L’histoire de Karim Benzema avec l’équipe de France a tout d’une relation contrariée. Même s’il a honoré 97 sélections et marqué à 37 reprises, l’attaquant de 37 ans a connu une longue éclipse pour ce qui ressemble à des raisons extra-sportives avant un retour aussi étonnant que réussi, puis de disparaître comme par enchantement à quelques heures de l’entrée en lice des Bleus lors de la Coupe du monde 2022.

Si certains y verront un gâchis, une œuvre inachevée, l’ancien Lyonnais refuse ces qualificatifs. "J’ai fait ce que j’ai fait. J’ai tenté, j’étais là. Ce n’est pas passé, c’est comme ça. Je n’ai pas joué en équipe nationale pendant six ans (8 octobre 2015-2 juin 2021). Je suis revenu, j’ai gagné la Ligue des nations (2021). On est allés à l’Euro, j’ai brillé (4 buts, ndlr), mais on a été éliminés (3-3, 4-5 t.a.b. contre la Suisse en huitièmes de finale). C’est la vie. Donc inachevé, je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas comme ça que je vois mon passage en équipe de France", a assuré Karim Benzema dans un long entretien accordé à L’Equipe.

"Si on m’appelle en équipe nationale, je viens pour jouer au foot. Et ça s’arrête là"

Trois ans après l’avoir quitté au Qatar, à l’aube d’une campagne mondiale qui allait s’achever en finale (3-3, 2-4 t.a.b. contre l’Argentine), l’attaquant d’Al-Ittihad n’a plus figuré dans le groupe tricolore. Un constat qu’il ne considère pas comme une fatalité. "Je suis un joueur de foot. Donc je joue au foot. Quand on m’appelle, je viens, je joue. J’ai des objectifs dans ma tête. J’aime le foot et j’aime gagner. J’aime les trophées. C’est ce qui m’importe le plus. Là, je suis dans mon club. Si on m’appelle en équipe nationale, je viens pour jouer au foot. Et ça s’arrête là", a-t-il expliqué.

Capitaine de l’équipe sacrée championne d’Arabie saoudite la saison passée, Karim Benzema se tient prêt et à la disposition de Didier Deschamps, encore plus avec la perspective de participer à la Coupe du monde. "Qui n’a pas envie de jouer la Coupe du monde ? Tout le monde a envie de jouer cette compétition. Comme je suis quelqu’un qui aime le foot et la compétition, forcément, si tu me dis d’aller en équipe de France pour jouer une Coupe du monde et que je te dis non, je suis un menteur", a dit avec franchise celui qui n’a connu qu’une seule phase finale mondiale en 2014 au Brésil.

"Je viens faire quoi en équipe de France ?"

S’il est prêt à revenir, la légende du Real Madrid reste néanmoins lucide sur sa situation. "Est-ce qu’on peut me prendre… (…) Ce n’est pas une histoire de ne plus avoir envie de revenir en équipe de France. Mais il faut se poser la question : je viens faire quoi en équipe de France ? Là on parle d’une Coupe du monde", a-t-il rappelé. Une compétition particulière où la notion de groupe prend une autre dimension. Quand on connaît l’importance primordiale qu’accorde le sélectionneur tricolore à cette notion, difficile de l’imaginer bouleverser les équilibres patiemment construits ces derniers mois, notamment en attaque où tout gravite autour du capitaine Kylian Mbappé.

Ouvert à un (nouveau) retour, Karim Benzema sait que son destin avec l’équipe de France n’est pas pleinement entre ses mains. Aussi, il entend se concentrer sur ses performances en club, avec le secret espoir d’une convocation au printemps 2026 pour relever un dernier défi en bleu, histoire d’achever ce qu’il a commencé le 28 mars 2007, date de sa première apparition avec le maillot frappé du coq.