Depuis hier, José Mourinho est de nouveau entraîneur du Benfica Lisbonne. Un retour aux sources pour l’entraîneur portugais de 62 ans qui avait commencé sa carrière sur le banc lisboète il y a 25 ans. Des débuts auxquels João Tomás avait assisté aux premières loges.

"Il était différent"

Arrivé le 31 janvier 2000 en provenance de l’Académica Coimbra, l’attaquant portugais a vu débarquer en septembre de la même année un jeune technicien de 37 ans, dont les seules expériences avaient été des rôles d’adjoint, notamment au FC Barcelone où il assista Bobby Robson puis Louis van Gaal. Propulsé aux commandes de Benfica, José Mourinho n’a pas tardé à impressionner son vestiaire. "Il était différent d'un point de vue technique, tactique, mental et même personnel. Jusque-là, je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme lui. Et j'ose dire que je n’en ai plus jamais revu. C'est pourquoi je dis clairement qu'il était un professionnel exceptionnel", témoigne João Tomás à Record.

Un professionnel qui l’a aidé à exprimer son potentiel. Muet après les quatre premières journées de l’exercice 2000-2001, l’attaquant originaire d’Oliveira do Bairro se révèle à l’arrivée de son compatriote à la fin septembre. Sur les dix matchs suivants, il plante huit des seize buts de sa saison, ce qui lui permet d’être appelé en équipe nationale et de connaître en novembre 2000 la première de ses trois sélections. Sur cette période, Benfica aligne cinq victoires, trois nuls et deux défaites. De bons débuts, mais tout s’arrête brusquement début décembre après la victoire contre le Sporting (3-0) et surtout la défaite aux élections du président sortant João Vale e Azevedo, responsable de la venue de José Mourinho. Le nouveau dirigeant, Manuel Vilarinho, congédie le jeune entraîneur, honorant sa promesse de nommer Toni. "Ce sont des moments qui restent gravés dans la mémoire, mais qui se sont arrêtés là ; de ce point de vue, celui de la relation professionnelle, il n'y avait aucun moyen de continuer. Ce que je peux dire, c'est qu'à l'époque, tout le monde a beaucoup regretté son départ. L'histoire aurait pu être écrite différemment, tant au niveau individuel que collectif. Nous pourrions spéculer là-dessus, mais c'est ainsi", rembobine João Tomás.

Le pressentiment d’un destin hors du commun

Vingt-cinq ans après, ce scénario aurait pu se reproduire, mais José Mourinho a été assuré que le résultat des élections présidentielles prévues en octobre prochain n’aurait aucune incidence sur son poste. Une garantie que le Special One doit au statut acquis tout au long de son parcours à travers l’Europe, marqué par deux victoires en Ligue des champions (2004 avec le FC Porto et 2010 avec l’Inter Milan). Un parcours que João Tomás n’aurait pu imaginer, mais qu’il pressentait. "À l'époque, si j'avais dit que j'avais le sentiment qu'il serait l'un des meilleurs du monde, j'exagérais peut-être, mais nous étions conscients que nous avions devant nous un entraîneur différent qui rompait avec le standard existant. Je m'en souviens et l'histoire était écrite", a indiqué l’ancien attaquant, aujourd’hui âgé de 50 ans.

Si l’histoire était écrite, le chapitre du retour à Lisbonne l’était aussi. Reste à savoir ce qu’il réserve aux Águias. "On ne peut pas comparer l'impact qu'a eu José Mourinho en entrant dans les vestiaires de la Luz le 20 septembre 2000 avec celui qu'il pourrait avoir s'il y entrait le 18 ou le 19 septembre 2025. Il s'agit bien de la même personne, mais son parcours dans l'histoire du football est aujourd'hui totalement différent de ce qu'il était il y a 25 ans. Après 25 années de victoires impressionnantes, le José Mourinho qui pourrait rejoindre Benfica aujourd'hui n'est plus le même", a présenté João Tomás au quotidien sportif portugais, qui s’exprimait avant la nomination officielle de José Mourinho. Différent, le Portugais l’est assurément un quart de siècle plus tard, mais il a conservé une chose : son ambition débordante. Empêché d’aller au bout de ses idées lors de son premier passage, le natif de Setúbal entend bien cette fois imprimer sa marque à Benfica.