Gavi, le jeune homme pressé de la Roja
Avec du culot et le N.9 dans le dos, le phénomène Gavi est entré à 17 ans comme une comète dans l'histoire de la sélection espagnole, trimbalant sans complexe un record de précocité contre l'Italie.
Pablo Martin Paez Gavira, dit "Gavi", passé par le Betis et formé au Barça, fait tomber les barrières une à une, sans paraître ébloui par la lumière entourant son explosion. Appelé pour la première fois avec la "Roja", sans avoir jamais évolué avec les Espoirs, il a brillé pour sa première titularisation, mercredi à Milan contre les champions d'Europe italiens (2-1), du haut de ses 17 ans et 62 jours. "Il joue comme s'il était dans son salon, c'est totalement anormal d'avoir un joueur avec sa personnalité et ce jeu à 17 ans", s'est enthousiasmé le sélectionneur Luis Enrique à propos du milieu offensif, né dans la province de Séville.
"C'est un très bon joueur malgré son âge, il a beaucoup de qualités, et on voit bien que, génération après génération, l'Espagne a beaucoup de talents", a renchéri son homologue italien Roberto Mancini.
Record vieux de 85 ans
A San Siro, le droitier précoce a battu le record d'Ángel Zubieta Redondo, apparu pour la première fois sous la tunique rouge à 17 ans et 284 jours, en 1936, lors d'un match amical perdu contre la Tchécoslovaquie (1-0). Le troisième joueur le plus jeune à avoir porté ce maillot n'est autre que le coéquipier de Gavi au Barça, Ansu Fati, aligné d'entrée contre l'Allemagne en septembre 2020 en Ligue des nations à Stuttgart (1-1).
La titularisation de Gavi est d'autant plus surprenante qu'il n'a disputé que 363 minutes avec l'équipe première catalane. "C'est un relayeur pur, ancré dans le style Barça, très intéressant avec ou sans ballon, il apporte des choses suffisamment variées pour être convoqué. Je veux le voir dans le contexte de la sélection, et voir comment il va répondre à ce que nous lui demandons", expliquait la semaine dernière Luis Enrique, l'homme du rajeunissement de la Roja.
Rapidement, les doutes se sont dissipés et Gavi, encadré par les expérimentés Sergio Busquets et Koke, a répondu par un jeu précis, sans prise de risques. Il a même osé se frotter au rugueux défenseur italien Giorgio Chiellini, 37 ans, qui avait célébré sa première sélection en novembre 2004... à peine trois mois après la naissance de Gavi !
"Le futur et le présent"
Avec Ansu Fati, autre prodige de la "Masia", le centre de formation barcelonais, le Barça a-t-il trouvé son nouveau Xavi en ce droitier d'1,73 m ? La presse catalane n'ose pas encore s'emballer sur le phénomène tant les Blaugranas, neuvièmes en Liga et derniers de leur groupe en Ligue des champions, peinent en ce début de saison.
Mais l'ascension estivale de Gavi a de quoi donner de l'espoir aux supporters. Celui qui n'avait connu que l'équipe B la saison dernière s'est vu d'abord intégré par Ronald Koeman dans le groupe lors des matches de pré-saison en juillet. Puis les départs successifs de Lionel Messi et Antoine Griezmann ont ouvert des portes à la jeunesse: le joueur chipé au Betis avant ses onze ans a grappillé du temps de jeu, délivré une passe décisive précieuse un mois plus tard contre Grenade (1-1), avant de fêter sa première titularisation à Cadix, le 23 septembre, reléguant Philippe Coutinho sur le banc.
"Gavi est le futur de notre équipe nationale, mais aussi son présent, on l'a vu", a encore souligné Luis Enrique, au sujet d'un joueur prétendant déjà à des responsabilités dans un Barça en crise, grâce au "caractère" et à la "personnalité" appréciés par l'ancien entraîneur des Blaugranas (2014-2017).Ce fan de Marco Verratti a surpassé son idole mercredi et s'avance désormais face à Paul Pogba, une autre référence européenne à ce poste, dimanche à Milan.