Après avoir occis le Real Madrid, triple tenant du titre, puis la Juventus de Ronaldo lors des tours précédents, la si rafraîchissante jeune classe de l’Ajax Amterdam saurait-elle prolonger la magie ? Et continuer à enchanter la planète foot, aux portes de la finale de cette Ligue des champions, alors même que cette première demi-finale, avant le morceau de choix Barça-Liverpool mercredi, au Camp Nou (21 heures), offre aux pépites d’Erik ten Hag, un adversaire moins huppé et qui plus est diminué avec ces Spurs de Tottenham, présents pour la première fois dans le dernier carré de la compétition (*), mais privés de leurs deux meilleurs buteurs, Harry Kane et Son Heung-min (38 buts à eux deux en Premier League et Ligue des champions).

Dans ces conditions, cet effectif, qui redonne foi dans un certain football… mais a déjà été valorisé à un demi-milliard d’euros, soit cinq fois le budget du club amstellodamois, ne va-t-il pas commencer à gamberger ? Les premières minutes sur la pelouse du nouvel écrin flambant neuf du Tottenham Hotspur Stadium sont de nature à faire naître un doute avec ces longs ballons distillés par les joueurs de Mauricio Pochettino sur une défense gênée aux entournures. Pas pour longtemps.

Pourtant, Sissoko a tout changé

Un quart d’heure de jeu et les jeunes Lanciers confisquent enfin le ballon. Pour mettre à l’amende la défense à cinq des Londoniens. Une combinaison sur laquelle David Neres, depuis son côté gauche, repique dans l’axe, trouve Lasse Schöne, puis Hakim Ziyech, dont la passe laser et verticale trouve démarqué Donny van de Beek, qui a tout son temps pour ajuster Hugo Lloris (0-1, 15e).  

Le même Van de Beek rate le break en oubliant David Neres au centre de la surface et en butant sur Hugo Lloris (25e). Tottenham est sous l’éteignoir et ne se montre dangereux que sur coups de pied arrêtés grâce à l’impact physique de Fernando Llorente (26e) ou de Toby Alderweireld (45e+2). C’est peu, beaucoup trop peu, même si au cœur de ces quarante premières minutes, le malheur d’un Jan Vertonghen, contraint de sortir sur K.-O., offre sa chance à Moussa Sissoko., dont l’entrée chamboule le système tactique de Pochettino, contraint de repasser dans une défense à quatre éléments avec un milieu de terrain que l’international tricolore, à peine remis d’une blessure aux adducteurs, densifie à lui tout seul. A l’image de cette lourde frappe juste avant la pause (45e+5). Ce n’était toujours pas cadré, mais c’est un espoir pour le public anglais.

Il se concrétise au retour des vestiaires. Avec cette première tentative à attraper le cadre sur cette reprise de Dele Alli depuis l’extérieur de la surface que capte sans problème un André Onana parfait (50e). Mais l’Ajax perd la maîtrise du jeu et subit la pression retrouvée de son adversaire. Oui, cette jeune équipe peut se retrouver malmenée, subir aussi… Mais la semaine de repos offerte par l’Eredivisie, qui faisait relâche ce week-end, n’est pas neutre pour permettre à ce groupe de plier sans trop se mettre en danger. Et même en tutoyant ce break dans le dernier quart d’heure avec ce service de Dusan Tadic pour Neres, qui trouve le poteau d’un Lloris battu (78e).  La dernière tête non cadrée d’Alderweireld a un sérieux goût d’impuissance (82e). Cet Ajax, déjà victorieuse à Madrid (4-1) et à Turin (2-1), a bien des qualités et notamment du caractère pour gagner de façon moins flamboyante et prendre une option certaine sur la finale avant le retour mercredi prochain, à la Johan Cruyff Arena (21 heures). Tout un programme.
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(*) Tottenham avait atteint les demi-finales en 1962 pour s’incliner face au Benfica, futur vainqueur.