Si la Côte d’Ivoire est en finale de la CAN, elle aura connu un parcours mouvementé. Les Eléphants ont notamment dû digérer le départ de leur sélectionneur en cours de route. Jean-Louis Gasset avait quitté son poste après la phase de groupes de la Coupe d’Afrique des Nations, achevée par une humiliante défaite contre la Guinée équatoriale (4-0). Il n’avait pas attendu le sort des Eléphants, finalement qualifiés pour les huitièmes de finale en terminant parmi les meilleures troisièmes. Dans un entretien accordé vendredi à L’Equipe, le fidèle de Laurent Blanc a expliqué son choix qu’il ne regrette pas.

"Mon départ a ramené de l'apaisement"

"J'étais un peu barbouillé comme un lendemain de cuite. On était dans un vestiaire dévasté avec des affrontements à l'extérieur, a expliqué l’entraîneur de 70 ans. Je voyais les petits sur leurs portables pour prendre des nouvelles de leur famille. Ils avaient peur. Il ne faut plus jamais revivre ça ! On était au bord d'une catastrophe, franchement. J'entraîne depuis trente-cinq ans et c'est la première démission, mais vu ce qu'il se passait... Qu'on me dise, tu es nul, tu es vieux, tu n'as jamais entraîné en Afrique, d'accord, mais là, ça prenait une tournure dramatique. Des gens allaient à notre hôtel, à la Fédération, il y avait des pneus sur la route, plus des policiers partout. Le président recevait des appels du commissaire dans mon bureau au stade pour lui expliquer ce qu'il se passait dehors."

Gasset a alors annoncé son départ aux joueurs dans un climat très émouvant, avec des larmes, comme l’a confié Seko Fofana mercredi après la victoire de la Côte d’Ivoire en demi-finale face au RD Congo (1-0). "C'était la seule chose à faire pour sortir de ces ondes négatives, a-t-il assuré. Mais il fallait ensuite que la personne qui prenne ma place tape fort et Emerse (Faé) a fait un sans-faute. Il a fait des choix forts. Bravo. Et ça s'est passé à merveille avec lui, il a été utile tout au long du parcours." "Mon départ a ramené de l'apaisement, a-t-il ajouté. On se dit, c'était lui le coupable et ça protège les autres. Il fallait voir la mort de près peut-être pour rebondir."