Euro: ressuscitée, la Hongrie rêve d'un retour sur la scène européenne
Etoile éteinte du football européen, la Hongrie affronte l'Islande à Budapest jeudi pour un match de barrage très serré de l'Euro-2020, qui peut la faire renaître après une longue éclipse.
La qualification permettrait à l'équipe de l'entraîneur italien Marco Rossi --qui sera absent du banc, car testé positif au Covid-19-- d'intégrer l'année prochaine à domicile le "groupe de la mort" aux côtés de l'Allemagne, de la France et du Portugal, tenant du titre, et peut-être de réitérer sa performance de l'Euro-2016. "Je ne peux pas m'imaginer une élimination, d'autant plus que quatre matches de l'Euro-2020 se joueront à Budapest", s'enthousiasme Mate Siklosi, supporter, interrogé par l'AFP.
6-3, 7-1... Les "Magiques Magyars" constituaient l'une des meilleures équipes de l'après-guerre, lorsque Ferenc Puskas et sa dream team écrasaient l'Angleterre par des scores sans appel. Mais l'eau a coulé sous les ponts et, entre la Coupe du monde 1986 et jusqu'à l'Euro-2016, la Hongrie n'a participé à aucune phases finale de grande compétition, Euro ou Coupe du monde.
Au Mondial-1986, pourtant arrivée au Mexique avec le meilleur classement d'Europe, l'équipe hongroise avait été sèchement remerciée dès le premier tour, s'inclinant 6 à 0 face à l'Union soviétique en ouverture.
Plongée en abysse
Par la suite, les 14 tentatives de qualifications en tournoi international se sont soldées par des échecs cuisants. Une véritable plongée dans les abysses qui a pris fin il y a seulement quatre ans. Nombre de joueurs, de terrains, de clubs et d'entraîneurs ... Compilées à l'occasion du 50e anniversaire de l'UEFA, en 2004, des statistiques avaient montré que la Hongrie était le seul pays européen dans lequel la vie footballistique avait perdu en vitalité depuis 1954.
1954, c'est l'année de la défaite de l'"équipe en or" de Puskas contre l'Allemagne de l'Ouest, en finale de la Coupe du monde (3-2). Survenue après un triomphe au premier tour de la compétition contre le même adversaire (8-3), cette déconvenue surprise est restée dans l'histoire pour le reste du monde comme le "miracle de Berne", mais est considérée en Hongrie comme le début d'un long malaise. Faiblesse des investissements, corruption, hooliganisme... La traversée du désert fut longue et douloureuse.
A tel point que dans les années 2010, les bancs des supporters étaient déserts, malgré les réformes menées par le Premier ministre Viktor Orban, un fan du ballon rond, qui a fait construire des stades à fonds perdus par les caisses de l'État. L'espoir est revenu lorsque la sélection entraînée par l'Allemand Bernd Storck a disputé l'Euro-2016 en France. Contre toute attente, elle a alors terminé en tête de son groupe devant le Portugal, futur vainqueur, avant de s'incliner en huitième de finale face à la Belgique.
"Douloureux" de ne pas y être
Selon Gyorgy Szollosi, rédacteur en chef du grand quotidien sportif hongrois Nemzeti Sport, lentement mais sûrement, les efforts de réanimation portent leurs fruits. "La plupart des clubs, qui profitent maintenant d'infrastructures modernes, obtiennent enfin, comme l'équipe nationale, des résultats sur le terrain", se réjouit-il auprès de l'AFP. Cette saison, le premier d'entre eux, Ferencvaros, s'est qualifié pour la phase de groupes de la Ligue des champions, une première en un quart de siècle.
Après un nouveau passage à vide post-2016, la Hongrie joue gros face à l'équipe nordique expérimentée, jeudi dans sa vaste "Puskas Arena" achevée en 2019. Atteindre l'Euro-2020 est considéré comme crucial pour faire à nouveau vibrer les foules, tant la campagne de qualification pour le Mondial-2018 a été lamentable, avec une humiliante défaite contre l'équipe d'Andorre ayant poussé Bernd Storck vers la sortie.
Depuis, Marco Rossi (56 ans) a repris les rênes, fort d'un titre national comme entraîneur du club Budapest Honved. Il a réussi à motiver de jeunes talents, comme l'attaquant Roland Sallai qui évolue au SC Fribourg. Pourtant, à part le gardien de but du RB Leipzig Peter Gulacsi et son coéquipier en défense Willi Orban, l'équipe hongroise ne compte aucun international s'étant fait remarquer dans les écuries dominantes.
Reste une star en devenir, le milieu de terrain du RB Salzbourg Dominik Szoboszlai, 20 ans. Ses frappes spectaculaires ont suscité l'intérêt de l'AC Milan et de Leipzig. Les récentes victoires contre la Turquie et la Serbie en Ligue des Nations ont également permis aux fans de rêver du grand soir. "Si nous atteignons l'Euro-2020, il se pourrait qu'on se fasse écraser, mais ne pas y être serait plus douloureux encore", balaie Mate Siklosi, 24 ans, qui retient son souffle.