Le calice jusqu’à la lie. Les supporters de Manchester United auront donc vécu un cauchemar jusqu’au bout dans un Old Trafford qui porte désormais terriblement mal son surnom de "Théâtre des rêves". Depuis quelque temps, l’enceinte mancunienne s’est transformée en maison des horreurs où les cauchemars se succèdent à un rythme effrayant.

"Nous n’avons plus cette peur"

Hier, les hommes de Ruben Amorim ont dominé, mais avec trop de stérilité (20 tirs, mais 5 cadrés, ndlr) pour ne pas s’exposer. Or, cette équipe n’a aucune marge et craque beaucoup trop facilement, surtout en Premier League. Aussi, elle a été punie à deux reprises : Tomáš Souček d’abord en première période, puis Jarrod Bowen avant l’heure de jeu. Jamais elle n’a ensuite su réagir. Au coup de sifflet final, le manager portugais baissait la tête et accusait le coup. "Nous perdons le sentiment que nous sommes un grand club et que c'est la fin du monde de perdre un match à domicile. Si nous n'avons pas peur de perdre un match comme Manchester United et que nous n'avons plus cette peur, c'est la chose la plus dangereuse qu'un grand club puisse avoir", s’est inquiété l’ancien du Sporting.

Si Manchester United restera toujours un club aussi immense qu’illustre, il n’a pas honoré son statut cette saison et encore moins à domicile. Le constat de Ruben Amorim intervient alors qu’hier l’institution mancunienne a enchaîné un 7e match sans victoire à Old Trafford (2 nuls et 5 défaites), sa pire série en Premier League depuis celle s’étant étalée en septembre et novembre 1992 (5 nuls et 2 défaites), tout en concédant sa 9e défaite de la saison à domicile. Il s’agit tout simplement du pire total de son histoire, à égalité avec les saisons 1930-1931, 1933-1934 et 1962-1963. Le présent exercice entre également dans le livre noir des Red Devils comme la campagne où ils auront récolté le moins de points depuis 94 ans (29 points sur 57).

Bilbao pour se "sauver"

Au-delà de la gabegie à domicile, Manchester United réalise l’une des pires saisons de son histoire. Seizième, le club a perdu 17 fois en championnat, ce qui ne lui était plus arrivé depuis sa relégation en 1973-1974. Si le spectre d’une chute à l’étage inférieur est écarté, les prochaines semaines promettent d’être pénibles du côté de Carrington. "Tout le monde ici doit réfléchir sérieusement à beaucoup de choses (…) Je parle de moi, de la culture du club et de la culture de l'équipe. Nous devons changer cela. C'est un moment décisif dans l'histoire du club. Nous devons être très forts cet été et faire preuve de courage, car nous ne pourrons pas vivre une saison prochaine comme celle-là. Si nous commençons comme ça, si le sentiment est toujours là, nous devrons donner la main à d'autres personnes", a prévenu Ruben Amorim, visiblement affecté et balayant l’idée qu’un titre en Ligue Europa pourrait sauver ce qui peut encore l’être. "La finale est le cadet des soucis de notre club. Nous devons changer quelque chose de plus profond. Actuellement, jouer en Premier League ou en Ligue des champions, c’est comme aller sur la Lune. Nous devons en avoir conscience", a-t-il ajouté.

Une victoire en C3 le 21 mai prochain contre Tottenham, aussi à la dérive en championnat d'Angleterre (17e), pourrait néanmoins servir à opérer une bascule et amorcer un nouveau cycle plus vertueux. La chance des Red Devils est que ce match aura lieu à Bilbao, loin, très loin de Manchester.