La Coupe du Monde 2022 approche à grands pas et le Qatar a déjà passé la vitesse supérieure. D’un point de vue logistique bien sûr, mais également sur le plan sportif. Et rien de mieux que la Coupe d’Asie, disputée actuellement aux Emirats Arabes Unis, pour en avoir le cœur net. Car ce qui se passe actuellement du côté d’Abu Dhabi est un petit tremblement de terres pour le football asiatique. L’échiquier du football sur ce continent est totalement bouleversé depuis qu’Al-Annabi (surnom de la sélection qatarie qui veut dire Les Bordeaux) s’est qualifiée pour la finale de la compétition. Une performance historique pour cet état du Moyen-Orient. Une prouesse impensable il y a encore peu. Ce vendredi, le Qatar a donc rendez-vous avec l’histoire face au Japon à 15h (beIN SPORTS 1) pour une finale palpitante. D’ores et déjà, les hommes de Félix Sanchez ont réussi leur compétition avec ce résultat. Mieux encore, la manière d'arriver en finale a mis tout le monde d'accord. Car le Qatar a amplement mérité sa place en finale au terme d’un parcours sans faute, sans aucun accroc. 

Tout a commencé en phase de poules où d’entrée, les coéquipiers de Karim Boudiaf ont annoncé la couleur. Trois matchs, trois victoires, dont un retentissant 6-0 face à la Corée du Nord (qualifiée pour le Mondial 2010). La suite a été moins étincelante mais tout aussi efficace : une victoire face à l’Iraq en huitièmes (1-0), un autre succès face à la Corée du Sud en quarts (1-0) et surtout une véritable démonstration contre les Emirats Arabes Unis (4-0) en demi-finales. Une défaite qui a excédé le public émirati, n’hésitant pas à jeter projectiles et autres sandales à chaque but qatari. Le bilan avant la rencontre tant attendue de demain est donc parfait : 6 matchs, 16 buts marqués et surtout 0 but encaissé. Pas assez pour vous convaincre ? Le Qatar possède le meilleur buteur de la compétition, Almoez Ali (8 buts) et le meilleur passeur, Akram Afif (8 passes). Une véritable démonstration impossible à pronostiquer avant le début de la compétition… 

Et pourtant, il y a eu plusieurs signes avant-coureurs, plus ou moins récents, qui ont alerté sur un renouveau du football qatari. Au premier rang desquels on retrouve bien sûr le projet Aspire Academy. Ce centre de formation géant destiné à recruter et former les joueurs de demain marche à plein régime et commence à donner ses premiers fruits. Les jeunes qataris sont formés de plus en plus jeunes par des équipes de plus en plus qualifiées. Le meilleur passeur de la Coupe d’Asie, Akram Afif, tout comme le meilleur buteur, Almoez Ali, sont des purs produits de l’Aspire Academy. Les différents partenariats réalisés avec plusieurs clubs d’Europe (Eupen, Leonesa ou Linz) ont permis aux jeunes pousses qataries de se mesurer au niveau européen. 

L’autre raison de ce succès fulgurent réside en deux mots : Félix Sanchez. Il est l’homme du renouveau. Celui de la fidélité et de la persévérance également. Peu, voire pas, connu du monde du football, l’actuel sélectionneur d’Al-Annabi est en train de prendre une autre dimension. Nommé à la tête du Qatar à l’été 2017, Félix Sanchez a eu tout le temps de faire ses preuves. Celui qui est passé par les équipes de jeunes au FC Barcelone en 1996 et 2006 est arrivé au Qatar en 2006. De 2006 à 2019, l’intéressé a gravi les échelons sans faire de bruit. Deux ans chez les U19, trois ans chez les U20 et deux ans chez les U23 : Félix Sanchez a grandi avec ses joueurs, les a bichonnés, formés, façonnés… Aujourd’hui, il récolte les premiers fruits d’un dur labeur. 

Sur le plan du jeu, Félix Sanchez a rapidement corrigé un problème récurrent : une défense trop friable due à une culture tactique limitée. Aujourd’hui, le Qatar est un véritable bloque équipe très compliqué à passer. Son passé catalan oblige, Félix Sanchez a inculqué à ses troupes l’art de la conservation du ballon. Les ballons ressortent proprement et ce, depuis la défense. Une recette qui a l’a déjà menée au succès en 2014 lorsqu’il remporte la Coupe d’Asie avec les U19 avec déjà la paire Afif-Ali. En 2018, ses résultats sont très bons avec 7 victoires en 12 matchs, dont deux succès de choix face à l’Equateur et surtout la Suisse. 

Enfin, il est à noter l’évolution du championnat qatari. Même s’il reste énormément d’axes à améliorer, le niveau tend à évoluer année après année. Les deux locomotives du pays que sont Al Duhail et Al Saad sont très loin d’être ridicules en Ligue des Champions asiatique. L’arrivée de joueurs confirmés et surtout encore compétitifs tels que Xavi, Al Arabi, De Jong ou encore Bounedjah permet à la QSL de gagner en compétitivité. Sur le terrain, ces arrivées permettent aux jeunes qataris de se frotter à des joueurs très talentueux et de logiquement, apprendre plus vite à leur contact. Evoluer aux côtés de Xavi pendant deux ans a très certainement fait du bien au capitaine de la sélection, Hassan Al Haydos, auteur d’un but plein de sang-froid contre les Emirats. A 4 ans d’un Mondial tant attendu, le Qatar n’a pas fini de surprendre.