Euro: "On n'ira pas loin comme ça!", Löw et l'Allemagne sous le feu des critiques
Jusqu'ici, l'Allemagne a compensé dans cet Euro ses énormes lacunes par une solidarité et une combativité sans faille.
"Nous sommes passés, mais personne ne sait pourquoi !" raille jeudi matin le quotidien à grand tirage Bild, au lendemain du nul 2-2 contre la Hongrie arraché à la 84e minute, tandis que le site Sportbuzzer prédit: "On n'ira pas loin comme ça", dans un commentaire au vitriol à l'unisson de la presse nationale. Les anciens internationaux, comme l'emblématique ex-capitaine Michael Ballack, ne disent pas autre chose sur les plateaux de télévision: "Ce qui me surprend, c'est que les Hongrois ont joué exactement comme on l'attendait et que nous n'avons trouvé aucune solution, et l'entraîneur non plus".
Euro 2020 : L'Allemagne sort une vaillante Hongrie :
"Le sélectionneur attend très longtemps pour modifier son système, on dirait qu'il le ressent comme une défaite personnelle, ce qui n'est pas bon. Il y a des phases dans un match ou dans un tournoi où l'on doit changer le plan", critique "El Capitano".
"Maison de dingues"
"La défense est toujours une maison de dingues, tacle pour sa part le site Sport1, Mats Hummels n'apporte aucun soutien à Antonio Rüdiger: il n'y a aucune sécurité. Et devant la défense, il manque un patron pour mettre de l'ordre. Ni Toni Kroos ni Ilkay Gündogan ne donne le rythme entre défense et attaque: il manque Joshua Kimmich". Brillant au Bayern dans un rôle de meneur de jeu axial replié, Kimmich est positionné par Joachim Löw en latéral droit, où il a beaucoup moins d'influence.
Sport1 voit pourtant dans cette qualification aux forceps un aspect positif: "Contrairement à l'humiliation du Mondial-2018 contre la Corée du Sud (élimination au premier tour après une défaite 2-0 ndlr), l'équipe d'Allemagne a fait preuve de cran et de volonté dans son dernier match de groupe contre la Hongrie". Même constat pour le magazine Kicker, la Bible du foot allemand, qui regrette que l'Allemagne "n'ait presque jamais réussi contre la Hongrie à imposer sa supériorité intrinsèque", mais note que "dos au mur, elle a marqué le point indispensable avec coeur, volonté et passion".
Löw: "C'était formidable"
Ce sont ces qualités, incontestables sur les trois premiers matches (défaite 1-0 contre la France et victoire 4-2 contre le Portugal) que Joachim Löw veut mettre en avant: "Nos performances pendant cette phase de groupe étaient vacillantes, a-t-il reconnu à chaud après le match, mais ce que je retiens, c'est l'état d'esprit, la combativité de l'équipe, ça m'a plu. Nous avons fait preuve de beaucoup de caractère, d'un gros moral, nous avons fait des erreurs mais du point de vue de la mentalité, c'était formidable." Formidable, peut-être, mais l'Allemagne est passée à six minutes de l'élimination: et cette équipe en chantier au début du tournoi semble l'être toujours après trois matches.
Avant d'aller défier l'Angleterre à Wembley, Löw affiche une sérénité de façade: "Non, a-t-il dit mercredi soir, je n'ai aucune inquiétude. Ce sera un match totalement différent, qui nous conviendra certainement mieux. Les Anglais seront à domicile et devront jouer. Ce sera un match ouvert, plus ouvert que contre la Hongrie". Quant au chantier, il lui reste moins d'une semaine pour le terminer: "Nous devons corriger certaines choses et être beaucoup plus attentifs sur les centres dans notre surface et les coups de pieds arrêtés, parce que là il n'y aura plus de droit à l'erreur", admet-il, "nous devrons faire mieux, absolument".
C'est ce qu'attendent les 26 millions d'Allemands qui ont suivi le match à la TV mercredi soir, signe que cette équipe de guerriers a - au moins provisoirement - reconquis un public, après trois ans de désamour.
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