Euro 2020 : L'Autriche et la malédiction italienne
L'Autriche a "écrit l'histoire" en sortant enfin des poules de l'Euro, elle peut rédiger une nouvelle page samedi à Wembley contre l'Italie.
1934, les derniers feux de "Mozart"
Italie-Autriche 1-0
Mozart et Wagner vaincus près de la Scala. Matthias Sindelar, le "Mozart du football", ou le milieu Franz Wagner s'inclinent (1-0) en demi-finale de la Coupe du monde 1934 à Milan, sur un but controversé d'Enrique Guaita (14e): Guaita, Giuseppe Meazza et Angelo Schiavio bousculent le gardien autrichien Peter Platzer, le ballon finit au fond des filets, et l'arbitre suédois Ivan Eklind le valide. L'homme en noir reste clément avec les rugueux défenseurs italiens, qui entraînent les blessures des attaquants de la "Wunderteam", Sindelar et Anton Schall. C'est le dernier grand match de "Mozart", alors un des meilleurs joueurs du monde, que les Italiens surnommaient "Carta velina" (Papier de soie), pour saluer à la fois sa beauté et la fragilité de ses 60 kg (1,75 m).
1978, signé Paolo Rossi
Italie-Autriche 1-0
Balayée par les Pays-Bas (5-1) au premier match de ces poules demi-finales, l'Autriche d'Herbert Prohaska et Hans Krankl, alors Soulier d'Or (meilleur buteur) européen pour ses 41 buts avec le Rapid de Vienne, s'incline ensuite contre l'Italie. Le but est marqué par Paolo Rossi (14e), après un double une-deux avec Franco Causio. La "Nazionale" manque la finale en étant à son tour battue par les "Oranje" (2-1), mais le plus grand souvenir du foot autrichien date pourtant de 1978. A Cordoba, les "Rot-Weiss-Rotten" battent pour l'honneur l'Allemagne de l'Ouest (3-2), pour la première fois depuis 1931. Aujourd'hui encore, un "Cordoba" est une performance exceptionnelle en Autriche, le terme s'est même étendu aux autres sports, à la vie politique ou économique.
1990, l'avènement de "Toto" Schillaci
Italie-Autriche 1-0
Au premier match dans "leur" Mondiale, les "Azzurri" piétinent contre l'Autriche et le stress monte. A un quart d'heure de la fin, Azeglio Vicini fait entrer un joueur méconnu, Salvatore Schillaci, à la place d'Andrea Carnevale. Trois minutes plus tard, déjouant la vigilance de deux géants de "Das team", Kurt Russ et Robert Pecl, bien plus grands que son 1,75 m, il claque une tête sur un centre de Gianluca Vialli (78e). "Schillaci arrivait en pleine forme à ce Mondiale", raconte à l'AFP Aldo Serena, son coéquipier en "Nazionale". "Vicini avait compris que ce serait l'homme du moment, sur une courte période un entraîneur doit savoir sentir ces choses-là. A l'entraînement, il marquait du poteau de corner, le ballon semblait aimanté par lui..." Sa célébration bras levés, poings serrés, regard extatique, fait le tour du monde. L'Italie tient son nouveau héros, qu'elle n'appellera plus que "Toto", meilleur buteur du tournoi (6 buts), terminé à la 3e place.
1998, la loi de Baggio
Italie-Autriche 2-1
Dominatrice, l'Italie s'impose pour la quatrième fois en quatre matches de Coupe du monde, lors du deuxième match de poules, au Stade de France. Christian Vieri (49e) signe de la tête le premier but, sur un coup franc d'Alessandro Del Piero. Puis Roberto Baggio (90e) assure la victoire sur un geste incroyable de "Pippo" Inzaghi: un centre en retrait alors que le buteur affamé était en position de tirer! Andreas Herzog (90e+2 s.p.), une des deux stars de cette équipe d'Autriche avec le vieillissant Anton Polster, réduit le score dans le temps additionnel, sur un penalty consécutif à une faute d'Alessandro Costacurta sur Hannes Reinmayr. Mais c'est trop tard, l'Autriche a encore perdu. L'heure de la revanche a-t-elle sonné?