Championnats du Monde 2019 : Les Bleus 7emes du relais 4x400m
En clôture d'une dernière journée qui a vu Cheruiyot écraser la finale du 1 500m, Mihambo tuer le concours de la longueur dès son troisième essai, monstrueux, Peters apporter son premier sacre m
Il ne fallait pas attendre de miracle du relais français sur la finale du 4x400m masculin, ultime épreuve de ces Mondiaux de Doha. Qualifiés au temps la veille avec un Mame-Ibra Anne aligné en dernière minute pour pallier le forfait de Fabrizio Saidy pendant l’échauffement alors qu’il ne devait entrer qu’en finale, les Bleus visaient la cinquième place. Au lendemain du raté complet de leurs confrères du relais 4x100m, Ludvy Vaillant, Christopher Naliali et Thomas Jordier et donc Anne, quatrième relayeur en dépit d’un genou droit en délicatesse, n’ont malheureusement accroché que la septième place de cette finale, en 3’03”36 après que Anne, naturellement diminué, a été débordé dans la dernière ligne droite par le dernier relayeur italien.
Soit la dernière place classée, sachant que les Britanniques avaient été contraints d'abandonner la course en cours après que l’un de leurs relayeurs a été victime d’une chute. Une nouvelle déception donc à l’arrivée pour le clan tricolore, qui espérait bien mieux pour conclure ces Championnats du Monde à très vite oublier pour l’équipe de France.
Jordier : « C’est pire qu’une défaite »
« On est derniers de la finale, c’est pire qu’une défaite. On voulait terminer au minimum cinquièmes », avouait l’un des relayeurs, très déçus mais qui tenait à garder le moral malgré tout. « Mais ça ne change rien, on est une bonne équipe, ça fait trois années de suite que l’on fait des finales mondiales. » En arrière-plan, les Etats-Unis, comme sur la finale femmes juste avant (victoire écrasante en 3’18”92), pouvaient se congratuler. Porté par un Rai Benjamin déjà médaillé en individuel lors de ces Mondiaux (argent sur 400m haies), le relais américain a signé le troisième chrono de tous les temps (2’56”69) et conquis son dixième titre sur la spécialité. Comme les Américaines, les Américains se sont offert un cavalier seul, devant la Jamaïque (2’57”90) et la Belgique (2’58”78). Symbole de cette équipe US qui a fait une razzia du premier au dernier jour à Doha.
Mihambo en patronne
Elle était l’immense favorite du concours. Elle a tué tout suspense dès son troisième essai. Il faut dire qu’en retombant à 7,30m (elle avait rendu une carte de 6,52m au premier et avait mordu le deuxième), l’Allemande Malaika Mihambo (25 ans) a échoué à seulement 22 cm du record mythique de Galina Chistyakova. Pas assez pour établir une nouvelle meilleure marque sur la planète mais assez pour ne laisser aucune chance à toutes ses concurrentes, la médaillée d’argent l’Ukrainienne Maryna Bekh-Romanchuk devant même se contenter d’un bond en-dessous des 7 mètres. Uniquement championne d’Europe avant ces Championnats, Mihambo décroche son premier sacre mondial.
Cheruiyot écrase le 1 500m
Il n’y a pas eu photo sur la longueur féminine, il n’y a pas eu photo non plus en finale du 1 500m hommes. En tête de bout en bout, Timothy Cheruiyot a poursuivi la moisson de titres du Kenya en s’imposant tout seul dans un temps canon de 3’29”26. D’abord aidé par son compatriote Ronald Kwemoi sur les bases du record du monde – Kwemoi a coupé son effort ensuite – le Kényan a terminé en solitaire, loin devant Taoufik Makhloufi. L’Algérien décroche l’argent (3’31”38) pour son grand retour sur les pistes après deux ans de retraite. Une sacrée performance.
Cheptegei succède à Farah
Si la finale du 1 500m n’a laissé place d’entrée à aucun doute, le 10 000m, lui, a réservé un duel de toute beauté pour la médaille d’or. Joshua Cheptegei et Yomif Kejelcha se trouvaient en effet toujours au coude à coude au moment d’aborder le dernier virage. Cheptegei, qui avait déjà tenté une première accélération à l’aube du dernier tour, en a alors placé une seconde, après avoir su garder la corde et résister aux attaques de Kejelcha. Une accélération décisive cette fois de l’Ougandais, deuxième athlète de son pays sacré champion du monde après le titre de Stephen Kiprotich aux Mondiaux de Moscou en 2013 sur le marathon. Cheptegei, vainqueur en 26’48”37 (meilleure performance mondiale), contre 26’49”34 pour Kejelcha (record personnel), succède ainsi au palmarès à Moh Farah, qui l’avait tenu en respect (argent) à Londres.
Ali, comme Fraser et Felix
On peut être maman depuis peu et monter ensuite sur le toit du monde. La Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser, double médaillée d’or lors de ces Mondiaux et l’Américaine Allyson Felix l’avaient prouvé. Nia Ali l’a démontré à son tour dimanche lors de cette dernière journée des Mondiaux de Doha en décrochant son premier sacre mondial, sur le 100m haies. En tête après le départ, l’Américaine qui avait donné naissance quinze mois plus tôt à son deuxième enfant a résisté à toutes ses rivales pour s’imposer en 12”34 (2eme meilleure performance mondiale de l’année) devant sa compatriote Kendra Harrison (12”46) et la Jamaïcaine Danielle Williams (12”47). Vice-championne olympique à Rio en 2016, Ali décroche son premier titre majeur. Un titre que la compagne du sprinteur André De Grasse a naturellement célébré aux côtés de ses enfants, venus accompagner leur championne de mère pour le tour d’honneur.
Peters écrit l’histoire de la Grenade
Kirani James avait offert une première médaille d’or à La Grenade, en 2011 sur 400m. Anderson Peeters l’a imité dimanche soir en montant sur la plus haute marche du javelot de ces Mondiaux. En réalité, le jeune lanceur de 21 ans a fait mieux qu’uniquement rejoindre James sur les tablettes, puisqu’il est devenu le premier athlète de son pays à décrocher un titre mondial sur une épreuve de lancer. Pour cela, le vainqueur des derniers Jeux Panaméricains a dû signer l’un des plus beaux jets de sa carrière. Peters a en effet envoyé son javelot à 86,89m puis à 86,69m sur ses deux meilleurs essais de cette finale, quand son record personnel est de 87,31m. Avant de se blesser durement à une épaule (et même d’être évacué sur une civière) sur son cinquième lancer, l’Estonien Magnus Kirt avait, lui, vu retomber son javelot à 86,21m. Il termine deuxième du concours.
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