GP du 70eme anniversaire : La course en questions
Retour en questions sur le Grand Prix du 70eme anniversaire de la F1, remporté par Max Verstappen devant les deux pilotes Mercedes.
Les pneus plus tendres apportés par Pirelli ont-ils changé la donne ?
OUI. Contrairement aux deux courses disputées au Red Bull Ring, Pirelli a voulu tenter une expérience grandeur nature avec les deux courses à Silverstone. Si, pour le Grand Prix de Grande-Bretagne, le manufacturier italien a proposé ses composés les plus durs qui conviennent à un tracé aussi exigeant, les types de gommes amenés pour célébrer le 70eme anniversaire de la Formule 1 ont été un véritable casse-tête pour les écuries... qui avaient déjà eu maille à partir avec leurs pneus lors de la première course en terre britannique. La réponse des équipes a quasiment été unanime. Alors que l’habitude depuis de longues années est de se limiter à un arrêt, faire deux passages par la ligne des stands était un impératif et seule une gestion minutieuse des gommes a permis à deux pilotes, Esteban Ocon et Charles Leclerc, de n’en faire qu’un. Un Grand Prix où le grand absent aura été le pneu tendre, seulement chaussé pour les huit derniers tours par un Nico Hulkenberg contraint et forcé. Ce qui est certain, c’est que cette expérimentation rendue possible par l’organisation de deux courses sur un même circuit devrait donner des idées à Pirelli, qui est souvent trop conservateur dans ses choix de gommes.
Verstappen a-t-il eu raison de partir en pneus durs ?
ABSOLUMENT ! Chez Mercedes, la confiance était de mise quand Valtteri Bottas et Lewis Hamilton ont réalisé leur meilleur temps en Q2 avec les pneus medium, qui étaient les tendres pour le Grand Prix de Grande-Bretagne. Mais, à l’arrivée, les regrets doivent être énormes. Car c’était bien du côté de Max Verstappen qu’il fallait regarder. Le Néerlandais a réalisé une première, celle de passer en Q3 avec la gomme la plus dure et ainsi s’engager à prendre le départ avec. Le résultat a été un premier relais bien plus long qui lui a permis de mettre la pression sur les Flèches d’Argent et de profiter de leurs déboires afin d’aller chercher une victoire qui ne doit rien au hasard. Conscient des capacités de sa monoplace à économiser ses pneus durs, il a limité à dix tours son relais obligatoire avec des pneus medium afin de maximiser son avantage sur les pilotes Mercedes. La stratégie était parfaite afin de tirer parti d’une course à oublier pour l’écurie allemande.
A-t-on trouvé un point faible à la Mercedes ?
A CONFIRMER... Les monoplaces Mercedes, comme leurs rivales, ont forcément un point faible. Pendant des années, les hautes températures et un refroidissement insuffisant ont posé problème mais, avec la W11, la donne est différente. Cette monoplace a tendance à faire surchauffer ses gommes, d’où les cloques qui sont très rapidement apparues lors des deux courses à Silverstone, disputées avec une piste qui a dépassé en permanence les 40°C. Dans l’incapacité de conserver les pneus dans une fenêtre de température permettant d’en tirer le plein potentiel, les Flèches d’Argent ont mis un genou à terre. Si, pour le Grand Prix de Grande-Bretagne, malgré une crevaison dans le dernier tour conséquence d’un relais excessivement long, Lewis Hamilton a pu aller chercher la victoire, l’augmentation de la pression minimale pour le Grand Prix du 70eme anniversaire a été une difficulté supplémentaire pour Mercedes. Et avec un Grand Prix d’Espagne qui s’annonce, au mieux, dans des conditions climatiques similaires et sur un tracé lui-aussi exigeant pour les pneus, l’inquiétude doit être de mise du côté de Brackley alors que les sourires doivent poindre à Milton Keynes.
Leclerc dépasse-t-il le potentiel de sa Ferrari ?
EVIDEMMENT. Avec la huitième place en qualifications, Charles Leclerc a fait au mieux avec une SF1000 au niveau de performance indigne de la Scuderia Ferrari. Alors que son coéquipier Sebastian Vettel s’enfonce toujours plus au point qu’on pourrait douter de le voir au sein de l’écurie italienne jusqu’au terme de la saison, le Monégasque tient à bout de bras l’équipe basée à Maranello. Au prix d’une stratégie très osée, qui allait à l’encontre des plans échafaudés par les stratèges de la formation italienne, mais parfaitement mise en musique, le vainqueur à Spa et Monza l’an passé est allé chercher une quatrième place amplement méritée à 30 secondes du vainqueur du jour, qui a fait deux arrêts au stand. « Cette quatrième place ressemble à une victoire pour nous », a déclaré Charles Leclerc au micro de Canal+ à l’issue de la course et son sentiment est tout à fait exact. La Ferrari est, au mieux, la quatrième force du plateau et, à la régulière, son objectif ne pourrait dépasser la sixième ou la septième place. Après l’opportunisme pour arracher deux podiums à Spielberg puis lors de la première course à Silverstone, c’est en gestionnaire avisé que le Monégasque a signé une quatrième place inespérée pour Ferrari. Une performance qui va nettement au-delà du potentiel de la monoplace.
Etait-ce une belle célébration du 70eme anniversaire de la F1 ?
IL MANQUAIT QUELQUE CHOSE... Sans la crise sanitaire, il n’est pas certain que la F1 aurait organisé un Grand Prix pour marquer son 70eme anniversaire, les célébrations étant prévues en marge du Grand Prix de Grande-Bretagne. Mais, à cause des mesures nécessaires afin de permettre au championnat de se dérouler aussi normalement que possible, la F1 n’a pas pu fêter ses 70 ans avec une part majeure de son histoire : ses fans. Des tribunes vides, une ambiance absente mis à part le vrombissement des moteurs. L’histoire de la Formule 1 méritait bien mieux qu’une course qui, si elle s’est avérée débridée, manquait de ce sel si particulier. Sans parler des éventuels événements qui auraient pris place en marge de la course comme une parade des monoplaces des différentes décennies, pourquoi pas la présence de l’Alfa Romeo avec laquelle Giuseppe Farina a ouvert le palmarès de la discipline... C’était une bonne idée de disputer un Grand Prix commémoratif là où tout a commencé mais, avec cette fichue crise sanitaire, la fête n’aura pas été totale.