrivée, il avait su conquérir le coeur des supporters par son identité de jeu, franche et directe, exigeante physiquement et portée sur l'attaque pour coller avec la devise du club olympien : Droit au but. S'il n'a pas réussi à qualifier l'OM directement en Ligue des Champions, sa troisième place lui avait offert une sortie honorable, avec en prime une victoire en Coupe de France face au PSG qui avait marqué les esprits.
A Rome aussi lors de la deuxième partie de saison suivante, sa mission a été courte mais couronnée de succès, avec six victoires et trois nuls en onze matchs pour arracher une 7e place, synonyme de qualification en Ligue Europa, où les Biancocelesti sont arrivés jusqu'en quart de finale cette saison. Mais là aussi, son passage avait été tumultueux. Comme à Marseille, où son départ avait été annoncé avant la fin de la saison, l'issue avec le club romain était rapidement devenu inévitable, officiellement en raison des ambitions "trop élevées" de Tudor.
En position de force avant la Coupe du Monde des Clubs
Pour cette nouvelle mission sauvetage, les rapports ont une nouvelle fois pu être tendus, mais l'objectif a été atteint, et Igor Tudor se retrouve maintenant en position de force. Avec la Coupe du Monde des Clubs qui se profile, c'est le Croate qui a les cartes en mains pour défendre son bilan, et tenter de forcer le destin.
Lui, voudrait rester la saison prochaine, ce qui ne serait pas forcément le premier choix de la direction de la Juve, qui restera vigilante au regard des opportunités qui pourraient se présenter. L'accord doit donc être trouvé avant la mi-juin, sans quoi Igor Tudor plantera purement et simplement le club turinois juste avant le début de la compétition sous son nouveau format, à 32 équipes.
Cette fois le ballon est dans le camp des dirigeants turinois qui vont devoir trancher, et vite. S'il venait à ne pas prolonger, Igor Tudor resterait comme le gagnant de l'opération et pourrait continuer à prétendre entraîner de grands clubs, en Italie, mais également en Europe.